Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Un rapport montre le chemin vers une réduction de la pollution sonore dans les océans

durée 11h32
1 décembre 2023
La Presse Canadienne, 2023
durée

Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

VANCOUVER — Le biologiste Kieran Cox le considère comme «probablement le polluant le plus répandu et non réglementé au Canada et dans le monde».

Il ne s'agit pas de plastique, de produits pétrochimiques ou d'une autre toxine chimique, mais du bruit sous-marin.

«La pollution sonore est certainement un phénomène avec lequel tous les petits invertébrés jusqu'aux grands cétacés interagissent et c'est pourquoi nous progressons en tant que pays sur ce sujet», a déclaré le chercheur postdoctoral en sciences biologiques à l'Université Simon Fraser.

M. Cox a dirigé une équipe de chercheurs qui ont examiné un rapport indépendant commandé par le ministère de la Défense sur la protection des baleines contre le bruit des armes lors des exercices d'entraînement militaire.

Le biologiste constate que même si le rapport comporte des failles, il constitue un pas dans la bonne direction, alors que le Canada élabore encore sa stratégie nationale sur le bruit dans les océans, qui a été retardée après des années de développement.

Le bruit créé dans les océans par des activités telles que la navigation peut interférer avec la capacité des animaux sous-marins à trouver leurs proies et à communiquer entre eux. Le gouvernement fédéral a qualifié le bruit de «menace identifiée pour le rétablissement de nombreuses espèces marines inscrites dans la Loi sur les espèces en péril».

La stratégie nationale sur le bruit dans les océans devait être présentée cette année, mais Pêches et Océans Canada affirme qu'elle a besoin de plus de temps en raison de la pandémie. La publication est maintenant prévue «avant la fin de l'exercice 2023-2024 et une période d'engagement public associée suivra immédiatement», a écrit Tomie White, porte-parole du ministère.

Exercices suspendus

Les travaux du biologiste Cox, publiés vendredi dans la revue «Marine Policy», examinent la décision du ministère de la Défense nationale, en 2019, de suspendre les exercices d'entraînement militaire dans une zone de 330 kilomètres carrés dans le détroit de Juan de Fuca. Cette zone chevauche l'habitat essentiel des épaulards résidents du Sud, une espèce en voie de disparition. Les exercices ont été interrompus jusqu'en janvier de cette année.

Le rapport indépendant commandé par le ministère conclut que l'impact du bruit sur les mammifères marins devrait être «limité», grâce à des mesures de protection telles que l'évitement de certaines zones lorsque les baleines sont à proximité, la formation et la surveillance.

M. Cox estime que le rapport est un exemple rare d'une organisation qui n'était pas légalement tenue de prendre en compte les impacts du bruit en suspendant les travaux, en commandant un rapport à un tiers et en mettant en œuvre des protections spécifiques.

«À certains égards, pour moi, ils ouvrent en quelque sorte la voie à ce que nous faisons dans l'intervalle, pendant que nous discutons de la stratégie relative au bruit dans les océans, qui durera certainement une décennie», a-t-il soumis. 

Il n'a pas été possible d'obtenir les commentaires de la Marine canadienne. 

M. Cox a déclaré que le rapport a été réalisé par des experts «de classe mondiale» et qu'il est unique dans le sens où il impose à ceux qui mènent une activité de faire une pause et de rechercher les impacts potentiels, puis de mettre en œuvre des mesures pour protéger les animaux.

Un certain nombre de failles dans le rapport devront être corrigées avant que son modèle puisse être étendu dans le cadre de la stratégie du Canada, a admis M. Cox.

Bien qu'il se concentre sur les baleines, des milliers de poissons et d'invertébrés dans l'océan dépendent du son et peuvent également être affectés par le bruit.

«Ils sont plus difficiles à voir que les baleines. Certaines mesures d'atténuation devront donc être modifiées et ils ne quitteront pas la zone aussi facilement, ils y resteront plus longtemps», a souligné le chercheur. «Je pense donc qu'au minimum, il est important d'inclure les espèces dont nous savons qu'elles attirent les baleines dans la région, car vous ne voulez pas avoir d'impact sur elles.»

Il souligne aussi que le rapport ne prend en compte que le bruit des armes utilisées par les navires et non celui des navires de la Marine eux-mêmes.

Le porte-parole d'Océans Canada a déclaré que le gouvernement fédéral s'engageait à protéger les écosystèmes. «L'objectif de la stratégie est d'élaborer une approche pangouvernementale pour guider le développement fédéral des sciences, de la recherche et de la technologie, et pour coordonner la gestion du bruit marin d'origine humaine dans les océans du Canada», a indiqué M. White.

Ashley Joannou, La Presse Canadienne

app-store-badge google-play-badge