Un cinquième des pollinisateurs d'Amérique du Nord sont menacés d'extinction


Temps de lecture :
3 minutes
Par La Presse Canadienne, 2024
FREDERICTON — De nombreux papillons, abeilles et mites sont en voie de disparition, selon un nouveau rapport, coécrit par un chercheur canadien, qui prévient que plus d'un cinquième des espèces de pollinisateurs étudiées en Amérique du Nord sont menacées d'extinction.
Sur 759 pollinisateurs — animaux essentiels à la production alimentaire et à la santé des écosystèmes — étudiés au Canada, plus de 10 % présentaient un risque d'extinction plus ou moins élevé, indique l'étude publiée cette semaine dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). Et sur 1579 pollinisateurs évalués aux États-Unis, 22,5 % présentaient un risque plus ou moins élevé.
Cette étude constitue l'analyse la plus complète à ce jour sur les pollinisateurs nord-américains et leur état de conservation, a mentionné John Klymko, scientifique au Centre de données sur la conservation du Canada atlantique à Sackville, au Nouveau-Brunswick, et l'un des coauteurs.
Les pollinisateurs les plus connus, qui transportent le pollen d'une fleur à l'autre, sont les abeilles, les papillons et les mites, a expliqué M. Klymko. Mais ils incluent également des vertébrés, comme les colibris et les chauves-souris. «De nombreuses plantes dépendent des pollinisateurs pour se reproduire», a-t-il précisé.
L'étude a révélé que les pollinisateurs fournissent plus de 15 milliards $ de nourriture chaque année en Amérique du Nord.
Parmi les insectes pollinisateurs, les risques d'extinction les plus élevés concernaient les abeilles. Sur les 472 espèces d'abeilles étudiées au Canada et aux États-Unis, 34,7 % étaient menacées d'extinction. L'étude a révélé que 10 espèces d'abeilles, 11 espèces de papillons et deux espèces de mites étaient classées comme gravement menacées.
Les syrphes et les coléoptères sont relativement à l'abri de l'extinction, mais les trois espèces de chauves-souris pollinisatrices sont menacées de disparition. Les 17 espèces de colibris étudiées ont connu un déclin de population, mais leur nombre est suffisamment élevé pour ne pas être considérées comme menacées.
«Il est important d'avoir une grande diversité de pollinisateurs, car il existe une grande diversité de plantes à polliniser, et différentes espèces de pollinisateurs seront plus efficaces pour certaines plantes que d'autres, a souligné M. Klymko. Certaines espèces ne pollinisent qu'une poignée de plantes. Si cette diversité de pollinisateurs commence à disparaître, certaines espèces végétales seront affectées.»
M. Klymko a étudié le risque d'extinction des syrphes pour son article.
«Il s'agit d'un groupe de mouches attrayant. Beaucoup d'entre elles imitent les abeilles ou les guêpes, a-t-il indiqué en décrivant ces insectes. Elles se tiennent sur les fleurs, ce qui leur permet de ressembler à un insecte piqueur. Elles trompent les prédateurs en leur faisant croire qu'ils vont être piqués. Il s'agit donc de mouches à l'aspect spectaculaire. C'est un groupe très diversifié.»
Un risque plus faible au Canada
Le risque pour les pollinisateurs est en moyenne plus faible au Canada, car de nombreuses espèces sont réparties sur des zones plus vastes qu'aux États-Unis. Cependant, certaines espèces canadiennes ont une aire de répartition assez restreinte, ce qui les expose à un niveau de risque élevé, a-t-il ajouté.
Certaines espèces pollinisatrices ont de vastes aires de répartition, comme la forêt boréale, qui s'étend du Canada atlantique jusqu'au Yukon.
«Lorsque des espèces ont une aire de répartition aussi large, le risque de mise en péril tend à être moindre. Elles sont simplement intrinsèquement plus en sécurité grâce à leur vaste étendue et leur répartition», a mentionné l'expert.
Il a toutefois souligné que certaines espèces canadiennes dépendent d'habitats rares dans des régions comme le sud de l'Ontario, les Prairies et la vallée de l'Okanagan en Colombie-Britannique, où la diversité des pollinisateurs est assez élevée.
«Mais l'empreinte humaine est également assez lourde (dans ces régions) et la pression humaine continue sur le paysage», a-t-il ajouté, mettant en garde contre toute complaisance.
La perte d'habitat, l'exposition aux pesticides, le changement climatique et les maladies peuvent tous avoir un impact négatif sur les pollinisateurs, selon l'étude. M. Klymko a expliqué que le changement climatique peut perturber le cycle des pollinisateurs, les obligeant à sortir d'hibernation «avant la floraison des fleurs dont ils dépendent».
Il a précisé que les pesticides, bien qu'utilisés principalement dans les zones agricoles, peuvent dériver vers les écosystèmes naturels et tuer les insectes.
La perte d'habitat, comme le développement urbain, est un facteur important de disparition d'espèces. Ce qui a le plus surpris M. Klymko dans l'étude, c'est le pourcentage global d'espèces en péril, a-t-il déclaré.
«Plus d'un cinquième des espèces évaluées étaient en péril, a-t-il avancé. C'est une statistique qui donne à réfléchir.»
Hina Alam, La Presse Canadienne