Le NPD repousse le débat sur la motion conservatrice visant à défaire le gouvernement
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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Le débat en Chambre sur une motion conservatrice visant à faire tomber le gouvernement a été repoussé de plusieurs heures, jeudi, puisque les néo-démocrates, appuyés par les libéraux, ont préféré que les élus discutent de l'adoption d'un rapport sur l'approche du Canada en matière de droits sexuels et reproductifs.
La séance de jeudi des travaux de la Chambre des communes a été désignée comme une journée d'opposition des conservateurs, ce qui leur aurait normalement permis de lancer, dès l'avant-midi, un débat parlementaire sur une motion invitant les élus à déclarer qu'ils ont «perdu confiance dans le premier ministre et le gouvernement».
Le libellé cite des critiques qu'a formulées le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, à l'égard des libéraux depuis qu'il s'est retiré de l'entente de soutien et de confiance qu'avait son parti avec le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau. Dans l'ordre normal des choses, le vote sur cette motion devait survenir lundi.
Or, avant que le débat sur la motion conservatrice ne puisse commencer, la porte-parole en matière d'affaires étrangères du Nouveau Parti démocratique (NPD), Heather McPherson, a déposé une motion pour faire adopter un rapport de comité daté de juin 2023 portant sur les droits reproductifs et sexuels.
Un débat de plusieurs heures s'en est suivi et, en début d'après-midi, le NPD a fini par demander le vote sur la question, lequel a été repoussé, par la présidence de la Chambre, après la période des questions, c'est-à-dire après 15h.
Entre-temps, le chef conservateur Pierre Poilievre a finalement pu déposer sa motion de censure envers le gouvernement Trudeau. En se levant pour ouvrir le débat sur la proposition conservatrice, il a affirmé que sa démarche s'inscrivait dans un esprit non partisan.
Plus tôt, le député conservateur Kyle Seeback avait vertement critiqué les néo-démocrates, leur reprochant d'user de tactiques pour tenter d'«empêcher» un vote de confiance.
Il a rappelé que le libellé mis de l'avant par son parti reprend aussi les reproches formulés par le chef néo-démocrate envers le gouvernement voulant que celui-ci «interviendra toujours pour réduire le pouvoir des syndicats et des travailleurs».
«Ils sont hautement inconfortables avec le fait qu'ils vont devoir avoir un vote de confiance (incluant) les mots de leur chef», a-t-il dit.
«Ils essaient d'éviter cela en présentant une motion procédurale qui n'est normalement pas déposée au cours d'une journée d'opposition», a ajouté M. Seeback.
La néo-démocrate Laurel Collins s'est aussitôt levée pour soutenir que les procédures de la Chambre ne permettent pas à un élu de présupposer des intentions d'autres députés.
M. Seeback a tenté de faire cesser le débat sur le rapport de 2023 pour revenir au cours normal des choses, déposant donc une motion en ce sens. Celle-ci a toutefois été battue puisque les libéraux et néo-démocrates ont voté contre.
Les bloquistes, qui ont voté en faveur de cette tentative de revenir à l'ordre du jour initialement prévu, ont aussi mis en doute les intentions du NPD. Leur député Martin Champoux estime que les troupes de M. Singh ont «comme un peu tiré le tapis sous les pieds du Parti conservateur dans leur journée d'opposition». «Alors nous, on a voté pour revenir à l'ordre du jour parce qu'on n’embarque pas dans ce genre de tactiques-là», a-t-il dit.
De son côté, le libéral Mark Gerretson croit que ce qui s'est produit en Chambre a été l'occasion pour les conservateurs de «goûter à leur propre médecine».
«Le NPD n'a aujourd'hui fait rien de plus au leader de l'opposition (officielle) et aux conservateurs que ce qu'ils font depuis des mois», a-t-il lancé.
Les travaux réguliers de la Chambre des communes sont sur la glace depuis plus de deux mois puisque, à la demande des conservateurs, deux questions de privilège sont à l'agenda et ont préséance sur l'étude de projets de loi, par exemple. La première des deux questions est la seule qui a été débattue jusqu'à présent.
Les conservateurs disent vouloir forcer le gouvernement à rendre publics des documents demandés en comité et qui n’ont pas été communiqués. Or, le débat s’éternise et aucun vote sur ces questions n’a eu lieu pour clore la discussion-fleuve et passer à autre chose.
Plusieurs pauses à la paralysie sont survenues, dont l'une ayant permis à la Chambre d'entériner un projet de loi pour offrir un congé de Taxe sur les produits et services (TPS) de deux mois sur plusieurs articles, comme des mets préparés et des arbres de Noël.
Émilie Bergeron, La Presse Canadienne