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Plus de financement nécessaire pour contrer la violence conjugale, selon des experts

durée 16h41
4 janvier 2025
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

HALIFAX — Des experts en violence conjugale affirment qu'une série de décès survenus en Nouvelle-Écosse au cours des trois derniers mois souligne la nécessité d'améliorer le financement des programmes qui luttent contre les causes profondes de la violence conjugale.

Les derniers décès sont survenus la veille du Nouvel An, lorsque Matthew Costain, 39 ans, aurait tué par balle sa conjointe, Cora-Lee Smith, 40 ans, et son père, Bradford Downey, 73 ans, avant d'être retrouvé mort d'une blessure par balle qu'il s'était lui-même infligée.

L'Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse a déclaré que la violence conjugale était une «épidémie» en septembre, mais depuis, quatre femmes ont été assassinées, en plus de M. Downey. Tous les cas impliquent un agresseur qui s'est suicidé après avoir prétendument tué sa partenaire féminine.

Emma Halpern, directrice de la Elizabeth Fry Society de la Nouvelle-Écosse continentale, a affirmé que les décès survenus dans toute la province sont un signe clair que les déclarations officielles doivent être rapidement suivies d'actions spécifiques.

«La violence conjugale est une épidémie, alors maintenant que faire ? Il ne suffit pas de la nommer, a-t-elle soutenu, samedi, lors d'une entrevue. Nous devons fournir les ressources nécessaires aux personnes ayant l'expertise pour trouver des solutions. Cela ne peut pas être un problème du moment, avec quelques centaines de milliers de dollars jetés dans les refuges pour femmes et ensuite s'en aller.»

Mme Halpern fait référence aux recommandations de la commission d'enquête qui a enquêté sur la pire fusillade de masse de l'histoire moderne du Canada, qui a fait 22 morts en avril 2020 et qui a commencé par l'agression violente du tireur sur sa conjointe de fait. L'enquête a également appris que le tueur avait un long historique de violence conjugale.

«Très peu de recommandations (sur la violence conjugale) ont été effectivement prises en compte, a affirmé l'avocate et défenseure. Engageons-nous à répondre à toutes les conclusions de la commission.»

Ces recommandations incluent un appel à un financement «de base» à long terme pour les centres qui aident les victimes et traitent les auteurs, plutôt que de laisser les refuges et les agences de conseil chercher des subventions renouvelables auprès de la province.

Mme Halpern a dit que le logement est également un problème clé pour les personnes confrontées à la violence conjugale. Elle a indiqué que son agence, qui aide les femmes vulnérables et leurs familles, doit souvent placer les femmes et les enfants sur des listes d'attente.

En outre, il est urgent de créer des ressources où les femmes peuvent signaler «les signaux d'alarme et les risques qui se produisent dans les relations» et recevoir de l'aide, plutôt que de se tourner vers la police, a-t-elle dit.

«Ce que je constate tout le temps, lorsque je travaille avec des survivantes de violences conjugales, c'est qu'elles ne veulent pas aller voir la police, car cette personne qu'elles aiment va simplement être blessée par ce système», a-t-elle expliqué.

Robert Wright, directeur émérite de la Peoples’ Counselling Clinic à but non lucratif de Halifax, a déclaré samedi que les meurtres de Mme Smith et M. Downey étaient «une tragédie à tous les niveaux» et a souligné le besoin urgent de programmes pour hommes comme celui que son agence propose.

M. Wright, un travailleur social et thérapeute afro-néo-écossais possédant des décennies d’expérience, a dit que si l’on ne s’attaque pas aux causes profondes de la violence masculine – y compris les abus qu’ils ont eux-mêmes subis lorsqu’ils étaient enfants ou adolescents – le nombre de décès liés à la violence familiale ne diminuera probablement pas.

«Nous devons décortiquer la tragédie… que vivent tant de familles noires parce qu’elles n’ont pas accès aux bonnes ressources pour garder leurs jeunes hommes sur la bonne voie dès leur plus jeune âge, et elles se retrouvent dans des circonstances tragiques», a-t-il affirmé, dans une entrevue.

M. Wright a dit qu'il doit y avoir «une campagne massive à l'échelle de la population», qui offre un traitement intensif pour aider les hommes violents à faire face à leurs dépendances, à leurs problèmes de santé mentale et à leurs abus passés.

Michael Tutton, La Presse Canadienne

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