Les femmes atteintes de SP auraient un plus fort risque de maladie mentale périnatale
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Les femmes atteintes de sclérose en plaques auraient un risque plus élevé de maladie mentale périnatale comparativement à celles atteintes d'autres maladies chroniques, révèle l'analyse de près de 900 000 naissances en Ontario.
Les chercheurs ont constaté que 8 % des femmes atteintes de SP ont développé une nouvelle maladie mentale pendant la grossesse, un pourcentage qui bondissait à 14 % pendant la première année après la naissance.
«La maladie mentale pendant la grossesse ou après l'accouchement peut avoir un grand impact sur le parent et l'enfant, mais on en sait très peu au sujet de la maladie mentale pendant la grossesse», a dit l'auteure de l'étude, la docteure Ruth Ann Marrie, de la faculté de médecine de l'Université Dalhousie.
L'étude a comparé les femmes atteintes de SP à celles atteintes d'autres maladies chroniques comme l'épilepsie, la maladie inflammatoire de l'intestin et le diabète, ainsi qu'à des femmes en santé.
L'incidence de maladie mentale était 26 % plus élevée pendant la grossesse chez les femmes atteintes de SP, tandis que le risque était 33 % plus élevé pendant la première année suivant l'accouchement, et ce, même en tenant compte de facteurs comme l'âge, le statut socio-économique et des complications obstétriques.
Au total, la maladie mentale touchait 42 % des personnes atteintes de SP pendant la grossesse et 50 % pendant la première année post-partum, comparativement à 30 % et 38 % pour les femmes sans SP.
Environ 1 % des personnes atteintes de SP ont souffert de psychose et près de 6 % ont développé des troubles liés à l'utilisation de substances dans l'année qui a suivi l'accouchement.
Les personnes souffrant d'épilepsie, de maladies inflammatoires de l'intestin et de diabète présentaient également un risque accru de maladie mentale pendant la grossesse et la première année postnatale, par rapport aux personnes ne souffrant pas de ces maladies.
Ces résultats correspondent à l'incidence généralisée plus élevée de maladie mentale chez les gens atteints de sclérose en plaques, a dit la docteure Marrie.
«Et on ne parle pas seulement d'une seule maladie mentale, a-t-elle précisé. Le risque de dépression était plus élevé, le risque de psychose était plus élevé, le risque d'anxiété, le risque associé au suicide...»
Une partie de l'association entre la SP et la maladie mentale est génétique, a expliqué la docteure Marrie. On sait aussi que des «expériences de vie adverses» ― comme des agressions physiques ou émotionnelles, ou encore de la négligence ― peuvent augmenter à la fois le risque de SP et le risque de maladie mentale.
Certaines lésions cérébrales pourront aussi augmenter le risque de SP et de maladie mentale, a rappelé la docteure Marrie, mais il en reste encore beaucoup à apprendre au sujet de l'association entre les deux.
«Il peut donc y avoir des facteurs de risque communs, a-t-elle dit. Donc, si on pense à quelqu'un qui doit composer avec une maladie chronique, et qui doit en plus composer avec tout ce qui accompagne une grossesse, s'adapter au stress et aux changements émotionnels et physiques et hormonaux... tout ça peut contribuer au risque accru (de maladie mentale) pendant la grossesse, mais ce n'est qu'une théorie.»
L'important pour le moment, a ajouté la docteure Marrie en conclusion, est de réaliser que la maladie mentale pendant la grossesse est plus courante qu'on ne le croit. Au niveau clinique, face à une patiente atteinte de SP et qui est enceinte ou qui prévoit l'être, «ce serait un bon moment de lui parler de choses qu'elle doit savoir».
«Il faut s'assurer que ces patientes disposent des bons appuis et qu'elles savent vers qui se tourner si des symptômes apparaissent, a-t-elle dit. Il faut poser des questions à ces patientes si on veut pouvoir intervenir en temps opportun.»
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical Neurology.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne