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Les Canadiens d'origine syrienne demandent à Ottawa d'abandonner ses sanctions

durée 14h20
21 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Les Canadiens ayant des liens avec la Syrie affirment qu'il est temps pour Ottawa d'abandonner les sanctions contre le pays et d'aider ses nouveaux dirigeants à s'orienter vers un avenir démocratique et pluraliste.

«Nous avons beaucoup à perdre si nous ne soutenons pas la Syrie en cette période difficile», a fait valoir Bayan Khatib, cofondatrice de la Fondation syrienne canadienne. «Le peuple syrien s'est libéré et le moins que la communauté internationale puisse faire est de lever les sanctions et de donner une chance à ce nouveau gouvernement.»

La Syrie est dirigée par Hayat Tahrir al-Sham – un groupe que le Canada a désigné comme organisation terroriste – depuis le renversement du régime brutal de Bachar al-Assad en décembre dernier.

Ce groupe, communément appelé HTS, a mis fin à 51 ans de dictature sous la famille Assad, soutenue par le gouvernement russe, l'Iran et le Hezbollah. Le Canada a inscrit HTC sur la liste des organisations terroristes depuis 2013, et le groupe avait juré pendant des années d'instaurer une théocratie islamique en Syrie.

Mais les experts estiment que le maintien de cette liste et le maintien des sanctions pourraient inciter des Syriens désespérés à se tourner vers des acteurs que le Canada considère comme hostiles pour obtenir de l'aide financière.

«Un engagement constructif peut réellement contribuer à orienter ce processus dans la bonne direction, au lieu de céder potentiellement aux pressions de groupes plus extrémistes qui refusent tout compromis avec d'autres membres de leur propre société», a expliqué Marie-Joëlle Zahar, politologue à l'Université de Montréal et ancienne experte principale au bureau de l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie. «Il y a des signes encourageants et les Syriens disent: 'Donnons-leur une chance et jugeons-les sur ce qu'ils font, et non sur ce qu'ils ont promis.'»

Le Canada empêche l'acheminement de son aide au développement vers les régions contrôlées par des groupes désignés comme terroristes.

Des millions de personnes déplacées en Syrie pourraient réparer leurs maisons endommagées avec quelques milliers de dollars, selon la cofondatrice de la Fondation syrienne canadienne, mais les sanctions les empêchent de collecter des fonds.

Bayan Khatib a dit avoir demandé à Justin Trudeau, lors de ses dernières semaines au pouvoir, de lever les sanctions, d'accroître l'aide humanitaire et le financement des infrastructures, de rouvrir l'ambassade du Canada fermée en 2012 et d'envoyer une délégation de haut niveau dans le pays, comprenant des représentants de la diaspora syrienne.

«Nous traversons une période extrêmement fragile, vulnérable et importante, où il y a tant à gagner et tant à perdre si la Syrie n'est pas soutenue de manière adéquate», a-t-elle soutenu.

Le député Omar Alghabra, envoyé spécial du Canada pour la Syrie, a tenu des propos similaires ces dernières semaines et s'est rendu dans trois pays voisins de la Syrie le mois dernier, mais pas en Syrie elle-même.

Lors d'un sommet à Paris le mois dernier, les dirigeants des pays occidentaux et du Moyen-Orient ont promis d'assouplir les restrictions imposées à la Syrie si le président par intérim de la Syrie, Ahmed al-Sharaa, mettait en œuvre une société multiculturelle.

La politologue Marie-Joëlle Zahar a affirmé qu'Ottawa devrait envisager d'envoyer une délégation de haut niveau dans le pays. Elle a ajouté que le Canada pourrait partager son expérience en matière de maintien d'une société multiculturelle et de prise en compte des points de vue des minorités.

«Les visites ne signifient pas nécessairement une approbation, mais elles témoignent d'une ouverture au dialogue et à un engagement constructif, ce qui semble être ce que les Syriens – y compris de nombreux Syriens au Canada – demandent», a-t-elle dit.

Mme Zahar s'est entretenue avec La Presse canadienne avant que diverses milices ne tuent 800 personnes lors de violences ethniques près de la ville syrienne de Lattaquié.

Depuis ces meurtres, perpétrés plus tôt ce mois-ci, le président al-Sharaa a lancé une enquête sur les violences confessionnelles et a pris des mesures pour intégrer les soldats kurdes aux forces armées syriennes.

La politologue de l'Université de Montréal a déclaré qu'un Moyen-Orient stable est dans l'intérêt du Canada, compte tenu des répercussions de la guerre entre Israël et le Hamas et du conflit connexe au Liban sur les rues canadiennes.

Dylan Robertson, La Presse Canadienne