Saint-Jean, Calgary et Windsor seraient les plus durement touchées par les tarifs
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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Les villes de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, Calgary, en Alberta, et Windsor, en Ontario, sont les trois villes canadiennes qui seraient les plus durement touchées par les tarifs généraux américains, selon une nouvelle étude de la Chambre de commerce du Canada.
Au Québec, trois villes «à forte intensité commerciale» seraient particulièrement touchées. La région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, responsable d’environ un tiers de la production canadienne d’aluminium, occupe la septième place dans la liste des 41 villes canadiennes les plus vulnérables à des tarifs généraux.
Trois-Rivières, une ville portuaire qui traite de l’aluminium et des produits forestiers et agroalimentaires, arrive en neuvième place. Et Drummondville, un acteur important dans le domaine des produits de bois et du mobilier résidentiel, arrive en douzième place.
En utilisant les données commerciales de Statistique Canada, la Chambre de commerce du Canada a élaboré un «indice d'exposition aux tarifs américains», afin d'examiner l'impact potentiel des menaces de tarifs américains sur 41 villes canadiennes.
L'étude a examiné les données d'exportation de Statistique Canada à la lumière de la menace initiale du président américain Donald Trump d'imposer des tarifs généraux de 25 % sur toutes les marchandises entrant aux États-Unis en provenance du Canada et du Mexique.
M. Trump a retardé l'imposition de ces tarifs douaniers jusqu'au 4 mars, au moins en réponse aux engagements de sécurité frontalière des deux pays.
Lundi, M. Trump a signé des décrets exécutifs pour imposer des tarifs de 25 % sur toutes les importations d'acier et d'aluminium aux États-Unis, y compris celles en provenance du Canada. Des villes comme Hamilton et Sault Ste. Marie, en Ontario, pourraient être les plus durement touchées par ces tarifs spécifiques, avec leurs importantes sidérurgies.
Mais la Chambre a examiné l’impact potentiel des tarifs douaniers généralisés et a conclu que les villes qui exportent le plus de biens vers les États-Unis en proportion de leur économie locale seront les plus touchées.
Les chercheurs ont ainsi souligné que Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, est la plus vulnérable des villes canadiennes. Saint-Jean abrite la plus grande raffinerie de pétrole brut du Canada – elle peut traiter plus de 320 000 barils par jour et plus de 80 % de ce pétrole est exporté au sud de la frontière.
Par ailleurs, le rapport de la Chambre de commerce rappelle que les fruits de mer et les produits forestiers sont les autres principales exportations du Nouveau-Brunswick vers les États-Unis.
Calgary et le sud-ouest de l'Ontario
Calgary est la deuxième ville canadienne la plus vulnérable, car elle exporte également du pétrole brut et du gaz naturel vers les États-Unis, soulignent les chercheurs. Une autre de ses principales exportations, le boeuf, serait aussi exposée en cas de guerre commerciale.
Le rapport indique que plusieurs villes du sud-ouest de l’Ontario sont exposées, car elles abritent le secteur canadien de la fabrication d’automobiles et de pièces détachées. Les chercheurs ont conclu que Hamilton, où se trouve l’industrie canadienne de l’acier, subirait un coup dur économique, tout comme Saguenay et Trois-Rivières, où se trouvent les principaux producteurs d’aluminium et de produits forestiers du Québec.
«Les tarifs douaniers proposés par le président Trump auront des conséquences majeures pour l’économie mondiale – mais pour certaines villes du Canada, la menace est beaucoup plus proche et personnelle», souligne Stephen Tapp, économiste en chef à la Chambre de commerce du Canada.
«Grâce à cette analyse, les Canadiens, les entreprises et les responsables politiques ont davantage d’éléments pour éclairer les discussions en cours sur la façon dont le Canada peut répondre au mieux au défi considérable de ces tarifs douaniers américains inutiles et injustifiés.»
Certaines villes canadiennes ont moins à craindre des tarifs, selon le rapport. Il s’agit notamment des villes situées sur les côtes canadiennes, comme Victoria et Halifax, qui exportent davantage vers l’Asie ou l’Europe.
Les chercheurs affirment que Sudbury, en Ontario, est également moins vulnérable parce que ses exportations de nickel et de cuivre «aboutissent sur d’autres marchés internationaux que les États-Unis».
Au Québec, Sherbrooke arrive en 22e place sur 41 villes canadiennes, Montréal en 23e et Québec en 26e; Ottawa-Gatineau arrive en 29e place.
«La menace tarifaire imminente est toujours bien réelle: nous devons rester vigilants et nous préparer à vivre les impacts de ceux-ci», indique Candace Laing, présidente et cheffe de la direction de la Chambre de commerce du Canada.
«Des membres de partout au Canada nous ont déjà fait remarquer que la menace des tarifs douaniers déstabilise leurs entreprises et l’économie de leurs villes. Ces nouvelles données soulignent une fois de plus que l’incertitude pèse sur les communautés canadiennes alors que la prospérité de plusieurs d’entre elles dépend d’une relation stable avec les États-Unis.»
Catherine Morrison, La Presse Canadienne