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Neuf sites de consommation supervisée de l'Ontario fermeront malgré l'injonction

durée 17h59
31 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

TORONTO — Neuf sites de consommation supervisée de l'Ontario fermeront mardi comme prévu, a annoncé lundi le gouvernement provincial, malgré une récente injonction judiciaire leur permettant de rester ouverts temporairement.

La Cour supérieure de justice de l'Ontario a accordé l'injonction vendredi, tandis qu'un juge examine une contestation constitutionnelle d'une loi provinciale interdisant aux sites d'exercer leurs activités à moins de 200 mètres des écoles ou des garderies. La loi entre en vigueur mardi.

Seul un site sur dix dont la fermeture est prévue est prêt à rester ouvert. Neuf d'entre eux ont accepté de devenir de nouveaux centres de traitement de l'itinérance et de la toxicomanie, ou centres HART, comme les appelle la province.

Ils recevront environ quatre fois plus de fonds que sous l'ancien modèle de financement, mais ils ne seront pas autorisés à offrir des services de consommation supervisée de drogues.

«Les neuf centres HART en transition ouvriront le 1er avril comme prévu, assurant ainsi la continuité des services de soutien en santé mentale lorsque les sites d'injection de drogues fermeront le 31 mars, a déclaré Hannah Jensen, porte-parole de la ministre de la Santé, Sylvia Jones. Les neuf centres ont reçu un financement de démarrage et le ministère continuera de collaborer avec eux pour finaliser leurs budgets de fonctionnement d'ici la mi-avril.»

Vendredi dernier, le juge John Callaghan a statué que tous les centres dont la fermeture était imminente pourraient rester ouverts jusqu'à 30 jours après sa décision, estimant que les préjudices potentiels pour les consommateurs de drogue en cas de fermeture des centres l'emportaient sur le risque de troubles publics à proximité.

Peu après la décision, le bureau de la ministre Jones a déclaré à La Presse Canadienne que la province allait de l'avant avec un modèle de traitement basé sur l'abstinence dans le cadre de la nouvelle loi, qui interdit également la distribution et la collecte d'aiguilles et d'autres accessoires de consommation de drogues.

Une action intentée en décembre dernier

Le Neighbourhood Group et deux personnes qui utilisent son centre de consommation, le Kensington Market Overdose Prevention Site, avaient intenté une action en justice contre la province en décembre dernier, alléguant que la loi violait à la fois la Charte des droits et libertés et la Constitution.

La semaine dernière, ils ont plaidé devant le tribunal que la loi violait le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne.

Le site de Kensington Market, qui restera ouvert, ne reçoit pas de financement provincial et ne sera pas transformé en centre HART. Il n'est donc pas entravé comme les autres sites, a déclaré le PDG Bill Sinclair.

«Plus de 21 000 surdoses ont été inversées au cours des cinq dernières années dans tous ces sites, et collectivement, dans toute la province, de nombreuses vies ont été sauvées et des personnes se promènent maintenant parce que nos portes étaient ouvertes, a déclaré M. Sinclair. Nous sommes donc heureux de pouvoir continuer à offrir des services vitaux.»

L'un des deux sites gérés par les Parkdale Queen West Community Health Sites fermera également définitivement ses portes lundi soir, bien que l'organisation ait célébré l'injonction du tribunal la semaine dernière.

Le site de consommation du quartier Queen West de Toronto devra fermer ses portes lundi, a indiqué la directrice générale du site, Angela Robertson.

Se prévaloir de l'injonction du tribunal signifierait perdre l'argent que le site est censé recevoir pour la conversion en centre HART, a-t-elle ajouté.

Une exemption fédérale autorisant le site à offrir de la consommation supervisée expire lundi, a-t-elle ajouté, et elle ne peut être prolongée sans financement.

Mme Robertson a indiqué que les clients du site sont invités à déménager vers un site jumeau du quartier Parkdale, qui continuera de fonctionner, car il se trouve à plus de 200 mètres d'une école ou d'une garderie et n'est donc pas visé par la nouvelle loi.

La fin de semaine a été difficile pour les utilisateurs du site, a-t-elle expliqué.

«C'est difficile, car les clients ont appris la nouvelle d'une injonction et sont venus au service cette fin de semaine en pensant que nous avions encore 30 jours pour rester ouverts, a expliqué Mme Robertson. C'est ainsi que les clients ont appris la nouvelle et nous avons dû anéantir leurs espoirs.»

Un site de Kitchener, en Ontario, se trouve dans la même situation que le site Queen West. L'exemption fédérale du Centre de santé Sanguen expire lundi et il ne pourra pas obtenir de financement supplémentaire de la province s'il continue d'autoriser la consommation de drogues. Ses portes fermeront donc également.

Le Centre de santé Sanguen s'est engagé à poursuivre la lutte pour sauver son site de consommation supervisée.

«Nous rouvririons immédiatement si nous disposions de l'exemption, des installations et du financement nécessaires, mais nous continuerons à travailler avec diligence pour rétablir ces services essentiels, si la contestation judiciaire aboutit», a expliqué Julie Kalbfleisch, porte-parole du centre.

Doug Ford appelé à réagir

L'Association des infirmières et infirmiers autorisés de l'Ontario a demandé au premier ministre Doug Ford de faire marche arrière à la dernière minute.

«Le premier ministre Ford a le pouvoir de prendre l'une des décisions les plus importantes de sa carrière – sauver des vies – en abrogeant la loi gouvernementale visant à fermer les sites (de consommation supervisée), a indiqué Lhamo Dolkar, président de l'AIIAO, dans un communiqué. Nous exhortons notre premier ministre à agir immédiatement.»

Plus de 2600 Ontariens sont morts d'une surdose d'opioïdes en 2023, dernière année complète pour laquelle des données sont disponibles auprès du Bureau du coroner en chef de l'Ontario.

La semaine dernière, le tribunal a appris que plus de 21 000 cas de surdose ont été inversés dans des centres de consommation supervisée de la province depuis leur légalisation en 2019.

La province investit 550 millions $ pour financer 28 centres HART en Ontario, ainsi que 540 nouveaux logements avec services de soutien.

Liam Casey, La Presse Canadienne