Une bonne alimentation maximise les chances de vieillir en santé, dit une étude


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Les individus dont l'alimentation est riche en aliments d'origine végétale et pauvre en aliments ultra-transformés ont de meilleures chances de vieillir en bonne santé, confirment des travaux auxquels a participé une chercheuse montréalaise.
Cette étude compterait parmi les premières à analyser plusieurs modèles alimentaires, adoptés dans la quarantaine, la cinquantaine et la soixantaine, en relation avec le vieillissement global en bonne santé.
Le vieillissement en bonne santé, a dit la première auteure de l'étude, la professeure Anne-Julie Tessier, qui est chercheuse à l’Institut de cardiologie de Montréal et professeure adjointe au département de nutrition de l'Université de Montréal, pose la question suivante: pouvez-vous vivre de manière autonome et profiter d'une bonne qualité de vie en vieillissant?
«Ça adopte une vision plus globale, donc ça inclut le fait de vivre plus longtemps sans maladie chronique tout en maintenant une santé cognitive, physique et mentale», a-t-elle précisé.
La professeure Tessier a mené ces travaux en collaboration avec des chercheurs de la Harvard T.H. Chan School of Public Health et de l'Université de Copenhague.
Plus de 105 000 hommes et femmes âgés de 39 à 69 ans ont été suivis pendant plus de trente ans pour examiner l’association entre l’adhésion à huit régimes alimentaires et la probabilité d’un vieillissement en santé.
La plupart de ces régimes mettent l'emphase sur une consommation élevée de fruits, de légumes, de céréales complètes, de graisses non saturées, de noix et de légumineuses. Certains comprennent aussi une consommation modérée d'aliments d'origine animale sains, comme le poisson et certains produits laitiers.
Les chercheurs ont également évalué la consommation d'aliments ultra-transformés, qui sont fabriqués industriellement et contiennent souvent des ingrédients artificiels, des sucres ajoutés, du sodium et de moins bons gras. Le Canada compte parmi les principaux consommateurs d'aliments ultra-transformés dans le monde industrialisé.
Les auteurs de l'étude ont calculé qu'un peu moins de 10 000 sujets, soit environ 9,3 % de leur échantillon, ont atteint un vieillissement en bonne santé. L'adhésion aux huit régimes alimentaires était associée non seulement au vieillissement global en santé, mais également à une meilleure santé cognitive, physique et mentale.
«Ça suggère que ce qu'on mange durant cette période de notre vie peut jouer un rôle important dans la manière dont on vieillit», a résumé Mme Tessier.
Même le régime le moins efficace améliorait de 45 % les chances d'un vieillissement en bonne santé.
De tous les régimes étudiés, l’indice alternatif d’alimentation saine (AHEI) était le plus fortement lié à l’atteinte d’un vieillissement en bonne santé. Ce régime était associé à 86 % plus de chances de vieillir en bonne santé à 70 ans et à 2,2 fois plus de chances à 75 ans.
Le régime AHEI reflète une alimentation riche en fruits, légumes, céréales complètes, noix, légumineuses et graisses saines, et faible en viandes rouges et transformées, en boissons sucrées, en sodium et en céréales raffinées.
Un autre régime important pour un vieillissement en bonne santé était le régime alimentaire planétaire, qui considère à la fois la santé humaine et environnementale en mettant l'accent sur les aliments d'origine végétale et en minimisant les aliments d'origine animale.
Traditionnellement, a dit Mme Tessier, les directives alimentaires se sont concentrées sur la prévention des maladies chroniques, comme les maladies cardiaques.
«Notre étude met vraiment en évidence le potentiel des recommandations alimentaires, non seulement pour la prévention des maladies, mais aussi pour favoriser un vieillissement global en santé», a-t-elle ajouté.
Ce potentiel est d'autant plus important dans un contexte de vieillissement de la population et face à un système de santé qui peine à répondre à la demande, a dit Mme Tessier. Tout ce qu'on peut faire pour aider les gens à vieillir en santé et à ne pas avoir besoin de soins revêt donc une grande pertinence.
Au Canada, a rappelé Mme Tessier, deux personnes âgées sur trois rapportent au moins une maladie chronique, une sur deux dit avoir des limites fonctionnelles et une sur dix vit avec une forme de démence.
«Étudier les approches préventives pour favoriser un vieillissement global en santé est essentiel à l'heure actuelle», a-t-elle dit.
Et comme c'est le cas avec toutes les saines habitudes de vie, il n'est jamais trop tard pour commencer à bien faire, a conclu Mme Tessier: «Certainement, à n'importe quel âge, on peut modifier notre alimentation et en tirer des bénéfices».
Les conclusions de cette étude ont été publiées par Nature Medicine.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne