Voyage en Allemagne: Legault veut que le Québec contribue au réarmement de l’Europe


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Par La Presse Canadienne, 2024
HANOVRE — En mission économique en Allemagne, le premier ministre François Legault veut miser sur le réarmement de l’Europe pour que le Québec investisse de nouveaux marchés afin qu’il soit moins dépendant des États-Unis.
Il a fait un plaidoyer en ce sens dimanche devant la délégation québécoise présente avec lui dans la ville d’Hanovre, en Allemagne.
«En Europe, c'est des centaines de milliards qui vont être investis parce que M. Trump laisse entendre qu'il pourrait ne pas les défendre soit le Canada, soit l'Europe. Donc, en même temps, c'est une opportunité extraordinaire», a affirmé le premier ministre.
Selon lui, plusieurs secteurs québécois pourraient être mis à profit. «Évidemment, quand on parle de défense, il y a l'aéronautique, il y a les bateaux. Il y a aussi toute la question des minéraux critiques», a-t-il énuméré en mêlée de presse.
Il a ajouté l’intelligence artificielle; domaine où le Québec tire son épingle du jeu.
«Déjà, une compagnie comme CGI travaille avec l'armée américaine. Là, il va falloir travailler un petit peu avec l'Europe», a-t-il dit.
Face aux Américains qui menacent de se désengager de l’OTAN et une Russie toujours plus belliqueuse, l'Union européenne a récemment annoncé vouloir investir la somme colossale de 800 milliards d'euros pour se réarmer.
«Je pense qu'on est bien placé pour aller chercher une partie de ces offres-là», a soutenu le premier ministre.
Le président d’Investissement Québec International, Hubert Bolduc, présent aussi à Hanovre, admet que percer le marché européen de la défense va être «difficile».
«Mais ce n'est pas impossible», a-t-il assuré en mêlée de presse dimanche.
«Je pense qu'il y a certainement une opportunité en défense pour le Québec, que ça soit au niveau des hélicoptères, des avions, des simulateurs de vol. Il y a vraiment une expertise», ajoute Hubert Bolduc.
«Démerde-toi»
Durant son allocution devant des hommes et des femmes d’affaires québécois, le premier ministre n’a pas manqué d’envoyer une pointe à Donald Trump, qui a frappé l’aluminium de droits de douane de 25%.
Il a rappelé que le Québec «fournit 60% des besoins américains en aluminium».
«Puis là, M. Trump vient dire: “je n'ai pas besoin de vous autres.” (...) Moi, ça me ferait plaisir qu'on prenne une bonne partie de notre aluminium et qu'on trouve des places, entre autres en Allemagne, pour l'envoyer et dire à M. Trump : “Démerde-toi maintenant pour en trouver ailleurs de l'aluminium», a lancé François Legault.
Le voyage du premier ministre survient quelques jours après que Donald Trump eut annoncé des tarifs douaniers de 25 % sur les voitures importées aux États-Unis. Rappelons que le président américain compte imposer une nouvelle salve de droits de douane mercredi.
François Legault est en mission économique en Allemagne jusqu’au 2 avril où il se rendra notamment à la foire commerciale d’Hanovre (aussi appelée Hannover Messe). Il s’agit du plus grand rendez-vous commercial en technologie industrielle au monde, qui met cette année le Canada à l’honneur.
François Legault veut ainsi soutenir les entreprises québécoises dans la diversification de leurs marchés. Il est d’ailleurs accompagné d’une centaine d’acteurs du milieu des affaires québécois.
Il s’agit d’une première mission en Allemagne pour le premier ministre Legault, qui s’est toutefois rendu à quelques reprises en France (il n'exclut d’ailleurs pas d’y retourner).
L’Allemagne est le premier partenaire économique du Québec en Europe. La province y a exporté pour 1,6 milliard $ de produits en 2024.
Thomas Laberge, La Presse Canadienne