Un meurtrier québécois se déclarant désormais femme dans une prison pour hommes
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTREAL — Mohamad Al Ballouz, coupable du meurtre d’une femme et de ses deux enfants, restera en détention dans un pénitencier fédéral pour hommes pendant que les autorités évaluent sa demande d’être incarcéré dans une prison pour femmes, a indiqué mercredi Service correctionnel Canada (SCC).
Mohamad Al Ballouz a été condamné le 20 décembre à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans pour les meurtres de Synthia Bussières et de leurs fils, Eliam, cinq ans, et Zac, deux ans, commis en 2022 à Brossard, sur la Rive-Sud de Montréal.
Le meurtrier, qui était le mari de Mme Bussières à l'époque, a également été reconnu coupable d'incendie criminel pour avoir mis le feu au condo familial.
Al Ballouz, qui s’identifie désormais comme une femme et porte le nom de Levana, a demandé à être incarcérée à l’établissement Joliette pour femmes.
SCC a indiqué dans un courriel que les délinquants sont évalués dans les 60 à 90 jours suivant leur admission dans un établissement fédéral et que les demandes d’adaptation sont examinées au cas par cas afin de déterminer les besoins et les risques des délinquants.
L'agence fédérale explique que cette évaluation permet de déterminer le niveau de sécurité et le placement pénitentiaire approprié en fonction de la sécurité du public, du personnel et des autres détenus. Elle a aussi mentionné que «les préoccupations des victimes sont prises en compte lors de la détermination du placement pénitentiaire».
L'agence a indiqué qu'elle travaille avec les délinquants qui demandent des aménagements en fonction de leur identité de genre. Cela comprend le placement dans un établissement qui correspond mieux à l'identité ou à l'expression de genre du délinquant, si telle est sa préférence, quel que soit son sexe (c'est-à-dire son anatomie) et quel que soit le marqueur de genre ou de sexe figurant sur ses documents d'identité, explique SCC.
L'agence ajoute que sa politique est de placer les délinquants dans un établissement qui correspond mieux à leur identité de genre, à moins qu'il n'y ait des préoccupations importantes en matière de santé et de sécurité qui ne peuvent être atténuées autrement.
L'agence a déclaré que chaque demande est évaluée au cas par cas, et que lorsque des préoccupations majeures en matière de santé et de sécurité sont soulevées, la demande est refusée et des solutions de rechange sont mises en place pour répondre aux besoins liés au genre du délinquant dans l’établissement où il est incarcéré.
Lors du prononcé de la peine le mois dernier au palais de justice de Longueuil, le juge de la Cour supérieure, Eric Downs, a décrit Al Ballouz comme étant «sadique» et sans remords. Le procès a entendu que Synthia Bussières, 38 ans, avait été poignardée 23 fois. Au moins 11 des blessures par arme blanche ont été classées comme des blessures défensives, ce qui, selon la Couronne, montre qu’elle s’est battue pour sa vie.
Les deux garçons ont ensuite été tués avant qu’Al Ballouz ne consomme du liquide à lave-glace et ne mette le feu pour détruire des preuves. Une autopsie n’a pas permis d’établir la cause exacte du décès de ses fils.
L’affaire a attiré l’attention du chef conservateur Pierre Poilievre. «Je n'arrive pas à croire qu'il faille que je dise ça: mais quand je serai Premier ministre, il n'y aura pas d'hommes détenus dans les prisons pour femmes», a-t-il écrit sur le réseau social X en décembre.
Joe Bongiorno, La Presse Canadienne