Le projet de loi sur les étudiants étrangers est adopté sur fond d'inquiétudes
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Par La Presse Canadienne, 2024
QUÉBEC — Québec veut réduire le nombre d’étudiants étrangers pour la rentrée 2025. Le ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, vient de s'octroyer le pouvoir d’en plafonner le nombre en fonction de différents critères, en faisant adopter le projet de loi 74 jeudi à l’Assemblée nationale. La nouvelle loi provoque toutefois des inquiétudes.
Seuls les péquistes ont voté avec le gouvernement; les libéraux et les solidaires se sont opposés.
Le nombre d’étudiants étrangers a explosé dans les 10 dernières années. Selon des chiffres avancés par le ministre, on est passé de 50 000 à plus de 120 000, soit une augmentation de 140 %.
C’est trop, selon le ministre Roberge, qui va plafonner les admissions selon plusieurs critères comme les régions, les ordres d’enseignement, les établissements ou encore les programmes. La langue des programmes et des établissements sera aussi prise en compte.
La pièce législative a soulevé des préoccupations d’établissements d'enseignement supérieur qui ont demandé d’être exclus du plafonnement.
Lors des consultations, l'Université Laval, l'Université de Montréal, l'Université McGill et l'Université de Sherbrooke ont affirmé, dans un mémoire conjoint, que les «étudiants internationaux universitaires représentent un faible pourcentage de l’immigration temporaire au Québec. Toutefois, leur apport est crucial à plusieurs chapitres».
Dans une lettre publiée dans «La Presse» jeudi matin, plus de 70 auteurs, professeurs et chercheurs universitaires affirment que le plafonnement des étudiants étrangers de la nouvelle loi «met un frein inacceptable» sur l’innovation et la recherche.
«Notre compétitivité à l’international est mise à mal. En privant les universités québécoises de leur autonomie et de leur capacité de recruter des étudiants de l’international, ce projet de loi restreint leur développement», peut-on lire dans la missive.
«Je pense qu'ils ont des inquiétudes, mais que ces inquiétudes-là ne sont pas fondées», a dit le ministre en mêlée de presse à l’Assemblée nationale.
M. Roberge a expliqué qu’avant sa loi, le ministre de l’Immigration pouvait, à lui seul, abaisser le nombre d'étudiants étrangers sur l’ensemble du territoire québécois.
«Avec la nouvelle loi, on est obligés de travailler avec les ministères de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. C'est écrit en toutes lettres dans la loi et on est capable de voir s'il y a des programmes qui doivent être réduits en termes d'accueil d'étudiants étrangers, sans mettre à mal d'autres programmes qui sont très importants», a-t-il affirmé.
Le plafonnement des étudiants étrangers sera déterminé ultérieurement par décret en prévision de la rentrée 2025.
La nouvelle loi va aussi obliger le ministre de l’Immigration à tenir compte des immigrants temporaires dans ses futures planifications pluriannuelles.
Thomas Laberge, La Presse Canadienne