Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Voyage de Legault en Allemagne : «L’autoroute» vers l'Europe est sous-utilisée

durée 08h00
30 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
durée

Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

QUÉBEC — Face aux droits de douane américains, le premier ministre François Legault est en Allemagne pour une mission économique jusqu’au 2 avril. Son objectif: aider les entreprises québécoises dans la diversification de leurs marchés. L’Europe est d’ailleurs un terreau fertile pour l’économie du Canada et du Québec, selon deux professeurs consultés par La Presse Canadienne.

François Legault a répété à plusieurs reprises dans les derniers mois qu’il fallait renégocier l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) en raison du contexte d’incertitude actuel.

Mais le professeur à HEC Montréal et directeur du département des affaires internationales Thierry Warin rappelle que le Canada a également un accord avec l’Union européenne, appelé l’Accord économique et commercial global (AECG).

Cette «autoroute» commerciale est toutefois sous-utilisée, selon le professeur. «Comme les économies n’ont pas été optimisées dans l'utilisation de cet accord, ça nous laisse une opportunité», dit-il en entrevue avec La Presse Canadienne.

Selon lui, la mission économique du premier ministre Legault permettra de donner «l'exposition en termes de communication» à cet accord.

«C'est de rappeler aux entrepreneurs au Québec que oui, on a un souci avec le partenaire américain, mais qu’on a aussi une autoroute qui existe et à nous de savoir comment rentrer sur cette autoroute», illustre le professeur.

Thierry Warin indique qu'en incluant le Royaume-Uni, l’Europe représente près de 20 % du PIB mondial.

«Geste politique»

Le professeur à l'École des sciences de la gestion de l’UQAM Florian Mayneris va dans le même sens que son collègue. Selon lui, la mission du premier ministre est avant tout un «geste politique».

«Il veut montrer par l'exemple que cette transformation de l'économie québécoise qu'il appelle de ses vœux depuis quelques semaines, il met l'épaule à la roue pour la faire», soutient-il.

Le professeur rappelle toutefois que c’est surtout aux entreprises d’investir les nouveaux marchés en Europe et de «nouer des partenariats».

François Legault est d’ailleurs accompagné d’une centaine d’acteurs clés du milieu des affaires québécois dans son périple en Allemagne.

Thierry Warin reconnaît qu’il y a des enjeux pour les entreprises qui souhaiteraient orienter davantage leurs marchés vers l’Europe.

«Il y a de la difficulté logistique, parce qu'il faut pivoter. Les ports sont déjà optimisés et déjà à capacité. Et il y a d'autres enjeux en termes d'infrastructures», soutient le professeur Warin.

«Mais je pense que les alliés européens, avec le contexte géopolitique, vont être très sensibles à aider les amis canadiens et à dire: “OK, c'est quand même malhonnête ce qui est en train de se passer pour le Canada”», ajoute-t-il.

Pour Florian Mayneris, la situation actuelle montre que le Québec a trop tardé à se diversifier. «Maintenant, est-ce que ça veut dire qu'il ne faut pas le faire? Non, au contraire», affirme-t-il, ajoutant une mise en garde:

«Si jamais les choses se calmaient avec les États-Unis dans les mois qui viennent, le risque c'est qu'on revienne à nos vieilles habitudes et ça, il faut absolument éviter ça», soutient le professeur Mayneris.

«On traverse l'Atlantique et on y est !»

Thierry Warin pense que le Québec pourrait tirer son épingle du jeu avec l’Europe dans certains de ses secteurs clés, comme l'aérospatiale ou encore l'aluminium.

«Il y a aussi l'agroalimentaire. On exporte 8 milliards de dollars de produits agroalimentaires partout dans le monde, et maintenant, on va pouvoir augmenter ça vers l'Europe», dit-il

«On est quand même très fort au Québec dans l'intelligence artificielle», ajoute le professeur.

Bien que la mission du premier ministre soit en Allemagne, Florian Mayneris pense que le Québec ne doit pas «négliger la France» dans le marché européen.

«C'est un pays avec lequel les coûts du commerce sont probablement plus faibles en raison de la langue et de l'accès direct. Voilà, on traverse l'Atlantique et on y est!» dit-il.

Cette mission économique est la première en Allemagne pour François Legault. Le premier ministre s’est toutefois déplacé à quelques reprises en France, et il n'exclut pas d’y retourner.

L’Allemagne est le premier partenaire économique du Québec en Europe. La province a exporté pour 1,6 milliard de produits en Allemagne en 2024.

Thomas Laberge, La Presse Canadienne