Vito Rizzuto aurait voulu fêter Noël auprès des siens

Par Mélanie Colleu / Journal de Montréal
Se sachant gravement malade, le parrain de la mafia montréalaise décédé lundi aurait choisi de retarder son traitement pour passer Noël avec sa famille.
Vito Rizzuto n’est pas mort sans raison du jour au lendemain. Il souffrait d’un cancer du poumon et aurait même amorcé une chimiothérapie, a rapporté une source dans l’entourage de la famille.
À l’approche de Noël, le parrain incontesté de la mafia montréalaise aurait cependant souhaité rester auprès des siens, préférant se faire soigner après les Fêtes.
Mais la maladie l’a rattrapé. L’homme de 67 ans est décédé, la veille du réveillon du 24 décembre, à l’Hôpital du Sacré-Cœur.
Sa femme l’aurait trouvé allongé sur le sol de leur maison le samedi précédent sa mort, a appris le Journal. Il a immédiatement été transporté à l’hôpital en ambulance, mais son état s’est subitement détérioré dans la nuit de dimanche.
Ses problèmes de santé ne dataient pas d’hier. Déjà en 2006, lorsque Vito Rizzuto a été extradé à New York afin de subir son procès pour son implication dans les meurtres de trois membres de la famille Bonanno, il avait évoqué «une tache sur un poumon», rappelle Pierre de Champlain, auteur et ancien analyste de renseignements à la GRC. «On avait oublié ce détail», dit-il.
UN FILS DE LIEUTENANT FIDÈLE
Si la mort du parrain a provoqué une véritable onde de choc dans le milieu mafieux, Vito Rizzuto, lui, savait qu’il était malade et probablement que ses jours étaient comptés.
Comme d’autres experts du crime organisé italien, M. de Champlain pense alors que le parrain avait pris soin de préparer sa succession.
«Se sachant peut-être condamné, il a probablement approché quelques personnes en secret. Comme tout grand patron d’entreprise, par souci de prévoyance, il a dû penser à quelqu’un», explique le spécialiste.
Si le nom de Rocco Sollecito – l’un des plus fidèles disciples de Vito Rizzuto – a été évoqué à plusieurs reprises, Pierre de Champlain envisage une relève plus jeune.
«Peut-être le fils d’un de ses anciens lieutenants, avance-t-il sans trop se mouiller. Et dans les prochaines semaines, la mafia va sûrement s’entendre sur quelqu’un qui assurera le leadership de façon intérimaire», précise-t-il.
Il ne faudra pas s’attendre à ce que la transition se fasse en douceur, souligne également M. de Champlain : «il est fort possible qu’il y ait des étincelles, car les enjeux sont grands.»
VENGEANCE INACHEVÉE
Par ailleurs, Vito Rizzuto n’a pas fini de venger la mort de son père et de son fils, assassinés pendant son incarcération.
«S’il savait qu’il ne survivrait pas assez longtemps pour régler ses affaires, il aurait prévu des plans pour atteindre ceux qui se cachent derrière les meurtres de ses proches», estime Lee Lamothe, auteur d’un livre sur les Rizzuto. D’après lui, «encore beaucoup de gens vont mourir pour satisfaire la vengeance personnelle de Vito».
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