L’hiver plus froid réjouit les amateurs de pêche sur glace en 2025
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Les températures chaudes ont limité les activités hivernales au Québec l’an dernier. Le retour du temps froid a été accueilli avec joie par les pêcheurs sur glace, qui peuvent explorer des voies navigables gelées qui étaient interdites ces dernières années, même s’ils se demandent combien de temps encore cela va durer.
«Cette année, c’est comme il y a 10 ans. Les vieux pêcheurs disent toujours: "avant, on pouvait aller à tel endroit et à tel autre en voiture". Eh bien, cette année, c’est comme ça», se réjouit Olivier Soumis.
L’homme de 25 ans s’aventure sur des lacs gelés depuis qu’il est tout petit. Ces dernières années, il a lancé l’entreprise Soumis Aventure, qui emmène des touristes et des amateurs locaux pêcher sur la glace.
Il dit avoir vu plus de gens pêcher autour de Montréal cet hiver. Lorsque la glace est épaisse, les gens peuvent sortir des tentes chauffées ou même des cabanes, avec de la bière, des haut-parleurs et des barbecues pour cuisiner un repas de poisson en plein air, raconte-t-il.
M. Soumis se demande combien d’hivers encore il pourra pêcher avec le paysage urbain de Montréal en toile de fond. «Parfois, on plaisante en disant qu’on sera sur un petit bloc de glace au milieu du fleuve dans 10 ans», lance-t-il.
Gina Ressler, météorologue à Environnement Canada, a déclaré que, même si l’hiver en cours n’est pas froid selon les normes historiques du Québec, on le ressent un peu plus que l’année dernière, lorsque le phénomène El Niño avait apporté des températures plus chaudes. «Une fois que l’hiver est arrivé en janvier, il est en quelque sorte là pour de bon», a-t-elle affirmé.
Montréal n’est pas le seul endroit à célébrer le froid. À environ 200 kilomètres au nord de Québec, des centaines de cabanes colorées sont de nouveau parsemées dans le fjord dans deux villages de pêche sur glace près de Saguenay. L’an dernier, le temps chaud avait forcé les autorités à annuler cette tradition populaire pour la première fois.
Cette annulation a été un coup dur pour les pêcheurs et les pourvoyeurs touristiques locaux, selon Marilou Tremblay, qui travaille pour Contact Nature, le groupe qui gère le site. Cette année, le retour du village sur glace ainsi que les premières arrivées de navires de croisières hivernales dans la région laissent un sentiment «assez positif» chez les gens, selon elle.
Avec jusqu’à 1200 cabanes à l’Anse-à-Benjamin et à Grande-Baie, ces villages de pêcheurs sont parmi les plus grands au monde et créent un «paysage absolument magique» aux yeux de Mme Tremblay. «On voit les montagnes du fjord au loin et les bateaux dans le chenal navigable entre les deux villages. C’est presque difficile à croire si on ne l’a pas vu.»
Une adaptation nécessaire
Malgré cette saison prometteuse, Mme Tremblay et M. Soumis sont bien conscients que les températures ont tendance à se réchauffer ces dernières années, ce qui fait que l’hiver commence plus tard et se termine plus tôt, incitant le monde de la pêche sur glace à s’adapter.
Mme Tremblay souligne que des pêcheurs, des entreprises, des pourvoyeurs et des biologistes de la région s’unissent pour réfléchir à l’avenir de ce loisir.
De plus en plus de gens se tournent vers des cabanes plus légères qui ne nécessitent pas autant d’équipement lourd à installer, ou utilisent des tentes pour pêcher en solo. Alors qu’une personne peut pêcher sur aussi peu que 10 centimètres de glace, les cabanes plus légères nécessitent 30 centimètres et 45 centimètres pour les plus lourdes.
Cette année, son organisation a lancé l’application Glaces du Fjord, qui comprend une carte du secteur avec des marqueurs d’épaisseur de glace, ainsi que des informations telles que les stationnements et les entrées.
«C’est vraiment pour améliorer la sécurité, qui deviendra de plus en plus un enjeu», dit-elle.
M. Soumis constate lui aussi des changements à Montréal. De plus en plus, les cabanes de pêche sont remplacées par des tentes, et les voitures et les motoneiges sont remplacées par des personnes tirant du matériel sur des traîneaux légers comme celui qu’il utilise.
Les perceuses à glace plus lourdes cèdent de plus en plus la place à des perceuses moins puissantes, plus légères et fonctionnant avec des piles.
Malgré les températures chaudes des derniers hivers, M. Soumis a toujours réussi à trouver des endroits où pêcher. Cependant, il a dû rester plus près du rivage, loin du courant, où certaines espèces de poissons sont plus abondantes. Il a également écourté sa pêche en mars, qui est normalement son mois préféré.
Il envisage de se déplacer plus au nord dans quelques années pour avoir des hivers plus froids et une glace plus épaisse. Mais pour l’instant, il profite de ce que le temps froid apporte à sa ligne.
Morgan Lowrie, La Presse Canadienne