La survie du boisé du Souvenir inquiète des citoyens
Par Claude-André Mayrand
Plus de 15 ans après ses premiers balbutiements, le dossier du prolongement du boulevard du Souvenir, à Laval-des-Rapides, refait surface et un mouvement visant à protéger le boisé du même nom a été lancée par deux citoyens du quartier.
Le boisé du Souvenir est le dernier milieu naturel du secteur rappelle Daniel Desroches qui, avec sa conjointe Denise Leahy, est à l’origine du mouvement.
«Ce qui nous frappe, les citoyens qui s’intéressent à cette situation, c’est qu’il n’y a pas de justification valable pour prolonger le boulevard, explique celui qui enseigne la philosophie au cégep. À l’arrivée du métro, on disait que les gens devaient pouvoir accéder facilement aux trois stations. Il n’y a aucun problème d’accès pour le métro. Alors on cherche une autre raison.»
Selon lui, cette raison serait qu’il faut trouver un moyen pour désengorger le boulevard de la Concorde. Il ne croit pas que ce soit la meilleure solution.
«Il faudrait construire une voie réservée pour les autobus pour le désengorger. Si on veut repenser Laval, il faut concevoir l’urbanisme autrement. On doit développer le transport collectif, pas les axes routiers», croit-il.
Le boisé du Souvenir est un terrain d’un peu plus de dix hectares de forêt et de milieux humides. Pour raccorder les deux tronçons du boulevard du Souvenir, il faudrait raser une partie du boisé, dézoner un terrain agricole, passer à travers un terrain en friche et trouver une façon de passer au-dessus et en dessous de la voie ferrée.
En entrevue à Radio-Canada le 7 juillet dernier, la conseillère municipale de Concorde-Bois-de-Boulogne, Sandra Desmeules, a affirmé que le projet a été remis à 2016 ou 2017. Elle n’a pas voulu commenter lorsque rejointe par L’Écho de Laval, renvoyant les demandes d’entrevue au porte-parole du cabinet du maire, François Brochu, qui est en vacances.
Le directeur général du Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval, Guy Garand, a réagit au dossier par voie de communiqué.
Selon lui, le transport actif et collectif devrait être priorisé pour régler le problème de congestion sur de la Concorde.
«Dans un contexte de changements climatiques, le Bois du Souvenir constitue un capital naturel important sur lequel Laval doit miser pour diminuer les effets des îlots de chaleur urbains et maintenir une diversité biologique sur son territoire», explique-t-il au sujet du boisé de Laval-des-Rapides, un quartier densément peuplé.
Un écosystème naturel
Ni aménagé, ni accessible aux citoyens, le boisé du Souvenir est, selon Daniel Desroches, un «écosystème naturel qui rend des services écologiques».
Deux pistes cyclables longent la forêt, mais c’est là la seule mise en valeur du boisé.
«2016 ou 2017 pour un boisé comme ça, c’est demain, rappelle Daniel Desroches.
On ne peut pas mettre en péril un milieu naturel comme celui-là quand dans sept ou huit ans, il faudra trouver un moyen de replanter des arbres. Des poumons comme ça, il en reste juste un dans le quartier.»
Invité à commenter les lents progrès des dossiers environnementaux habituellement observés l’hôtel de ville, comme la protection du bois de l’Équerre et des îles de l’archipel Saint-François, M. Desroches a fait part d’une certaine appréhension.
«On est inquiets, mais on sent qu’il y a une volonté de la Ville pour faire les choses différemment. On souhaite qu’il y ait une consultation citoyenne pour faire connaitre les études qu’ils ont faites pour justifier le prolongement. À notre avis, c’est fait de façon arbitraire, un peu à l’aveugle.»
Objectif de 1 500 signatures
Daniel Desroches et Denise Leahy ont relancé une pétition qu’ils avaient amorcée en 2013. Un volet en ligne a été ajouté à la cueillette de signatures.
Au moment de mettre sous presse, 188 signatures Web avaient été récoltées pour protéger le boisé où l’on retrouve des renards roux, des canards, des ratons et des couleuvres brunes.
«On aimerait qu’un organisme documente et fasse l’inventaire de ce qu’on retrouve dans le boisé. Il est trop tard quand on commence à couper des arbres», conclut Daniel Desroches, qui aimerait récolter entre 1 500 et 2 000 signatures et former un groupe de citoyens actifs pour poursuivre la démarche.
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