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Les camionneurs recherchent d'autres itinéraires face aux droits de douane

durée 15h11
6 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Des entreprises de transport routier ont commencé à suspendre leurs expéditions, à envisager des mises à pied et à se démener pour trouver de nouveaux itinéraires alors que les droits de douane font des ravages sur le commerce transfrontalier.

La période ayant précédé l'imposition par le président américain Donald Trump de droits de douane de 25 % sur les importations canadiennes et la mise en vigueur de mesures de rétorsion du Canada a été marquée par une augmentation des livraisons au cours des deux derniers mois, les expéditeurs se précipitant avant la date limite.

Dans l'ensemble, les exportations vers les États-Unis ont bondi de 7,5 % en janvier pour atteindre un record de 58,2 milliards $, selon Statistique Canada.

L'augmentation des expéditions a provoqué une accalmie ultérieure qu'une guerre commerciale prolongée exacerberait, a fait valoir le chef de la direction d'Eassons Transport Group, Trevor Bent.

«Février a été un mois faste», a-t-il affirmé à propos des expéditions de nourriture de son entreprise, allant du poisson aux tartes et aux pommes de terre.

«Il y aura certainement un impact, a déclaré M. Bent, en faisant référence aux droits de douane. Il y a des gens qui annulent des chargements vers les États-Unis en ce moment.»

M. Bent a déclaré que l'entreprise établie en Nouvelle-Écosse, qui tire près de 20 % de ses ventes de distributeurs et d'épiciers américains, sera obligée de procéder à des mises à pied si les affaires continuent de stagner.

«Pour chaque million de dollars de revenus bruts avant le carburant, il faut environ quatre camions et six employés pour s'en occuper», a-t-il indiqué, faisant référence aux suppressions d'emplois potentielles dans la flotte de 300 véhicules.

La suspension de commandes

Le sort des camionneurs dépend en partie des décisions des expéditeurs et des producteurs. Ce sont eux qui décident de geler les commandes ou non.

Ils décident maintenant si cela vaut la peine de payer une marge de 25 % pour expédier les produits, les transporteurs et de nombreux vendeurs n'étant pas en mesure d'absorber la majeure partie de ces taxes à l'importation.

«Il n'y a aucune marge à concéder», a déclaré Mark Seymour, chef de la direction de Kriska Transportation Group.

«Nos clients sont des fabricants, dont les clients sont des consommateurs. Le comportement des consommateurs a donc beaucoup à voir avec ce que nous faisons», a-t-il ajouté, qualifiant de «profond» l'impact d'une guerre commerciale prolongée.

L'entreprise ontarienne voit 800 camions traverser la frontière chaque jour, transportant du papier, de la nourriture et des pièces automobiles. Environ 95 % des 350 millions $ de revenus annuels de Kriska proviennent des expéditions à destination et en provenance des États-Unis, a déclaré M. Seymour.

«J'espère et je prie pour que cela ne se traduise pas par une réorganisation de notre entreprise. Et cela pourrait signifier des pertes d'emplois ou des licenciements», a-t-il indiqué, tout en soulignant qu'aucune réduction de personnel n'était prévue pour le moment.

«Nous ne pouvons pas prévoir l'imprévisible.»

L'Alliance canadienne du camionnage a déclaré cette semaine que les clients annulaient des commandes et que de nombreuses compagnies de transport interrogées en Ontario par le groupe industriel ont signalé des suppressions d'emplois récentes ou imminentes.

«Les droits de douane généralisés sur le fret de nos clients vers les fournisseurs et les consommateurs américains auront des effets chocs sur nos membres et sur l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement», a déclaré le président Stephen Laskowski dans un communiqué.

Il a appelé à un programme d'allègement fiscal pour le secteur, à la suppression immédiate de la tarification du carbone et à une réduction de la taxe fédérale sur le diesel.

Les expéditions par route ont représenté 52 % de la valeur des importations du Canada en 2023 et 40 % de ses exportations, ce flux commercial étant presque entièrement à destination et en provenance des États-Unis, selon Statistique Canada. Environ 70 % des échanges de marchandises entre le Canada et les États-Unis se font par camion.

Christopher Reynolds, La Presse Canadienne