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Les études canadiennes financées par les États-Unis ont un avenir incertain

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6 février 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

Les chercheurs canadiens qui dépendent du financement d'une agence américaine qui a vu certaines de ses opérations gelées par le président américain Donald Trump poussent un soupir de soulagement après la levée de la pause mardi.

Cette décision survient près de deux semaines après que les National Institutes of Health (NIH) ont reçu l'ordre de suspendre l'examen des propositions de financement de projets de recherche, ce qui, selon les scientifiques et les médecins, est essentiel pour faire avancer la recherche en santé. L'année dernière, plus de 40 millions $ de financement des NIH ont été consacrés à des projets canadiens.

Le professeur de l'Université York Godfred Boateng, qui siège au comité d'examen, explique que la directive de suspendre toutes les réunions et les formations d'examen est venue d'un responsable de l'examen scientifique du NIH et suit un décret de M. Trump demandant d'annuler le calendrier de janvier de l'agence de santé.

«Ma seule inquiétude était le fait que les chercheurs qui ont peut-être travaillé dur et soumis des demandes de subvention puissent ne pas avoir la possibilité de faire examiner leurs demandes de subvention», a déclaré M. Boateng.

Le président américain Donald Trump a pris une série de décrets cette semaine-là, qui comprenait également la fin des dépenses fédérales pour les programmes de diversité, d'équité et d'inclusion (DEI) et le lancement d'une politique selon laquelle les États-Unis ne reconnaîtraient que «deux sexes: l'homme et la femme.»

M. Boateng assure que l'agence de santé a repris la programmation des réunions en février sans reconnaître la pause précédente qui avait eu lieu. Un porte-parole des NIH a déclaré mardi que le ministère de la Santé travaillait à s'aligner sur le programme de M. Trump.

Après avoir appris la nouvelle de la reprise des examens, les médecins et chercheurs canadiens ont déclaré qu'ils étaient toujours impatients de voir quels projets de recherche seront financés, en particulier en ce qui concerne la recherche sur la diversité et les études sur la santé mondiale.

Les chercheurs canadiens dépendent largement du financement des NIH, qui est bien plus important que celui des Instituts de recherche en santé du Canada. L'an dernier, il s'élevait à un peu moins de 1,3 milliard $, selon leur site internet. Le gouvernement a proposé d'investir davantage dans les IRSC dans son budget d'automne, mais il n'est pas certain que cela se concrétisera puisque le Parlement est prorogé.

L'immunologiste américano-canadien Juan Carlos Zúñiga-Pflücker a déclaré que les récents problèmes liés au financement américain illustrent à quel point le gouvernement canadien sous-finance la recherche en santé.

«J'ai le sentiment que nous nous assurons que les Canadiens se dirigent vers un véritable désastre en termes de niveaux de financement et de notre capacité à développer de nouvelles thérapies et à faire les découvertes nécessaires», s'est inquiété M. Zúñiga-Pflücker, président du département d'immunologie de l'Université de Toronto.

Les décrets de Trump ont déclaré qu’il voulait que l’argent des contribuables soit consacré à l’amélioration de la santé des Américains, ce qui a commencé par un retrait de l’Organisation mondiale de la santé peu après son investiture.

Veena Sriram, titulaire de la chaire de recherche du Canada en politique de santé mondiale à l'Université de la Colombie-Britannique, estime qu'il s'agit d'une approche étonnamment étroite de la recherche qui n’ira pas au cœur des problèmes de santé.

«Le défi maintenant si vous adoptez une approche nationaliste et nationale de la recherche est que vous manquez une partie importante du tableau en vous concentrant très étroitement sur un contexte particulier. Vous ne voyez pas comment le problème sur lequel vous faites des recherches est affecté par les forces mondiales», a expliqué Mme Sriram, faisant référence à la pandémie comme un exemple frappant.

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix

Hannah Alberga, La Presse Canadienne