Plus on mange de fructose, plus l'intestin laisse entrer de glucose dans l'organisme
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Plus on mange de fructose, plus l'intestin laisse ensuite entrer de glucose dans l'organisme, ce qui peut contribuer à des maladies comme le diabète, ont constaté des chercheurs de l'Université Laval.
«Quand on mange trop de fructose, ça va causer un problème au niveau du système de détection du glucose dans l'intestin, a expliqué le responsable de l'étude, le professeur Fernando Forato-Anhê de la faculté de médecine.
«Quand on mange du glucose, notre intestin est capable de l'identifier et de s'y adapter. Si on en mange plus, il va en absorber plus, c'est normal. Mais quand il y a un excès de fructose, (...) ça fait en sorte que l'intestin commence à absorber un excès de glucose.»
Le fructose est un sucre présent dans de nombreux aliments ultra-transformés comme les biscuits ou les boissons énergisantes.
Le professeur Forato-Anhê et ses collègues ont découvert, en étudiant des souris, qu'une consommation élevée de fructose modifie les détecteurs intestinaux du glucose, ce qui entraîne une absorption exagérée de cet autre sucre omniprésent dans notre alimentation.
Cela mène éventuellement à une intolérance au glucose, ou prédiabète, ou encore à la maladie du foie gras, puisque l'organisme n'est pas en mesure d'éliminer tout cet excédent.
«Avec trop de glucose, on cause une dérégulation de la glycémie, a rappelé le chercheur. Et c'est très dangereux parce que c'est comme ça que commence le diabète.»
Les scientifiques ont utilisé deux groupes de souris : un qui ne mangeait que du glucose, et l'autre dont l'alimentation incorporait à la fois du glucose et du fructose en excès, mimant la surconsommation humaine de ce sucre.
Les effets d’une quantité excessive de fructose étaient rapides. Après trois jours seulement, les souris mangeant du fructose montraient une augmentation de l’absorption du glucose dans l’intestin. À quatre semaines, elles devenaient intolérantes au glucose. Après sept semaines, elles avaient un foie gras, a énuméré le professeur Forato-Anhê.
«Notre étude montre très bien le mécanisme par lequel le fructose va avoir cet effet négatif sur la régulation de la glycémie», a-t-il estimé.
Les chercheurs ont ensuite constaté qu'il était possible, chez la souris, d'éviter les effets néfastes de cette surconsommation de fructose en bloquant le récepteur de l'hormone Glp2r.
Bloquer cette même hormone chez l'humain risquerait d'être plus compliqué, puisque l'activation de ce récepteur pourrait également jouer un rôle bénéfique dans le maintien de l'étanchéité de la barrière intestinale qui protège contre l'invasion microbienne.
Cette découverte pourrait toutefois ouvrir la voie à de nouvelles avenues thérapeutiques, par exemple en modifiant le microbiome intestinal avec les microbes qui réagissent au fructose.
«C'est important de mieux comprendre les mécanismes qui sont derrière (le diabète et la maladie du foie gras) pour trouver d'autres façons plus créatives ou plus efficaces de les contrer, a conclu le professeur Forato-Anhê. Et on sait très bien que l'alimentation est un déterminant très important pour ces maladies.»
L’étude a été publiée dans la revue scientifique Molecular Metabolism, et elle en fait la couverture pour l'édition de mars 2025.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne