Trudeau en Europe pour renforcer les relations du Canada avec l’Union européenne
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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — La visite du premier ministre Justin Trudeau en Europe en début de semaine offre au Canada l’occasion de renforcer ses relations avec l’Union européenne (UE) et de montrer le leadership canadien dans la réglementation de l’intelligence artificielle (IA), selon les experts.
M. Trudeau passera la majeure partie de son voyage à Paris pour le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle, la troisième grande réunion mondiale consacrée à ce domaine en pleine expansion. L'évènement se déroule sur deux jours, lundi et mardi. Le premier ministre fera ensuite une halte à Bruxelles pour une réunion des dirigeants canadiens et de l’Union européenne mercredi.
La visite du premier ministre canadien intervient après que le président américain Donald Trump a suspendu sa menace d'imposer des droits de douane sur les importations canadiennes pour un mois . Le président Trump a clairement signalé que l’Europe pourrait être sa prochaine cible.
«Le Canada a obtenu ce bref sursis et l’UE a également été menacée par les tarifs américains. Il est donc logique que le Canada et l’UE coordonnent leurs réponses, a souligné le politologue Achim Hurrelmann, de l’Université Carleton, à Ottawa, spécialisé en politique européenne.
Il y a une semaine, le président des États-Unis a signé un décret imposant des droits de douane de 25 % sur les importations mexicaines et canadiennes et des tarifs de 10 % sur l’énergie canadienne. Après deux appels téléphoniques avec Justin Trudeau — au cours desquels le premier ministre a exposé les plans du Canada pour répondre aux préoccupations exprimées par M. Trump sur la sécurité des frontières et le trafic de drogue — le président Trump a mis les tarifs en suspens jusqu’au 4 mars.
Le président américain a déclaré que les tarifs seraient en pause pour voir si un «accord économique final» pourrait être conclu avec le Canada.
Les représentants européens pourraient demander à M. Trudeau d’expliquer comment il a réussi à obtenir ce sursis, a souligné le professeur Hurrelmann alors que les dirigeants discuteront des moyens de stimuler le commerce entre le Canada et l’UE.
«La saga tarifaire a en quelque sorte redonné un nouvel élan au débat sur la diversification des échanges commerciaux du Canada, et l’Europe a toujours été une région où le commerce pourrait augmenter, selon les perceptions», a affirmé Achim Hurrelmann. Il souligne que l’Europe pourrait être particulièrement intéressée par les matières premières stratégiques du Canada.
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré récemment que l’accord commercial entre le Canada et l’Union européenne est «très important et fait partie de sa vision visant à diversifier nos marchés».
Le Canada et l’Europe ont été lents à renforcer leurs liens, «surtout les liens économiques», observe M. Hurrelmann.
«Le Canada est un marché relativement petit et lointain pour l’économie européenne, a-t-il déclaré. Maintenant, la relation peut avoir le coup de pouce nécessaire pour aller au-delà du statu quo».
Le court voyage de M. Trudeau à Bruxelles est probablement «un signal» pour indiquer au monde extérieur et aux Américains qu'il aura une réponse coordonnée aux tarifs américains.
L’intelligence artificielle est également susceptible d’être évoquée lors des discussions avec les représentants de l’UE à Bruxelles, selon le politologue.
Dans un communiqué de presse, le cabinet du premier ministre a indiqué que les discussions à Bruxelles porteront sur «les moyens de faire progresser nos efforts collectifs pour renforcer la sécurité transatlantique, protéger l’ordre international fondé sur des règles, continuer à soutenir l’Ukraine et créer des possibilités pour nos peuples en misant sur le succès» de l’accord commercial actuel.
M. Trudeau doit également rencontrer le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, à Bruxelles.
Les préoccupations de l'Europe et des États-Unis sur l'IA
Alors que Donald Trump et le secteur technologique américain repoussent les efforts de l’UE pour réglementer l’intelligence artificielle, M. Hurrelmann souligne que la nouvelle législation de l’UE en matière d’intelligence artificielle pourrait constituer un «grand champ de conflit» à venir entre l’Europe et les États-Unis.
Le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle à Paris fait suite aux réunions internationales précédentes au Royaume-Uni et en Corée du Sud. Ces évènements étaient davantage axés sur les questions de sécurité de l’IA et des menaces que la technologie pose. La réunion de Paris se concentrera davantage sur des thèmes, comme l’IA et l’intérêt public, l’avenir du travail, l’innovation et la culture, ainsi que la confiance dans la gouvernance mondiale de la technologie.
Justin Trudeau aura la chance de rencontrer d’autres chefs d’État et de décideurs lors du sommet. Le vice-président des États-Unis, JD Vance, doit assister au sommet sur l'IA, qui sera coprésidé par le président français Emmanuel Macron et le premier ministre indien Narendra Modi.
Le vice-premier ministre chinois, Ding Xuexiang, devrait également être à Paris – au moment même où le modèle d’IA chinois DeepSeek fait beaucoup réagir.
DeepSeek offre aux entreprises l’accès à son agent conversationnel de l'IA à une fraction du coût de ses concurrents, et pourrait pousser d’autres entreprises à améliorer leurs modèles et réduire les prix.
Rowan Wilkinson, analyste de recherche à l'institut Chatham House au Royaume-Uni, a déclaré que, compte tenu des frictions entre Washington et l’UE sur la réglementation, «les accords spécifiques sur la direction et les règles pour l’IA semblent de plus en plus hors de portée.»
Elle a ajouté dans un courriel que, comme M. Vance avait confirmé sa présence au sommet, «la participation de la Chine est très attendue et signifierait un dialogue soutenu et sérieux entre ces deux acteurs essentiels».
— Avec des informations de The Associated Press.
Anja Karadeglija, La Presse Canadienne