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Ottawa envisage toutes les options de rétorsion, selon la ministre Petitpas Taylor

durée 15h43
17 février 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Le gouvernement fédéral examine de près les affaires qu'il fait avec les entreprises américaines alors qu'il envisage des moyens de contrer les menaces de tarifs du président américain Donald Trump.

Dans une entrevue avec La Presse Canadienne, la présidente du Conseil du Trésor, Ginette Petitpas Taylor, membre du comité gouvernemental sur les relations canado-américaines, a indiqué que le gouvernement examine «où sont accordés les contrats et où sont conclus les contrats».

«Tout est sur la table, a déclaré la ministre. Nous espérons certainement pouvoir éviter les tarifs à tout prix, mais si les tarifs arrivent, nous allons réagir de manière appropriée.»

Quand on lui a demandé combien de contrats le gouvernement fédéral a conclus avec des entreprises américaines, Mme Petitpas Taylor a mentionné que «tous les ministères sont en train de chercher où se trouvent ces contrats et où ils sont situés».

«Nous continuons de travailler en collaboration au sein de tous les ministères, a-t-elle expliqué. Je pense que nous sommes tous sur le qui-vive et que nous attendons avec impatience ce qui va se passer.»

Donald Trump menace d'imposer des droits de douane élevés sur les importations en provenance du Canada et d'autres pays.

Il a souligné que les droits de douane sur les automobiles entreraient en vigueur vers le 2 avril. Il n'a pas précisé quels pays seraient ciblés ni à quel niveau ils s'élèveraient.

Le président a également annoncé la semaine dernière un plan visant à imposer ce qu'il a appelé des «droits de douane réciproques» dès avril, soit des droits de douane américains plus élevés pour correspondre aux taux de taxation que d'autres pays imposent sur les importations américaines.

Au début du mois, M. Trump a suspendu pendant plusieurs semaines son plan annoncé de frapper le Canada et le Mexique de droits de douane généraux de 25 %, avec une taxe inférieure de 10 % sur l'énergie canadienne.

Il a également signé des décrets exécutifs pour imposer des droits de douane de 25 % sur toutes les importations d'acier et d'aluminium aux États-Unis, y compris les produits canadiens, à compter du 12 mars.

Le plan de rétorsion d'Ottawa devait commencer par un tarif initial de 25 % sur 30 milliards $ de marchandises américaines au début de février, suivi de droits de douane sur 125 milliards $ de marchandises supplémentaires trois semaines plus tard. Ces mesures ont été suspendues.

Des contrats possiblement résiliés?

Mme Petitpas Taylor a affirmé que le gouvernement envisageait toutes les options de rétorsion, mais un porte-parole du ministre des Services publics et de l'Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, n'a pas précisé si le gouvernement envisageait de résilier les contrats avec les entreprises américaines.

«Notre gouvernement surveille de près la situation commerciale aux États-Unis, évalue les impacts potentiels sur les projets existants et étudie le recours à des contre-mesures tarifaires et non tarifaires pour avoir une réponse équilibrée et forte si nécessaire», a déclaré Mathis Denis, attaché de presse de M. Duclos.

Lorsqu’on lui a demandé combien de contrats gouvernementaux étaient passés avec des entreprises américaines, la porte-parole de Services publics et Approvisionnement Canada, Michèle LaRose, a avancé que le ministère ne recueillait pas de «données spécifiques» sur tous les contrats fédéraux.

Le rapport des comptes publics fédéraux montre que le Canada a dépensé 20,7 milliards $ en impartition en 2023-2024, contre 18,5 milliards $ en 2022-2023, 17,5 milliards $ en 2021-2022 et 14,7 milliards $ en 2020-2021.

Dans une déclaration publiée le mois dernier, la candidate à la direction du Parti libéral, Chrystia Freeland, a demandé que les entreprises américaines soient interdites de soumissionner pour les contrats d’approvisionnement fédéraux canadiens — autres que ceux liés à la défense — et que les agences gouvernementales fédérales cessent d’acheter des biens auprès d’entreprises américaines.

Marcia Mills est associée et cofondatrice du groupe de sécurité nationale de Fasken et membre des équipes de relations gouvernementales et de droit politique du cabinet d’avocats. Elle a expliqué qu'avant que le gouvernement envisage de rompre un contrat avec une entreprise américaine, il doit d'abord déterminer s'il peut remplacer le fournisseur et combien cela coûterait de mettre fin au contrat.

Elle a souligné que le gouvernement doit déterminer si une entreprise américaine est directement impliquée dans le contrat ou n'est qu'un point de la chaîne d'approvisionnement. Il doit également se préparer à ce que le gouvernement américain adopte la même approche avec les fournisseurs canadiens.

«Si vous voulez couper votre chaîne d'approvisionnement, vous devez déterminer où vous allez obtenir vos biens et services», a indiqué Mme Mills.

Selon elle, le Canada ne devrait pas s'attendre à ce que l'annulation des contrats gouvernementaux ait beaucoup d'influence sur l'administration Trump.

«Le marché gouvernemental canadien est très petit pour un fournisseur américain, a-t-elle soutenu. Une grande multinationale américaine qui a des contrats avec le gouvernement canadien, je ne m'attendrais pas à ce que cela représente une part importante de ses revenus».

- Avec des informations de Sarah Ritchie et de Kelly Geraldine Malone.

Catherine Morrison, La Presse Canadienne