Malgré un programme fédéral, des familles de Canadiens restent coincées à Gaza
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Par La Presse Canadienne, 2024
SAINT-JEAN — Le temps est compté pour les proches de Canadiens à Gaza qui comptent sur programme fédéral de visas pour quitter le territoire en ruine.
Damey Lee fait partie d'un groupe d'avocats spécialisés en immigration qui ont intenté une action en justice devant la Cour fédérale pour représenter 53 membres de familles de Canadiens palestiniens toujours bloqués à la première étape du processus de demande.
La plainte déposée plus tôt ce mois-ci demande à la Cour d'ordonner au ministre canadien de l'Immigration de traiter leurs documents initiaux et de leur permettre de déposer leurs demandes de visa avant la fin du programme limité en avril.
«Il n'y a aucune justification pour ce retard a soutenu Me Lee dans une récente entrevue. Il n'y a pas d'étape d'admissibilité, rien ne prendrait du temps».
Elle estime que cette politique a surtout été une déception pour la communauté canadienne palestinienne.
«Je ne pense pas qu'ils n'oublieront jamais ce moment où le gouvernement canadien les a laissés tomber», a-t-elle déclaré. Le programme spécial de visas temporaires débutait le 9 janvier 2024 et sa demande en plusieurs étapes a suscité des critiques de la part de certains avocats spécialisés en immigration, qui la trouvaient trop compliquée. Le programme se termine le 22 avril et un maximum de 5000 visas seront délivrés.
Pour présenter une demande, les Canadiens d'origine palestinienne remplissent d'abord un formulaire de déclaration statutaire identifiant les membres de leur famille à Gaza qui pourraient être admissibles à un visa. Ils soumettent le formulaire, ainsi que les informations d'identification de leur famille, via un site internet du ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada.
Si les documents sont en ordre, le ministère envoie à chacun de ces membres de la famille un code unique qu'ils doivent utiliser pour commencer leur demande de visa. Si les documents sont incomplets, la poursuite affirme que le site internet du ministère promet que les demandeurs recevront un courriel expliquant le problème.
Me Lee a affirmé que ses clients n'ont pas reçu de code, ni aucun retour sur les raisons pour lesquelles ils n'en ont pas reçu. Ils ont tous soumis leurs formulaires Web et leurs documents d'identité dans le premier mois suivant l'ouverture du programme, et ils attendent depuis plus d'un an.
Pendant ce temps, ils ont passé d'innombrables heures à contacter le ministère eux-mêmes, ainsi que des avocats et leurs députés locaux, en vain, a ajouté Me Lee.
Elle a noté que l'étape préliminaire pour arriver à la demande de visa proprement dite est «inhabituelle» et qu'il n'y avait aucune raison pour que ses clients attendent si longtemps pour obtenir une réponse: les gens ne sont pas examinés pour l'admissibilité au Canada avant d'avoir franchi cette étape et de déposer leur demande de visa.
Les places commencent également à manquer dans le programme. Seules 5000 demandes de visa seront acceptées pour traitement, et 4873 étaient déjà dans le système au 28 janvier, a indiqué le ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada dans un courriel. Parmi celles-ci, 1093 ont obtenu des visas et 645 personnes sont arrivées au Canada, précise le courriel.
En réponse aux questions sur les retards allégués dans l'affaire judiciaire, le ministère de l'Immigration a déclaré dans un communiqué qu'il ne pouvait pas commenter les cas individuels des plaignants.
«Nous avons reçu un grand nombre de formulaires Web, indique le courriel non signé. Nous les examinons actuellement pour vérifier qu'ils sont complets. Les délais de traitement varieront en fonction des détails de chaque demande et des places disponibles dans le cadre de ces mesures.»
Sarah Smellie, La Presse Canadienne