Environnement : une mention d’échec pour la Ville
Par Claude-André Mayrand
Protection des milieux humides, restauration de cours d’eau, pipeline d’Enbridge, les dossiers environnementaux s’accumulent sur l’île Jésus et, selon deux organismes de la région, le bilan de la Ville de Laval est peu reluisant.
Alors que le Jour de la Terre sera célébré le 22 avril prochain, L’Écho de Laval s’est entretenu avec le Conseil régional de l’environnement de Laval (CREL) et le Comité de protection de l’environnement de Saint-François (CPESF) afin de faire le bilan de la Ville sur sa gestion environnementale.
«Elle est très déficiente, lance d’emblée Guy Garand, directeur général du CREL. La Ville n’en fait pas assez, et ce, depuis trop longtemps. Seulement 1 % des aires naturelles sont protégées à Laval.»
Paul-André Roger, vice-président du CPESF, abonde dans le même sens.
«Laval est très loin de rejoindre le peloton de tête quand on compare avec le reste des régions du Québec. La Ville multiplie les inventaires, mais ne protège rien et ne prend pas de décisions», ajoute celui qui espère qu’une volonté de changement pointera à l’horizon.
Plusieurs échecs
Guy Garand n’y va pas de main morte lorsqu’il est question d’énumérer les résultats négatifs de la Ville.
À ses yeux, la surutilisation de la voiture est devenue problématique à Laval. Citant une statistique indiquant une hausse de 6 % des émissions de gaz à effet de serre causées par l’utilisation de l’automobile, M. Garand critique la densification des extrémités de l’île Jésus.
«Il n’y a pas de métro ni de terminus d’autobus aux extrémités est et ouest. Alors, les citoyens utilisent leurs voitures pour tous leurs déplacements», critique-t-il.
«Le réseau cyclable est pitoyable, la Ville préférant miser sur les boulevards à trois et quatre voies. De plus, le compostage ne s’est jamais développé comme prévu.»
Lorsque l’Écho a demandé à M. Garand s’il y avait un point positif pour la Ville dans son bulletin environnemental, il a reconnu que la Ville avait une bonne qualité d’eau potable.
À ses yeux, les citoyens sont prêts à en faire davantage, mais la Ville ne les consulte pas.
«Si on ne donne pas aux citoyens les outils pour en faire davantage, le bilan de Laval demeurera négatif.»
Pas d'amélioration
Le CPESF souligne en 2013 son 35e anniversaire, un évènement qu’il aurait bien préféré ne pas avoir à célébrer.
«Si la situation s’était améliorée depuis 35 ans, on n’existerait plus, affirme Paul-André Roger. Le fait que nous soyons encore pertinents n’est pas rassurant.»
L’organisme a vu le jour en 1978 pour protester contre le bruit créé par l’Autodrome de Laval, qui a déménagé à Saint-Eustache en 1985 pour faire place à un projet résidentiel.
L’organisme est aussi intervenu lorsqu’une usine pétrochimique voulait ouvrir ses portes dans l’est de l’île.
«On ne voulait pas que cette usine en attire d’autres et que Saint-François se transforme en champ pétrochimique comme l’est de Montréal», précise M. Roger.
L’organisme concentre maintenant ses efforts sur la protection des îles Saint-Joseph, Saint-Pierre et aux Vaches, de l’archipel Saint-François, de même que sur le dossier du pipeline d’Enbridge.
«Nous sommes inquiets du manque d’intérêt de la Ville pour la protection des îles et des milieux naturels, confie Paul-André Roger. Il y a encore un bon bout de chemin à faire.»
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