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Tarifs: des dirigeants demandent de soutenir les entreprises autochtones

durée 18h56
7 février 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Au moment où les menaces de tarifs douaniers du président américain Donald Trump ébranlent les investisseurs canadiens, le chef d’un groupe représentant des milliers d’entreprises autochtones appelle les gouvernements et les Canadiens à renforcer leur soutien aux entreprises des Premières Nations, qui ont des liens forts avec la terre et qui sont moins susceptibles de déménager au sud.

«Nous avons compté sur les investissements étrangers et les acteurs étrangers pour venir s'installer au Canada et y fabriquer des produits, et le gouvernement les subventionne largement. Mais quel est le retour sur investissement de cette démarche ?», a déclaré Shannin Metatawabin, PDG de l'Association nationale des sociétés autochtones de financement.

«Soutenez les entreprises autochtones qui cherchent activement à créer des installations de fabrication dans leur Première Nation, en utilisant leurs membres. Cela a un impact direct sur les peuples autochtones qui soutient l’économie canadienne.»

M. Trump a menacé d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur toutes les importations mexicaines et canadiennes, avec un tarif inférieur de 10 % sur l’énergie canadienne. Il a parlé d'une sanction économique pour obliger les deux voisins géographiques des États-Unis à mettre fin aux flux illégaux de fentanyl à travers la frontière, bien qu'il ait également lié cette mesure au commerce, se plaignant que le Canada et le Mexique exportent plus vers les États-Unis que ces derniers n'exportent vers eux.

Les tarifs devaient entrer en vigueur le 4 février, mais le président Trump a repoussé cette date au 4 mars après avoir parlé au premier ministre Justin Trudeau de la stratégie frontalière du Canada. M. Trump cherche maintenant une nouvelle négociation économique, qui pourrait impliquer la renégociation de l'Accord Canada–États-Unis–Mexique, qu'il a renégocié avec M. Trudeau pendant son premier mandat.

Les gouvernements de tous les ordres et de toutes les allégeances politiques au Canada cherchent à consolider l'économie canadienne pour la rendre moins vulnérable à un choc américain. Cela comprend la recherche de solutions de rechange aux États-Unis pour les marchés d'exportation et l'élimination des barrières commerciales internes qui ont fait qu'il est plus facile pour de nombreuses entreprises de faire des affaires du nord au sud qu'est en ouest au Canada.

M. Metatawabin a affirmé que ce dont les entreprises des Premières Nations ont besoin pour réussir, ce sont des investissements de la part des gouvernements et du soutien des consommateurs canadiens.

«Si nous voulons répondre à la menace des États-Unis, il faut un changement radical dans la façon dont le Canada gère son économie», a soutenu M. Metatawabin.

Statistique Canada a estimé la taille de l’économie dirigée par les Autochtones à 56,1 milliards $ en 2021, soit environ 2,4 % du revenu intérieur brut du Canada. Le revenu intérieur brut des Autochtones a augmenté à un rythme plus rapide que l’économie nationale.

Toutefois, les Premières Nations ont parfois du mal à profiter des opportunités commerciales, car la Loi sur les Indiens interdit aux communautés des Premières Nations de tirer parti de leurs terres pour obtenir des prêts.

Les graves lacunes en matière d’infrastructures, incluant les routes, les logements, la connectivité internet et l’accès à l’eau potable inadéquats, nuisent également à la croissance. L’Assemblée des Premières Nations (APN) et Services aux Autochtones Canada estiment qu’il faudrait 349 milliards $ pour combler cet écart d’ici 2030, un investissement qui, selon l’APN et le Conference Board du Canada, pourrait faire augmenter le PIB du Canada de 308 milliards $ sur sept ans.

Selon M. Metatawabin, l’économie autochtone pourrait être durement touchée si M. Trump met sa menace de tarifs à exécution, en particulier les secteurs de la construction, de la vente au détail et des ressources naturelles, qui représentent environ 45 % de ses clients.

Et comme la plupart de ces entreprises n’ont qu’entre un et cinq employés, a-t-il indiqué, l’impact pourrait être sismique.

Inclure les Premières Nations dans la réponse aux tarifs

Bill Lomax, PDG de la First Nations Bank, a déclaré que les tarifs de M. Trump pourraient être le premier exemple d’un choc économique qui affecterait les entreprises des Premières Nations au même degré que le reste de l’économie.

«Si l’on regarde l’histoire, les Premières Nations en particulier n’ont pas subi les mêmes types d’impacts des récessions que la communauté dans son ensemble. Souvent, c’est parce que les choses n’allaient pas si bien pour elles», a indiqué M. Lomax.

«Ce qui a changé maintenant, c’est le taux de participation des Premières Nations à l’économie générale qu’elles n’avaient pas auparavant», a-t-il expliqué, citant la propriété autochtone croissante dans les secteurs de l’hôtellerie, de la foresterie, de la pêche et de la fabrication de métaux.

La cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations, Cindy Woodhouse, prévient que toute réponse aux tarifs douaniers de M. Trump qui inclut les ressources naturelles du Canada ne peut se faire sans les Premières Nations. De nombreuses provinces cherchent à accélérer l’extraction de ressources, notamment de pétrole, de gaz naturel et de minéraux essentiels, pour stimuler leur économie.

Mme Woodhouse Nepinak a affirmé que la plupart de ces ressources se trouvant sur les terres des Premières Nations, celles-ci doivent être présentes à la table de négociation.

«Les provinces ne l’emportent pas sur les Premières Nations», a fait valoir Mme Woodhouse Nepinak.

«Ces territoires abritent de vastes gisements de minéraux essentiels, de forêts et d’approvisionnement en eau douce qui alimentent les industries et soutiennent les communautés (autochtones) des deux côtés de la frontière.»

Alessia Passafiume, La Presse Canadienne