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Le nouveau maire d'Halifax soutient que le pire de la crise de l'itinérance est passé

durée 14h19
17 décembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

5 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

HALIFAX — Le pire de la crise des sans-abris à Halifax est passé, affirme le nouveau maire de la ville, qui souhaite que les campements soient fermés le plus rapidement possible. Des défenseurs des personnes en situation d'itinérance contestent cependant vigoureusement le fait que la situation s'améliore.

Andy Fillmore, élu maire le 19 octobre après avoir démissionné pendant l'été de son poste de député libéral d'Halifax, affirme que la ville sort de sa grave pénurie de logements grâce aux nouvelles options d'hébergement et de refuge disponibles.

«J'ai bon espoir que nous allons, avec la province, résoudre cette crise du logement», a-t-il affirmé, dans une récente entrevue.

La Nouvelle-Écosse finance 390 lits d'hébergement à Halifax, et 40 autres sont prévus cet hiver. De plus, depuis 2023, la province a ouvert un refuge de transition de 185 unités à Halifax géré par Adsum for Women and Children, et a établi 50 refuges à occupation simple dans la municipalité, et 85 autres sont prévus dans la région.

Selon l'Affordable Housing Association of Nova Scotia, en date du 10 décembre, 1238 personnes de la municipalité régionale d'Halifax ont déclaré être en situation d'itinérance. Ce chiffre n'inclut pas les plus de 200 enfants qui sont sans logement et qui reçoivent de l'aide d'Adsum, a précisé Sheri Lecker, directrice générale du groupe.

Il est «mal informé», a soutenu Mme Lecker, de dire que le pic de la pénurie de logements est passé. «Il est dommageable de répéter ce récit selon lequel le pire est derrière nous (…), les chiffres augmentent», a-t-elle affirmé, lors d'une entrevue.

Adsum, qui s'est historiquement concentré sur les femmes et les enfants, mais qui soutient actuellement tous les sexes, fournit du logement permanent à environ 100 personnes, supervise 200 autres personnes dans des lits d'hébergement et offre des unités d'hébergement d'urgence et des chambres d'hôtel à plus de 300 personnes, dont 217 enfants.

«Nous recevons des appels, des coups à la porte, etc., tous les jours, et nous devons refuser des gens». Le point de vue du maire Fillmore, a ajouté Mme Lecker, «ne reflète pas ce que nous voyons».

Steve Wilsack, directeur de Housing First Nova Scotia, a déclaré que, malgré le manque de données provinciales sur l’itinérance, il semble que le nombre de sans-abris augmente dans la région d’Halifax et dans toute la province.

«Je suis déconcerté par la situation dans laquelle nous nous trouvons. Rien n’a changé du tout, en fait, je crois que les choses n’ont fait qu’empirer», a-t-il affirmé, en entrevue.

De nouveaux campements de sans-abris apparaissent dans toute la ville, a-t-il dit, y compris dans les zones rurales.

«Et puis il y a les sans-abris cachés. L’hiver est là et il y a un groupe d’individus qui vivent dans des hangars (…) installant leur propre camp dans les bois», a-t-il déclaré, ajoutant que beaucoup éviteront les refuges traditionnels «parce qu’ils ont été volés, battus et qu’ils essaient de protéger leur bien-être et leurs biens».

La question des campements

Le volume de nouveaux logements et d'abris ne suffit pas à répondre à la demande, a indiqué M. Wilsack, et le nombre de nouveaux sans-abris augmente chaque semaine. «Les gens ne peuvent pas payer leur loyer, ils ne peuvent pas effectuer leurs paiements hypothécaires (…) il y a des gens qui ont un emploi qui sont poussés vers l'itinérance», a-t-il expliqué.

Mme Lecker, qui a demandé une réunion avec M. Fillmore pour discuter de l'état du logement, a déclaré qu'elle et d'autres fournisseurs de services cherchaient désespérément des solutions.

À la suite de l'augmentation rapide du nombre de personnes en situation d'itinérance après la pandémie de COVID-19, les responsables d'Halifax ont commencé à désigner certains espaces publics où les sans-abris pourraient installer des tentes et où la ville offrirait des produits de première nécessité comme de l'eau et des toilettes.

Toutefois, lors de la campagne municipale, M. Fillmore a dit qu'il voulait moins de campements désignés dans la ville.

Il n'est pas le seul politicien à faire cette poussée. Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a récemment présenté un projet de loi avec un objectif similaire de démanteler les campements de personnes en situation d'itinérance. Le nouveau projet de loi de M. Ford introduirait des lois plus strictes sur les intrusions et des amendes ou des peines de prison pour la consommation de drogues illégales.

Une «nouvelle direction» pour Halifax

Au cours de l'entrevue, M. Fillmore a affirmé qu'il souhaitait faire évoluer la ville dans une «nouvelle direction» — c'est pourquoi sa première motion en tant que maire a été d'éliminer la liste de neuf sites d'Halifax que le conseil a approuvés pour une utilisation potentielle comme campements pour sans-abris.

«Nous devons avancer aussi vite que possible vers l'élimination des campements — au rythme où des alternatives apparaissent pour déplacer les gens vers de meilleures situations avec un toit au-dessus de leurs têtes, des murs autour d'eux et des soutiens», a-t-il plaidé.

Lorsqu'on lui a demandé s'il y avait suffisamment d'alternatives pour ceux qui en ont besoin, M. Fillmore a déclaré que les chiffres «changent de jour en jour», mais qu'il était conscient des places vacantes dans le système d'hébergement.

Le conseil a approuvé les neuf sites en juillet, après que les quatre espaces verts que la ville avait précédemment désignés comme campements soient devenus complets. Des tentes ont été installées sur bon nombre des neuf sites, mais le conseil n'a jusqu'à présent désigné officiellement que deux de ces emplacements pour des campements.

«Je pense que nous n'avons pas besoin de ces sept sites d'extension, a dit M. Fillmore. Alors, pourquoi les garder sur une liste? Parce que la liste a pour effet de créer de l'anxiété dans la communauté. Je peux vous raconter des histoires de conversations avec des résidents adjacents à certains des parcs figurant sur cette liste, et ils sont hors d'eux.»

La motion de M. Fillmore visant à retirer la liste a déclenché un débat tendu parmi les conseillers lors d'une réunion du conseil le 3 décembre et a échoué par un vote serré de 8 à 7. Cinq des sept votes en faveur du retrait de la liste provenaient de membres nouvellement élus, dont M. Fillmore.

Le maire a dit qu'il était «un peu perplexe» face aux résultats, mais que le vote a été «quand même un succès pour moi, même si la motion a échoué».

«Il a réussi à signaler une nouvelle direction pour la municipalité.»

Lyndsay Armstrong, La Presse Canadienne

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