Trump et la course libérale: il vente fort sur les intentions de vote au fédéral
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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — L'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche avec ses menaces de tarifs, la course à la direction au Parti libéral du Canada et l'éventualité d'une victoire de Pierre Poilievre lors des élections: il vente fort sur les intentions de vote pour les partis fédéraux au Québec, révèle un récent sondage de la firme Léger.
Dans un premier temps, le coup de sonde, qui a été commandé par le Bloc québécois, révèle que si le scrutin était imminent, la formation souverainiste obtiendrait 37 % des appuis dans la province, les conservateurs 26 %, les libéraux 21 % et les néo-démocrates 7 %.
Les répondants se sont ensuite fait demander pour quel parti ils seraient davantage incités à voter advenant que l'ancienne vice-première ministre Chrystia Freeland ou que l'ancien gouverneur de banques centrales Mark Carney devienne chef libéral, soit ceux qui sont perçus comme les meneurs de la course.
L'effet est d'avantager les libéraux de 12 points (33 %), les conservateurs de cinq points (31 %) et de faire reculer les bloquistes de 11 points (26 %). Les néo-démocrates baissent d'un point.
«C'est indéniable que le remplacement de Justin Trudeau va éviter le pire scénario pour le parti», a commenté la professeure de science politique à l'Université de Montréal Catherine Ouellet.
Les données collectées doivent être interprétées avec prudence, a-t-elle expliqué, notamment parce que le sondage ne mesure pas l'effet qu'aurait individuellement chaque aspirant chef sur les intentions de vote.
Aussi, les sondeurs mesurent ici si l'événement «incite» à modifier le comportement électoral, ce qui n'est pas une question visant à prendre le pouls des intentions de vote.
Vote stratégique
Les sondeurs ont aussi tenté de mesurer vers quel parti l'électorat québécois serait incité à voter s'il devenait probable que le chef conservateur Pierre Poilievre devienne premier ministre.
À ce chapitre, 31 % (-6 %) des répondants disent qu'ils pencheraient pour les bloquistes, 27 % (+6 %) pour les libéraux et 24 % (-2 %) pour les conservateurs. Les néo-démocrates gagneraient un point.
«Dans la perception des électeurs, le Parti libéral va peut-être former l'opposition officielle parce que, quand on ne vote pas pour le Bloc et qu'on vote pour le Parti libéral seulement dans l’optique où Pierre Poilievre va être élu, c’est la définition même d’un vote stratégique», a résumé la professeure Ouellet.
La «grande trame narrative» de ce sondage est selon elle que «ça bouge beaucoup, beaucoup» et que les électeurs sont dans «une période de grande incertitude».
Au bureau du chef bloquiste, on explique que les données relatives à ces «facteurs déterminants» en politique fédérale sont «des voyants jaunes» pour la formation. On reconnaît aussi que le vote n'est «pas si solide» malgré que l'aiguille des sondages soit restée stable dans les derniers mois.
Énormément d'indécis
Le sondage révèle aussi que les intentions de vote des Québécois sont loin d'être coulées dans le béton. Seulement 43 % des répondants affirment que leur choix est définitif. À titre de comparaison, ils étaient 55 % dans un sondage Léger réalisé un mois et demi avant les élections de 2015.
«La majorité des électeurs qui sont indécis, c'est énorme, s'est exclamée Mme Ouellet. Le jello n'est pas pris.»
Elle a expliqué que, de manière générale, la proportion des électeurs «indécis ou flexibles» a considérablement augmenté dans les dernières années et que les électeurs canadiens sont «assez réceptifs aux effets de campagne».
Le sondage a été mené en ligne auprès de 1003 répondants du 17 au 19 janvier, soit dans la foulée des lancements de campagne de M. Carney et de Mme Freeland. Aucune marge d'erreur ne peut être calculée puisqu'il ne s'agit pas d'un sondage probabiliste.
Michel Saba, La Presse Canadienne