Les femmes en situation de handicap peinent à avoir accès aux soins pour femmes


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Les femmes en situation de handicap physique ont de la difficulté à avoir accès aux soins spécifiques pour les femmes, tels que les mammographies et échographies ainsi que des soins périnataux, gynécologiques et oncologiques.
À l'approche de la Journée internationale des femmes, qui a lieu le 10 mars, l'organisme Moelle épinière et motricité Québec (MÉMO-Qc) lance un cri du cœur pour que l'accès aux soins de santé soit plus facile pour les quelque 600 000 femmes avec un handicap physique au Québec.
Ce n'est pas la prise de rendez-vous en soi qui pose problème; l'enjeu est d'avoir des équipements adaptés et du personnel compétent qui comprend la réalité des femmes avec un handicap physique.
«Tous les services gynécologiques sont vraiment difficiles», indique Marjorie Aunos, présidente du conseil d’administration de MÉMO-Qc, qui est paraplégique depuis 13 ans. Elle explique que les tables sont très hautes, la plupart du temps sans ridelle de lit et ne disposent pas de mécanisme qui fait baisser et monter la table.
Un autre exemple de difficulté d'accès est celui des mammographies qui n'ont souvent pas de fauteuil roulant pouvant se rapprocher de l'appareil. Mme Aunos a dû y retourner deux fois parce que ses images n'étaient pas assez nettes pour détecter s'il elle avait une masse anormale ou non. «Ce sont des problèmes qui sont récurrents, qui sont partout et qui affectent la santé des femmes qui sont en situation de handicap», déplore-t-elle.
MÉMO-Qc réclame que ça devienne la norme d'avoir des équipements adaptés dans les établissements de santé. Cela est essentiel pour l'accès aux soins des personnes en situation de handicap, mais ça aiderait aussi d'autres patients sans handicap physique, comme les femmes enceintes.
La dignité écorchée
Il y a aussi peu de personnel sensibilisé aux particularités médicales des femmes avec un handicap, selon MÉMO-Qc. «Un gynécologue qui a de l'expérience avec une femme paralysée au bas du corps, il n'y en a pas des tonnes», affirme Mme Aunos. Cette expertise est nécessaire, notamment pour s'assurer que la patiente n'aura pas de spasmes qui la feront tomber de la table durant l'examen.
Mme Aunos a raconté un douloureux souvenir alors qu'elle avait des douleurs dans le bas du ventre. Après deux visites à l'urgence, elle a finalement été vue par un médecin qui a vérifié que son stérilet était toujours en place. Pour ce faire, deux préposés l'ont mise en position gynécologique sur une table, qui était très étroite.
Comme elle ne pouvait pas tenir ses jambes et qu'elle risquait de chuter, d'autres employés sont venus aider à la tenir, dont une seule femme faisait partie du lot. «J'avais comme quatre hommes qui me regardaient dans une position gynécologique. [...] Si on parle de dignité, ça, j'ai braillé tout le long. Je l'ai fait parce que je savais que j'avais besoin de faire ça pour voir ce qui se passait, pour ma santé», raconte Mme Aunos.
Elle soulève une autre situation récurrente où les femmes avec un handicap ont de la misère à avoir des soins adéquats: lors d'une grossesse. «Beaucoup de femmes qui sont en situation de handicap qui tombent enceinte, qui veulent fonder une famille, elles aussi se retrouvent souvent à ne pas avoir de médecin qui savent comment la grossesse peut affecter la condition ou comment la condition peut affecter la grossesse», déplore Mme Aunos, qui est aussi maman.
Comme société, dit-elle, on doit se demander ce qu'on peut faire pour que ces femmes aient accès aux soins «dont elles ont besoin et qu'elles méritent».
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne