Bisbille à la Résidence Louise-Vachon
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Par Claude-André Mayrand
Intimidation, menaces, mépris, les mots employés par le Comité des résidents pour décrire l’attitude de la direction à son égard font écho des vives tensions qui règnent dans les coulisses de la Résidence Louise-Vachon.
La résidence de 55 résidents est le seul établissement du Centre de réadaptation en déficience intellectuelle et en troubles envahissants du développement (CRDITED) de Laval, qui regroupe 1 700 bénéficiaires.
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Quatre mois après que la police eut à intervenir lors d’une soirée de conseil d’administration à la demande de la direction du CRDITED en raison de simples murmures entendus pendant la séance, le Comité des résidents a décidé de dénoncer publiquement l’attitude du C.A., qu’il qualifie de «méprisante».
«On leur pose des questions de façon polie, mais ces gens-là ne sont pas habitués à donner des réponses, explique Pierre Louergli, vice-président du Comité des résidents, composé de parents d’enfants logeant à la résidence Louise-Vachon. Les dirigeants sont incapables de s’asseoir avec nous pour discuter et on avance pas d’un poil depuis 2008.»
Selon M. Louergli, le Comité des résidents du CRDITED veut discuter d’enjeux importants avec la direction, notamment de l’approche milieu de vie, des dépenses et de la transparence, mais leurs doléances ne trouvent pas d’oreille entre les murs de la haute direction.
«Le C.A. se fout pas mal des citoyens et du public. Il change les dates de rencontres sans préavis. Il alimente davantage de conflits qu’il n’en règle, se désole M. Louergli qui, aux côtés du président du Comité des résidents, Louis-Roger Carrier, multiplie les demandes à la direction et au C.A. afin d’être entendus. On se sent bafoués dans nos droits.»
Au sein du C.A. siègent deux membres du Comité des usagers du CRDITED de Laval. Les membres du Comité des résidents, qui défendent les droits des résidents de Louise-Vachon, ne sont représentés ni au sein du Comité des usagers du CRDITED, ni à la table du C.A.
Menaces et mises en demeure
Lors d’une séance du C.A. du 13 mai dernier, dont la tenue n’était pas prévue au calendrier et qui n’était pas annoncée, Pierre Louergli affirme avoir, une fois de plus, été victime de menaces de la part du président du C.A., Jean-Louis Bédard.
Dans un enregistrement qu’il a fait parvenir à L’Écho de Laval, on entend clairement M. Bédard indiquer à M. Louergli que s’il continue à perturber la séance, il devrait être obligé de le sortir.
Le vice-président du Comité des résidents venait de fait part au président du C.A. de sa déception de ne l’entendre répondre qu’à une seule des 19 questions que le comité avait formulées et fait parvenir à l’avance.
«On a mis en place des règlements pour bâillonner le Comité des résidents. Jean-Louis Bédard est un autocrate qui se cache sans raison derrière un garde de sécurité et derrière des règlements qu’il impose lui-même, affirme Pierre Louergli. Il a établi un régime de terreur et le personnel est écœuré. Ça joue sur les services.»
Selon lui, tout est fait pour écraser le Comité des résidents et le faire disparaître.
«En juillet 2013, le fils de notre président Louis-Roger Carrier est décédé, raconte M. Louergli. Louis-Roger s’implique depuis 35 ans à la résidence Louise-Vachon. Plutôt que d’offrir au président un message de sympathies, la direction l’a invité à ne plus s’impliquer à l’avenir. C’en est rendu là.»
Selon M. Louergli, les mises en demeure envoyées par Jean-Louis Bédard et le C.A. s’accumulent depuis plusieurs mois, la dernière datant du 20 mai 2014 en lien avec la Fête des fleurs, tenue annuellement à la résidence Louise-Vachon et pour laquelle le C.A. reprochait au Comité des résidents d’avoir invité des élus des trois paliers politiques.
Le président du C.A. se défend
Joint au téléphone, le président du Conseil d’administration du CRDITED de Laval, Jean-Louis Bédard, a reconnu qu’un conflit persiste depuis plusieurs années.
Il affirme que le C.A. n’a pas comme objectif de bâillonner le Comité des résidents.
«Le problème remonte avant même que j’arrive en poste. Je ne comprends pas pourquoi ils se sentent comme ça, mais ce que je peux dire c’est qu’ils reviennent tout le temps avec les mêmes questions dont ils connaissent déjà les réponses.»
Il affirme que le C.A. a répondu par écrit aux 18 autres questions formulées par le comité le 13 mai dernier.
«On tente de répondre à leurs demandes, mais ce n’est jamais satisfaisant pour eux. On a tenté beaucoup de solutions et on s’en remettra aux suggestions du Protecteur du citoyen (voir autre texte)», a confié le président du C.A. du CRDITED de Laval lorsque invité à commenter les termes employés par le Comité des résidents.
Au sujet des critiques sévères proférées par le Comité des résidents en lien avec la séance du 13 mai dernier, M. Bédard affirme que le C.A. a déjà consacré beaucoup de temps aux plaignants par le passé.
«La période de questions n’est pas le forum approprié pour ‘’régler des comptes’’ et monopoliser l’attention sur des questions de demandes d’opinion», a-t-il expliqué dans une mise en demeure envoyée au Comité des résidents le 22 mai dernier.
Interrogé à savoir s’il sentait que le conflit s’était personnalisé avec les années, M. Bédard a dit espérer que non.
«Ni moi ni eux sommes là pour notre petite personne. Il faut être là pour la clientèle, explique-t-il. C’est une situation que je trouve malheureuse pour les employés et les résidents de Louise-Vachon. On commence à penser que c’est abusif et on cherche à remettre la situation sur le bon chemin.»
Plus de 1 700 usagers sollicitent les soins et services du CRDITED de Laval, dont 55 personnes demeurant à la Résidence Louise-Vachon, la seule installation sur le territoire lavallois.
La directrice générale du CRDITED de Laval, Julie Vaillancourt, a refusé de commenter le dossier lorsque L’Écho a tenté de la joindre.
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