Les organisations de médecins sont divisées sur le projet de loi 83


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Le projet de loi 83 de Christian Dubé, qui vise à freiner l'exode des médecins vers le privé, crée un clivage au sein des organisations. D'un côté, le Collège des médecins voudrait carrément que le statut de médecin non participant au régime public soit aboli, de l'autre, la Fédération des médecins de pratique privée du Québec et la Fédération des médecins spécialistes ne croient pas que le PL83 améliorera l'accès aux soins.
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a présenté la semaine dernière plusieurs amendements au projet de loi 83. Il a entre autres proposé que les médecins obtiennent au préalable une autorisation de Santé Québec pour se désaffilier de la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ).
M. Dubé affirme qu'environ 150 médecins font présentement un va-et-vient entre le privé et le public simplement en informant la RAMQ de leur intention. Le ministre voudrait que Santé Québec évalue la pertinence de chaque demande selon certains critères. Par exemple, qu'il ne manque pas de médecin dans les établissements publics de la région du médecin qui fait une demande pour se désaffilier.
Le Collège des médecins du Québec (CMQ) trouve cela insuffisant. Il réclame qu'un «encadrement professionnel et juridique plus rigoureux» du privé soit mis en place, alors que plus de 800 médecins œuvrent au privé au Québec contre quelques dizaines dans le reste du Canada. «Nous aurions souhaité que le gouvernement aille plus loin et interdise la valse des médecins entre le public et le privé, car cela contribue à la pénurie de personnel dans le réseau public», écrivait le CMQ sur Bluesky, la semaine dernière.
La Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) a un tout autre son de cloche. Elle a commenté sur Bluesky que le PL83 avait l'air d'avoir été «écrit sur un coin de table» et qu'il ratait «complètement la cible».
Mardi, c'était au tour de la Fédération des médecins de pratique privée du Québec (FMPPQ) de critiquer. Selon elle, les critères d'évaluation pour autoriser une désaffiliation de la RAMQ sont «administratifs et subjectifs». Elle estime aussi que cela porte atteinte à la liberté professionnelle des médecins et au libre choix des patients. «À terme, ce sont les patients qui en subiront les conséquences, notamment en ayant moins accès aux soins et envoyant leur chirurgie reportée, du moins à court terme», indique la FMPPQ dans un communiqué.
M. Dubé répète souvent que le privé doit être complémentaire au réseau public. Il a souligné que des ententes ont été conclues avec des cliniques privées pour que les patients continuent de se faire soigner plus rapidement et gratuitement.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne