Voici les trois enjeux qui devraient dominer les élections en Ontario

TORONTO — Les électeurs ontariens se rendront aux urnes pour une rare élection hivernale.

Le premier ministre Doug Ford a depuis un moment décrit les élections anticipées comme nécessaires pour lui donner un mandat fort afin de mieux représenter les intérêts de l'Ontario sur la scène nationale et internationale.

M. Ford, dont les progressistes-conservateurs détenaient 79 des 124 sièges de l'Assemblée législative au moment de la dissolution de mardi, a déclaré que les tarifs menacés par le président américain Donald Trump frapperaient durement la province, et qu'il a besoin d'un nouveau mandat fort des électeurs pour y répondre.

Les partis d'opposition doutent de cette justification, puisque le mandat du premier ministre Ford comprenait déjà le fait de guider l'économie pendant les périodes difficiles.

Ils croient qu'il est plus probable que le premier ministre essaie de capitaliser sur des sondages favorables en plus de faire devancer la conclusion d'une enquête criminelle de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) concernant le plan, finalement annulé, de son gouvernement visant à développer des parcelles des terres protégées de la ceinture verte.

Voici un aperçu des trois principaux enjeux susceptibles de façonner la campagne:

Donald Trump et les tarifs douaniers

Pour Doug Ford, ce sera le principal enjeu de la campagne et celui sur lequel il risque de se concentrer – il espère probablement que les électeurs s’y intéresseront également.

Au milieu du chaos politique à Ottawa, le chef provincial a été en première ligne de la résistance du Canada face aux menaces de tarifs de 25% du président américain Donald Trump.

Cette position à l'avant-scène pourrait bien être bénéfique pour la réélection de M. Ford.

Le premier ministre ontarien a déclaré que les tarifs américains nuiraient profondément à l’économie de la province, en particulier au secteur automobile, et il s’attend à devoir dépenser des dizaines de milliards de dollars pour contrer ces effets.

Les partis d’opposition affirment qu’ils appuieraient de telles mesures de relance, ce qui rend selon eux l'élection inutile.

Soins de santé

Les soins de santé sont un enjeu électoral permanent, et cette campagne ne devrait pas faire exception. Cependant, alors que l'accent était surtout sur les «soins de santé de couloir» et la médecine d’urgence, le besoin de plus de médecins de famille devrait dominer le débat cette fois-ci.

Le Collège des médecins de famille de l'Ontario estime que 2,5 millions de personnes dans la province n'ont pas de médecin de famille et que ce nombre ne devrait qu'augmenter.

Avant l'ajournement de la législature en décembre, les libéraux avaient commencé à employer une stratégie consistant à souligner le nombre de personnes n'ayant pas de médecin de famille dans la circonscription de chaque député du caucus progressiste-conservateur. Cela va probablement continuer, car les partis d'opposition disent que c'est l'un des problèmes dont ils entendent le plus souvent parler lors des porte-à-porte.

Quelques jours avant le lancement officiel de la campagne, le ministre de la Santé a annoncé un plan colossal de 1,8 milliard $ pour garantir des médecins de famille à deux millions d'Ontariens supplémentaires.

Logement

Cet enjeu était au cœur des préoccupations lors de la campagne électorale de 2022, les progressistes-conservateurs s'engageant à construire 1,5 million de logements en 10 ans.

Après avoir formé le gouvernement, ils ont continué à en faire un enjeu majeur, même si l'ordre du jour a été déraillé par le scandale de la ceinture verte, les démissions ministérielles qui ont suivi et les revirements des politiques de logement.

Les partis d’opposition accusent surtout les progressistes-conservateurs d’avoir minimisé la crise ces derniers mois, alors que leur objectif de 1,5 million de logements s’éloigne de plus en plus.

L’Ontario n’a encore atteint aucun de ses objectifs annuels à cet effet, bien qu’il s’en soit approché de très près en 2023 lorsque la province a commencé à compter les lits de soins de longue durée.

Comme la question est toujours d’actualité, il faut s’attendre à ce que les partis d’opposition rappellent aux électeurs ces progrès moins qu’idéals.

Le NPD a également récemment tenté de lier la question des campements de sans-abri à M. Ford, car c'est sous son mandat qu'ils ont fait leur apparition dans presque toutes les communautés de la province. M. Ford s’est engagé à démanteler ces campements.

Allison Jones, La Presse Canadienne