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Les premiers ministres font campagne contre les tarifs douaniers à Washington

durée 16h36
11 février 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

WASHINGTON — Les premiers ministres canadiens ont pris mardi le relais d'Équipe Canada à Washington pour faire pression contre les menaces tarifaires du président américain Donald Trump.

Le président a signé lundi des décrets exécutifs pour imposer des tarifs de 25 % sur toutes les importations d'acier et d'aluminium aux États-Unis, y compris les produits canadiens, à compter du 12 mars.

Les droits de douane de lundi marquent un autre développement dans les plans plus vastes de M. Trump visant à remodeler le commerce mondial et la politique étrangère américaine par le biais de tarifs douaniers.

Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a lancé un appel direct aux chefs d'entreprise américains dans la capitale des États-Unis, leur demandant de faire entendre raison aux législateurs républicains et au président lui-même au nom du Canada.

«Restons unis et, s'il vous plaît, faisons passer le message au président Trump: ce n'est pas une bonne idée pour les deux pays», a soutenu M. Ford aux membres de la Chambre de commerce des États-Unis mardi.

Cette poussée diplomatique du Conseil de la fédération, qui comprend les 13 premiers ministres provinciaux et territoriaux, était initialement prévue pour faire face à la menace de Donald Trump d'imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les importations canadiennes, avec une taxe inférieure de 10 % sur l'énergie canadienne.

Le président américain a retardé ces taxes jusqu'au 4 mars au moins, en réponse aux engagements de sécurité frontalière des deux pays.

Le premier ministre ontarien a déclaré qu'il était déçu par les dernières taxes. Alors que les premiers ministres discuteront avec le gouvernement fédéral de mesures de rétorsion, M. Ford a déclaré que c'était la dernière chose que quiconque souhaite.

Lui qui avait initialement suggéré de couper les flux d'énergie vers les États-Unis, aujourd'hui, M. Ford s'appuie plutôt sur sa proposition de «forteresse Amérique-Canada» pour renforcer l'alliance en matière de ressources entre les deux pays dans le but de repousser l'influence géopolitique de la Chine.

M. Ford devait rencontrer plus tard mardi les républicains clés Lisa McClain - présidente de la Conférence républicaine de la Chambre - le représentant Rob Wittman et le sénateur Kevin Cramer.

Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, qui est également dans la capitale américaine, a déclaré que les Canadiens «dépendent beaucoup trop des décisions d'une seule personne à la Maison-Blanche». Il a affirmé qu'il était essentiel de tendre la main aux républicains.

La certitude d'être dans l'incertitude

Malgré des mois de diplomatie de tous les niveaux du gouvernement canadien, on ne sait toujours pas ce que Donald Trump veut voir du voisin du nord des États-Unis. Ses menaces initiales de tarifs douaniers concernaient la sécurité des frontières et le fentanyl, mais il a depuis élargi ses plaintes pour inclure les dépenses de défense et les déficits commerciaux.

Dimanche, le président américain a assuré qu'il était sérieux dans sa volonté de faire du Canada le 51e État.

Les tarifs douaniers semblent inévitables, a déclaré Eric Miller, président de Rideau Potomac Strategy Group, un cabinet de conseil transfrontalier basé à Washington et axé sur le commerce.

«Je ne suis pas sûr que beaucoup de choses puissent faire changer d'avis Donald Trump à ce stade», a analysé M. Miller.

Le nouveau locataire de la Maison-Blanche pourrait hésiter lorsque le marché boursier sera affecté et que les prix des produits et de l'énergie augmenteront, a indiqué M. Miller, ajoutant que cela signifie que le Canada souffrira, mais que les efforts des premiers ministres pour séduire les républicains à Washington pourraient atténuer l'impact.

«C'est un cas où, malheureusement, le président Trump doit toucher le poêle chaud avant de réaliser à quel point cette relation est précieuse et intégrée», a expliqué Eric Miller.

Le premier ministre ontarien a déclaré qu'il pensait que les menaces de Donald Trump concernant les tarifs douaniers étaient, en fin de compte, une tactique de négociation en prévision d'une révision obligatoire de l'accord Canada-États-Unis-Mexique. Le pacte trilatéral a été négocié pour remplacer l'Accord de libre-échange nord-américain sous la première administration Trump.

Au cours des négociations de 2018, M. Trump avait lancé l'idée d'un tarif de 25 % sur le secteur automobile canadien, cependant, cette idée n'a jamais été mise en œuvre. En revanche il avait utilisé ses pouvoirs en matière de sécurité nationale pour imposer un tarif de 25 % sur l'acier et un tarif de 10 % sur les importations d'aluminium.

Près d'un an plus tard, le Canada et le Mexique avaient pu négocier des exemptions, que M. Trump a supprimées dans ses décrets exécutifs de lundi.

Lorsque le pacte commercial est entré en vigueur en 2020, le président américain l'a décrit comme le «meilleur accord que nous ayons jamais conclu». Mais Doug Ford a prévenu qu'il était désormais peu probable que le président veuille attendre la révision de 2026 et que le Canada devrait être ouvert à la conclusion d'un «accord».

«La seule chose certaine à l'heure actuelle dans les deux économies est l'incertitude», a fait valoir M. Ford.

— Avec des informations de Chuck Chiang à Vancouver et d'Anja Karadeglija à Paris

Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne