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Les écrans ont des effets positifs, dit le Conseil en éducation des Premières Nations

durée 17h46
31 janvier 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

QUÉBEC — Les enfants autochtones, qui vivent dans des régions souvent éloignées, bénéficient des outils technologiques, dans la mesure où ils créent des rapprochements et aident à préserver leurs langues et leurs cultures.

Le Conseil en éducation des Premières Nations (CEPN) a présenté, vendredi, sa vision des choses aux parlementaires qui étudient actuellement les impacts des écrans sur la santé des jeunes.

Depuis le début des travaux, en septembre, les élus entendent qu'une surutilisation des écrans peut affecter notamment le langage, la vue et le sommeil des jeunes, en plus de leur causer de la détresse et de l'anxiété.

Mais les écrans permettent aussi de renforcer significativement le sentiment d'appartenance chez les Autochtones, a fait valoir Bruno Rock, coordonnateur des projets éducatifs au CEPN.

Il donne l'exemple du portail éducatif «Les voix du territoire», qui compte désormais 8000 utilisateurs.

«Le portail propose des interactions avec des gardiens du savoir, des informations sur les nations, les territoires, les cultures, les traditions, ainsi que des récits et légendes», a-t-il expliqué.

«C'est pourquoi maximiser les atouts des écrans et offrir un encadrement adapté à leur utilisation est primordial», a-t-il ajouté, rappelant que les écoles autochtones se gèrent de façon autonome.

Ces dernières sont «beaucoup mieux équipées technologiquement que ce que j'ai vu ailleurs, ce n'est même pas la même ligue», a enchaîné le conseiller pédagogique au CEPN David Vigneault.

Il explique, par exemple, que des lunettes de réalité virtuelle sont utilisées dans des écoles à Lac-Simon pour «être capable de se promener dans certains endroits de la nature virtuellement».

«Il y a beaucoup d'immatériel dans la façon culturelle autochtone d'enseigner, et ces outils technologiques permettent, d'une certaine façon, de capturer cet immatériel-là», dit-il.

Sur 6000 élèves autochtones, 2800 ont un iPad, selon M. Rock, qui souligne que cet appareil leur permet notamment de consulter des outils de traduction en ligne et de recueillir, par vidéo, des témoignages d'aînés.

Au final, même s'ils entraînent certains effets négatifs, les écrans permettent surtout aux Autochtones de consulter du contenu «culturellement pertinent», ont soutenu les deux hommes.

Trouver des solutions à la maison

Vendredi, les élus ont par ailleurs entendu le témoignage de Patrick Giroux, professeur en technologies éducatives à l'Université du Québec à Chicoutimi.

Selon lui, ce sont les parents, et non les écoles, qui ont le plus besoin du soutien du gouvernement en ce moment.

Dans le mémoire qu'il a présenté à la commission, M. Giroux affirme que pour être en mesure de soutenir leurs enfants, les parents doivent avoir un «niveau adéquat» de littératie numérique.

«Le fait de ne pas détenir certaines connaissances limite leur accompagnement et leur capacité à sensibiliser ou à protéger leurs enfants quant aux risques possibles», peut-on lire dans le document.

On y souligne aussi que les parents jouent un rôle de «modèle» par les comportements qu'ils adoptent et les propos qu'ils tiennent au sujet des écrans.

«Les parents ont besoin beaucoup d'aide», selon le professeur Giroux, qui prône l'éducation et la sensibilisation.

Aux élus qui lui demandaient s'il fallait interdire le cellulaire à l'école ou imposer une majorité numérique, il a déclaré être «en défaveur de tout ce qui est contraignant».

Au lieu de recourir à des interdictions générales, il faut responsabiliser les jeunes et leurs parents, est également d'avis l'organisme HabiloMédias, qui est soutenu financièrement par le géant Meta, entre autres.

Sa directrice générale, Kathryn Ann Hill, a plaidé vendredi en faveur d'une éducation numérique obligatoire pour tous les élèves, de la maternelle au cégep.

La commission spéciale sur le temps d'écran des jeunes poursuivra ses travaux lundi. Elle doit remettre son rapport final au plus tard en mai 2025.

Caroline Plante, La Presse Canadienne