Poilievre s'attaque aux véhicules électriques, Carney sur la défensive


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Le conservateur Pierre Poilievre a fait une première escale en Nouvelle-Écosse où il a promis de s'attaquer aux quotas de véhicules électriques imposés aux constructeurs. À l'autre bout du pays, l'ombre de Donald Trump continuait de planer, jeudi, sur la campagne du chef libéral, Mark Carney.
Le chef du Parti conservateur du Canada (PCC), Pierre Poilievre, veut mettre fin à la réglementation instaurée par le gouvernement libéral exigeant que 20 % de tous les nouveaux véhicules de tourisme vendus au Canada soient à zéro émission d'ici 2026. Ce seuil augmente chaque année, atteignant 60 % en 2030 et 100 % en 2035.
M. Poilievre décrit cette réglementation comme une «taxe» qui au bout du compte sera refilée aux acheteurs. Puisque, explique-t-il, dès l'année prochaine, les fabricants d'automobiles devront «payer une amende allant jusqu'à 20 000 $ par véhicule».
«Il ne s'agit pas d'une pénalité pour le fabricant d'automobiles. C'est une nouvelle taxe qui va être imposée sur vous, l'acheteur, si vous souhaitez acheter une voiture à essence ou hybride», a soutenu le dirigeant du PCC, à Halifax.
La réglementation sur les véhicules électriques obligatoires comprend un système de crédits offrant aux constructeurs automobiles une certaine flexibilité pour atteindre leurs objectifs de vente. Ils peuvent toucher et accumuler des crédits de 20 000 $ chacun pour la vente de véhicules électriques ou hybrides, et les perdre s'ils n'atteignent pas les objectifs.
Cette politique de quotas s'inscrit dans le plan global du gouvernement fédéral visant à réduire, d'ici 2030, les émissions de gaz à effet de serre de 40 % par rapport aux niveaux de 2005.
Pendant ce temps, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, a soutenu que les protections environnementales devraient être exclues des négociations commerciales avec les États-Unis, tout comme les droits des Autochtones.
De passage à Winnipeg, au 33e jour de la campagne électorale fédérale, M. Singh a aussi indiqué que les minéraux critiques, l'hydroélectricité et les transports en commun devraient être protégés au moment d'éventuels pourparlers avec les Américains.
Le chef néo-démocrate avait déjà demandé d'exclure plusieurs autres enjeux des négociations, dont la gestion de l'offre, la langue française et le bois d'oeuvre.
L'ombre de Donald Trump
D'ailleurs, les menaces du président américain qui planent sur la souveraineté canadienne se sont de nouveau immiscées dans la campagne fédérale. Le chef du Parti libéral du Canada et premier ministre sortant a dû revenir sur son appel avec Donald Trump en mars dernier.
Mark Carney a admis que le locataire de la Maison-Blanche avait soulevé la question de faire du Canada un 51e État lors de leur premier entretien téléphonique, contrairement à ce que ses déclarations précédentes laissaient entendre.
Selon un article de Radio-Canada, le président américain avait évoqué l'idée d'un 51e État. Dans son résumé de la conversation, M. Carney avait conclu que le président américain avait respecté la souveraineté «tant dans ses commentaires publics que privés».
Jeudi midi, pressé de questions par plusieurs journalistes à savoir si M. Trump avait bel et bien parlé du 51e État, le chef libéral a fini par acquiescer. «Oui, il l'a soulevé», a-t-il lâché, en point de presse à Coquitlam, en Colombie-Britannique.
Dans les heures précédentes, les adversaires de M. Carney s'étaient empressés de lui réclamer des comptes et l'ont accusé de ne pas dire toute la vérité.
Selon le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, son rival libéral «a manipulé la vérité avec bien peu de précautions (...) pour se donner l'image d'un leader fort, grand négociateur, gestionnaire de crise».
M. Blanchet poursuivait, pour sa part, sa tournée en banlieue montréalaise pour une deuxième journée d'affilée, après avoir fait une escale à Dorval, sur l'île de Montréal.
Le bloquiste a de nouveau réfuté toute idée voulant qu'il cherche à sauver les meubles en faisant campagne dans des circonscriptions étant déjà dans le giron de sa formation politique. M. Blanchet s'est aussi rendu dans une circonscription que le Bloc espère ravir au sud de Montréal, Brome-Missisquoi.
Il a réitéré son appel aux Québécois d'envoyer le plus de députés possible de son parti à la Chambre des communes afin que les bloquistes détiennent la balance du pouvoir sous un gouvernement libéral minoritaire.
M. Singh du NPD passe aussi une partie des derniers jours de la campagne électorale dans les villes où il espère conserver des sièges qui pourraient être menacés. Il a également fait valoir que les députés néo-démocrates ont été capables d'apporter du changement au niveau fédéral ces dernières années.
— Avec des informations de Sarah Ritchie, Vicky Fragasso-Marquis, Michel Saba, d'Émilie Bergeron, de Dylan Robertson et David Baxter
Frédéric Lacroix-Couture, La Presse Canadienne