Sitôt réélu comme premier ministre ontarien, Doug Ford a déjà du pain sur la planche

TORONTO — Les progressistes-conservateurs de Doug Ford n'auront pas beaucoup de temps pour se reposer et se réjouir de la victoire d'un troisième gouvernement majoritaire, avec une menace tarifaire imminente à l'horizon.

Le Parti progressiste-conservateur a remporté les élections provinciales anticipées de l'Ontario, jeudi, M. Ford ayant insisté sur la nécessité de lutter contre les tarifs proposés par le président américain Donald Trump à presque chaque tournant de la campagne.

À peine quelques jours plus tard, ces menaces pourraient devenir réalité, car le président Trump a assuré que des tarifs de 25 % sur les produits canadiens seraient imposés à partir de mardi.

Le nombre de sièges des progressistes-conservateurs est resté en grande partie inchangé, tandis que le Nouveau Parti démocratique formera à nouveau l'opposition officielle, mais avec un nombre de sièges réduit.

Le plus grand changement de la soirée a été pour les libéraux, qui ont remporté suffisamment de sièges pour retrouver le statut de parti officiel pour la première fois depuis 2018 – mais la cheffe Bonnie Crombie n'a pas remporté de siège.

Elle a déclaré dans son discours le soir de l’élection qu’elle resterait en place, mais il reste à voir si les membres du parti se contenteront de la voir diriger depuis l’extérieur de l’Assemblée législative ou si un mécontentement verra le jour.

Andrea Lawlor, professeure agrégée de sciences politiques à l’Université McMaster, a déclaré que l’élection peut certainement être considérée comme un succès pour les libéraux, mais qu’il y a toujours des factions différentes dans un parti à large spectre.

«Je suis sûre qu’il y aura des conversations très franches au siège social du parti au cours des prochains jours sur ce qui s’est bien passé, ce qui s’est mal passé et quelle part de cela pourrait être attribuée à Bonnie Crombie», a-t-elle indiqué.

Préparer le cabinet et le budget

Entre-temps, Doug Ford devra se mettre au travail pour gouverner, ce que lui et son équipe sont bien préparés à faire, puisqu’ils sont déjà au gouvernement depuis sept ans.

Karim Bardeesy, directeur général de The Dais, un groupe de réflexion sur les politiques publiques de l’Université métropolitaine de Toronto, a expliqué que M. Ford devra décider à quoi il veut que ressemble son prochain gouvernement.

«Les principales décisions qui sont prises à ce stade-ci concernent la composition du cabinet et les ministères», a souligné M. Bardeesy, qui était également un membre important du personnel de l'ancien gouvernement libéral de l'Ontario.

Les gouvernements changent souvent la portée et le nom des ministères afin de signaler des priorités différentes, d'équilibrer différentes considérations régionales et de surveiller la taille du cabinet.

Dans son dernier gouvernement, M. Ford a divisé plusieurs ministères, créant un grand cabinet de 37 personnes.

«Je ne sais pas s'il est possible d'agrandir celui-ci», a affirmé M. Bardeesy.

Le nouveau gouvernement commencera également à préparer un discours du Trône, qui ouvre une nouvelle session du Parlement et définit le programme prévu du gouvernement. Il travaillera aussi à ramener des lois mortes lors du déclenchement des élections, comme un projet de loi qui devait aider les municipalités à éliminer les campements de sans-abri des parcs publics.

De plus, le prochain budget provincial devra être déposé bientôt.

«Il s'avère que, simplement en raison de l'endroit où nous nous trouvons dans le cycle, nous nous lancerions immédiatement dans la préparation du budget, ou reprendrions là où la préparation du budget s'est arrêtée», a déclaré M. Bardeesy.

Le budget est généralement déposé avant la fin du mois de mars.

Allison Jones, La Presse Canadienne