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Un policier noir haut gradé affirme que le racisme est un «cancer qui ronge» le SPVM

durée 18h27
25 septembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Un haut gradé de la police de Montréal affirme que le racisme est un «cancer qui ronge l’organisation» dans une lettre de démission marquant la fin de sa carrière de 30 ans au sein de la force.

Le commandant Patrice Vilcéus, un Montréalais d’origine haïtienne, affirme que certains gestionnaires de la force policière de la ville affectent la santé mentale de ses membres et en poussent même certains à partir. Dans une lettre obtenue par La Presse Canadienne et d’autres médias, il écrit qu’il a combattu «toutes les formes d’exclusion injuste et les traitements inéquitables» au cours de sa carrière.

«J'ai veillé à ne pas rester un simple observateur face au racisme, au profilage racial et aux défis sociaux, a-t-il écrit. Mon objectif a été de briser les tabous et d’introduire des approches plus nuancées.»

M. Vilcéus a déclaré que la police de Montréal doit «dépasser les résistances de certains gestionnaires qui défendent le statu quo avec des visions stériles, car ces derniers empêchent l’organisation de déployer pleinement ses capacités, de se renouveler et de se moderniser face aux nouvelles réalités.»

Il a ajouté que la force devrait adopter des perspectives plus diversifiées. «Comment servir toutes les populations, si certaines à l’interne ne sont pas écoutées, respectées et sont au contraire discréditées?» a-t-il demandé.

Pas de «racisme systémique», dit Bonnardel

«C'est toujours troublant de lire une lettre comme celle de [M. Vilcéus]», a dit le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, questionné mercredi à Québec.

«Je ne doute pas qu'il y a pu avoir des situations difficiles pour cet homme pendant sa carrière, mais je n’ai jamais cru qu’il y a du racisme systémique dans la police», a-t-il soutenu.

Dans un communiqué, le service de police de Montréal a indiqué avoir récemment pris un certain nombre de mesures pour mieux représenter la population qu’il dessert, notamment l’élargissement d’un programme de recrutement de policiers plus âgés ayant des expériences diverses.

«Est-ce que tout ce que le SPVM fait est parfait? Non. Il y aura toujours place à l’amélioration», peut-on lire dans la déclaration.

Plus tôt ce mois-ci, un juge de la Cour supérieure du Québec a statué dans le cadre d’un recours collectif que le profilage racial est un problème systémique au sein du service de police de Montréal, et que la Ville est responsable du profilage commis par ses policiers. La juge Dominique Poulin a ordonné à la Ville de Montréal de verser 5000 $ aux personnes arrêtées sans justification et ayant fait l’objet de profilage racial.

Le service a également publié deux rapports depuis 2019 démontrant que les personnes racisées sont ciblées de manière disproportionnée par la police lors de contrôles de rue aléatoires.

«Les recherches scientifiques commandées par le SPVM sont un exemple flagrant de ce cancer qui ronge l’organisation», a écrit M. Vilcéus dans sa lettre.

Cependant, il a indiqué qu’il prenait sa retraite sans amertume, et il a remercié le chef de la police de Montréal, Fady Dagher, et espère qu’il apportera des changements positifs.

M. Dagher a témoigné l’année dernière lors du recours collectif en disant que le profilage racial existait au sein de son service de police, le qualifiant de «problème très insidieux, très subtil et très sournois».

Dans sa déclaration, la police de Montréal a déclaré que M. Dagher «s'engage à lutter contre la discrimination sous toutes ses formes».

M. Vilcéus est né en Haïti et a déménagé à Montréal à l'âge de quatre ans. Il s'est joint au SPVM en 1994, gravissant les échelons pour devenir commandant d'une unité luttant contre le crime organisé. En 2020, à la suite du meurtre de George Floyd par la police aux États-Unis, M. Vilcéus a écrit une note interne à ses collègues les appelant à lutter contre le racisme au sein de la force.

Maura Forrest, La Presse Canadienne