Santé: la CSN promet de faire pression si Québec ne freine pas l'exode vers le privé
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Par La Presse Canadienne, 2024
Une nouvelle critique de la place du privé en santé a émané, mercredi, cette fois de la part de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), de Québec solidaire (QS) et du Parti québécois (PQ).
En point de presse à l'Assemblée nationale, les trois groupes ont fait valoir qu'il était important de parler de la privatisation du réseau de la santé puisque le système public se détériore à la vitesse grand V, selon eux.
«À qui ont profité toutes ces réformes destructrices du système public de la santé et des services sociaux? [Elles] ont profité à des médecins entrepreneurs, à des gens du monde des affaires, des femmes et des hommes d'affaires qui ont fait du profit sur la maladie», a dénoncé en point de presse David Bergeron-Cyr, vice-président de la CSN.
La centrale syndicale «promet de faire monter la pression» si le gouvernement ne met pas en place ses trois revendications d'ici le 1er mai. En priorité, elle demande au ministre de la Santé de freiner l'exode des médecins vers le secteur privé.
«On est la pire province canadienne pour protéger son système public de santé et de services sociaux. Il y en a plus de 800 qui sont sortis du système public ou qui font des aller-retour constamment», a exposé M. Bergeron-Cyr.
Il faisait référence aux quelque 800 médecins québécois qui ont quitté le système public pour aller pratiquer au privé. Dans le reste du Canada, on comptait en 2021-2022 18 médecins qui se sont désaffiliés du régime public.
D'autre part, on apprenait la semaine dernière lors des consultations particulières sur le projet de loi 83 de Christian Dubé — qui forcerait les nouveaux médecins à passer les cinq premières années de leur pratique dans le réseau public — que 2300 médecins formés au Québec sont déménagés en Ontario.
M. Bergeron-Cyr a par ailleurs présenté une pétition de la CSN de près de 10 000 signatures contre la privatisation du réseau de la santé et des services sociaux.
La CSN exhorte également le gouvernement Legault à cesser d'octroyer des permis de cliniques privées à but lucratif dès maintenant. «Qu'on arrête la prolifération des cliniques à but lucratif. Ça pousse comme des champignons», a lancé M. Bergeron-Cyr.
Comme troisième demande, la CSN veut que le gouvernement instaure un moratoire sur tous les types de privatisation du travail et des tâches accomplies au public, notamment des agences de placement, de buanderies, de l'entretien des bâtiments, du transport de patients, etc.
Vincent Marissal, porte-parole de QS en matière de santé, s'est dit encouragé de voir que le ministre de la Santé, Christian Dubé, semble vouloir avoir un réel débat sur la place du privé en santé.
M. Marissal a affirmé que le système public de santé «se fait égorger ces temps-ci, notamment par les compressions supplémentaires de 1,5 milliard $ dans le réseau public de la santé».
«Pendant ce temps, a-t-il poursuivi, le privé prolifère de toutes sortes de façons.»
Joël Arseneau, porte-parole du PQ en matière de santé et de services sociaux, a aussi critiqué la situation actuelle dans le réseau public. «C'est opportun de parler du privé en santé, de la marchandisation de la santé parce que le système public s'écroule», a-t-il déclaré.
«On est sur le bord du point de rupture et le développement du privé en santé est l'une des causes de la rupture des services dans le réseau public au Québec», a ajouté le député.
Il estime que le projet de loi 83 du ministre Dubé «vise la mauvaise cible», mais qu'au moins cela permet de discuter de cet enjeu.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne