Dépendance : La politoxicomanie domine toujours

Par Christopher Nardi
Selon Jacques Bernier, directeur général du centre de soutien à la désintoxication et réinsertion sociale Un foyer pour toi, la politoxicomanie domine toujours au niveau des dépendances touchant les Lavallois.
Selon les chiffres compilés par le personnel du centre, 47 % des personnes qui fréquent le centre – qui a vu plus de 14 000 clients depuis son ouverture en 1993 – sont accrocs à l’alcool, une drogue et, bien souvent, le jeu.
Le pourcentage de personnes dépendantes uniquement à la drogue suit ensuite à 27 %, tandis que la portion de clients alcooliques se situe à 16 %.
Toutefois, en dépit des efforts déployés par les centres de désintoxication, les établissements de santé et les groupes d’appui, le nombre de personnes qui passe à l’abstinence totale demeure infime.
«Le taux de succès des gens qui passent par la désintoxication, selon les statistiques des Alcooliques anonymes (AA), sont de l’ordre de 4 % à 5 %, explique M. Bernier. Les rechutes font partie du processus donc il faut faire attention, car les gens sont portés à juger rapidement.
Ce qu’on vise alors, c’est de susciter chez la personne le goût de se prendre en main, de suivre une démarche thérapeutique.»
Selon les statistiques d’Un foyer pour toi, ce sont les hommes qui dominent au chapitre des dépendances. En effet, ceux-ci représentent 73 % de la clientèle qui s’est servie du programme d’aide et de soutien à la désintoxication du centre et 87 % des usagers du programme de réinsertion sociale.
«Les hommes ont toujours eu plus de difficultés à gérer leurs émotions et on le voit dans toutes les organisations, explique le DG. Il y a beaucoup plus d’hommes qui sont dans la violence vis-à-vis les autres et vis-à-vis eux-mêmes et plusieurs d’entre eux se retrouvent toxicomanes. C’est sûr que la base de la toxicomanie, c’est la difficulté à gérer ses émotions.»
Apprendre à vivre avec soi-même
Combattant présentement une dépendance à la cocaïne, Martin Cardinal connaît bien les difficultés auxquels les toxicomanes doivent faire face. Selon lui, le plus grand obstacle à l’abstinence totale est le toxicomane lui-même.
«Le plus difficile, c’est d’apprendre à s’aimer, de vivre avec soi-même, d’être bien dans sa peau, explique l’ancien client d’Un foyer pour toi.
Pour moi, quelque chose qui m’aide est de regarder en moi. Un traitement ne fonctionne pas à moins que la personne le veuille.»
Selon M. Bernier, toutes les raisons sont bonnes pour retomber dans la consommation. La clé du succès est donc d’outiller la personne pour qu’elle ne rechute pas lorsque l’envie de consommer leur vient.
«Tu ne peux pas t’en sortir si tu ne prends pas de moyens. Thérapie, fraternité, etc., sont tous des parties essentielles du traitement», explique le DG.
«J’ai besoin de me sentir aimé», résume simplement M. Cardinal.
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