Les droits de douane et la faiblesse du huard jouent en faveur du tourisme au Québec


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — La faiblesse du dollar canadien et la dégradation rapide des relations entre les États-Unis et le Canada devraient stimuler considérablement l'économie du Québec en 2025, selon un groupe touristique.
L'Alliance de l'industrie touristique du Québec a calculé que les Québécois qui annulent leurs voyages aux États-Unis pour voyager plutôt dans la province dépenseront environ 1,5 milliard $ cette année. Le coût total des vacances annulées par les Québécois aux États-Unis devrait atteindre 3 milliards $ de pertes pour l'économie américaine, selon l'Alliance, qui est composée de diverses associations touristiques régionales.
«L'année dernière, les Américains ont dépensé 2,1 milliards $ au Québec sur l'ensemble de l'année, donc en ajoutant 1,5 milliard $ de bénéfices additionnels des Québécois qui restent ici c'est énorme pour nous», a déclaré Sébastien Benedict, vice-président de l'Alliance, lors d'une entrevue mercredi.
Ces projections proviennent d’un sondage Léger réalisé pour le groupe, qui indique que 45 % des répondants québécois qui avaient l’intention de se rendre aux États-Unis en 2025 ont annulé leur voyage ou ont prévu de le faire. Parmi ceux qui ont annulé ou ont dit qu’ils le feraient, la moitié prévoyait son argent touristique au Québec.
De nombreux Québécois se sont détournés des États-Unis depuis que le président Donald Trump a commencé à menacer d’annexer le Canada et d’en faire le 51e État. Mardi, il a mis à exécution ses menaces d’imposer des droits de douane de 25 % sur les produits canadiens. Mercredi, M. Trump a spécifié que les véhicules seraient exemptés de ces droits de douane pendant un mois.
M. Benedict a indiqué avoir entendu des associations touristiques et des entreprises régionales dire que les Québécois craignent de voyager à l’étranger avec un dollar faible. Mais surtout, certains craignent un accueil hostile aux États-Unis alors que le fossé entre les deux pays s’agrandit, ou cherchent plutôt des moyens de riposter contre le gouvernement américain, a-t-il expliqué. Yves Lalumière, président-directeur général de Tourisme Montréal, a affirmé que la ville prévoyait une stratégie de communication aux États-Unis qui mettrait en valeur la force du dollar américain — un dollar américain vaut actuellement plus que 1,44 dollar canadien.
«Nous allons mettre un peu plus d’agressivité (…) dans la façon dont nous promouvons l’impact économique des devises étrangères», a-t-il déclaré, ajoutant que les Américains qui voyagent pour le plaisir ne sont pas toujours conscients de la force de leur monnaie par rapport au dollar canadien.
Montréal devient une destination de plus en plus populaire pour les touristes américains, a-t-il indiqué, ajoutant qu’en 2024, le nombre de voyageurs américains a augmenté de 11 % par rapport à l’année précédente.
En 2023, le tourisme international a rapporté plus de 4 milliards $ à la province, a noté M. Benedict; les touristes américains représentent la moitié de cet argent. Un autre 2,2 milliards $ provenait des visiteurs d’autres provinces, mais la part du lion de l’argent du tourisme — 8,4 milliards $ — provenait des Québécois voyageant dans la province.
Prêt pour accueillir les touristes
Selon M. Benedict, 2025 devrait être l'année la plus chargée pour le tourisme au Québec depuis la pandémie de COVID-19, lorsque les Canadiens se sont rués vers des destinations plus proches de chez eux en raison des interdictions de voyager à l'étranger et des mesures sanitaires.
À l'été 2020, des endroits comme la région de Gaspé au Québec ont été pris au dépourvu par des afflux de touristes qui sont arrivés sans réservation d'hôtel ou de camping et ont envahi les plages, ce qui a contrarié les habitants. Mais M. Benedict a assuré que ça ne se reproduirait pas.
«Nous avons tiré des leçons de la pandémie en voyant beaucoup de Québécois prendre leurs vacances ici, donc nos régions sont prêtes à accueillir plus de touristes cet été et tout le reste de l'année», a-t-il déclaré.
Le maire de Percé, Daniel Leboeuf, est du même avis. Dans une entrevue mercredi, il a indiqué que les services aux touristes sont mieux organisés et, plus important encore, qu'il n'y a plus de mesures de distanciation sociale à mettre en œuvre.
Cependant, bien que M. Leboeuf accueille avec joie l'argent du tourisme, l'industrie de la pêche de la région — dont la majeure partie du crabe et du homard est exportée aux États-Unis — risque d'y perdre beaucoup.
Le sondage Léger de l'Alliance a été réalisé du 14 au 16 février auprès d'un peu plus de 1000 répondants par panel Web au Québec. Le sondage n'a pas utilisé d'échantillon probabiliste et ne comporte donc pas de marge d'erreur.
Joe Bongiorno, La Presse Canadienne