Le Jardin de la paix s'inquiète des tensions entre le Canada et les États-Unis
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Par La Presse Canadienne, 2024
BOISSEVAIN, Man. — Le Jardin international de la paix, qui se trouve sur la frontière canado-américaine, est depuis plus de 90 ans un lieu calme et fleuri où l'on célèbre l'amitié entre les deux pays.
Les visiteurs peuvent se promener dans les jardins et voir des expositions sur la coopération internationale, souvent sans remarquer qu'ils ont traversé plusieurs fois la frontière entre le Manitoba et le Dakota du Nord.
Avec les menaces du président américain Donald Trump sur l'imposition de tarifs douaniers au Canada et sur la transformation du pays en 51e État, certaines personnes ont perdu leur sentiment de bon voisinage et disent qu'elles n'ont pas l'intention de s'y rendre cette année.
«J'ai reçu des courriels énergiques de la part de personnes de nos communautés et je ne peux pas leur reprocher de se sentir ainsi», a écrit Tim Chapman, le directeur général du jardin, dans un récent message aux sympathisants du jardin.
En entrevue, M. Chapman a spécifié que ces courriels provenaient de Canadiens consternés par la rhétorique adoptée au sud de la frontière.
Le jardin est une organisation à but non lucratif qui collecte des fonds grâce aux droits d'entrée, aux dons privés et au financement régulier des gouvernements des États, des provinces et de Parcs Canada.
C'est un endroit apolitique qui rend hommage aux habitants des deux pays, et non aux politiciens ou aux partis, a souligné M. Chapman.
«Nous n'avons vraiment aucun contrôle sur la rhétorique politique qui suscite évidemment certains sentiments, mais nous pouvons continuer (…) à servir d'exemple de ce que sont des voisins amicaux», a-t-il déclaré.
Le jardin se trouve juste à la frontière. Un petit ruisseau qui traverse le milieu du parc et un petit chemin dans une autre zone sont les seuls signes visibles de celle-ci. Environ 35 000 personnes visitent le jardin chaque année et il accueille régulièrement de petites conférences avec des participants des deux pays.
L'une des expositions du parc présente des poutres endommagées du World Trade Center, cible de l'attaque terroriste du 11 septembre 2001. L'exposition est, en partie, un hommage au soutien du Canada après l'attaque.
Les visiteurs n'ont pas besoin d'entrer officiellement dans l'autre pays par un poste-frontière. L'entrée du parc et l'allée se trouvent sur un court tronçon d'autoroute entre les bureaux de douane du Canada et des États-Unis. Les gens n'ont qu'à montrer une pièce d'identité au bureau de douane de leur pays après avoir quitté le jardin.
La mairesse de Boissevain-Morton, une communauté du côté canadien de la frontière, a déclaré qu'elle s'attendait à ce que le jardin soit touché par un manque de visiteurs, car beaucoup lui ont dit qu'ils ne se rendraient pas aux États-Unis cette année.
«Si vous ne traversez pas la frontière, quelles sont les chances que vous ailliez au Jardin de la paix ?», a demandé Judy Swanson.
«En général, vous y allez, vous visitez le jardin et vous traversez ensuite la frontière, soit au nord, soit au sud.»
Le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, a affirmé que l'opération était quelque chose que les gens devraient continuer à soutenir.
«Le Jardin de la paix va continuer d'être un symbole important du lien entre nos deux pays. Et je pense que cela persistera longtemps après le moment actuel et l'incertitude et les émotions qui ont été suscitées.»
M. Chapman a déclaré que, depuis qu'il a contacté les sympathisants, des gens des deux côtés de la frontière ont réagi positivement et ont exprimé le désir de visiter le jardin.
«Dans un courriel envoyé par une personne (…) elle a simplement expliqué en quoi le jardin est plus important que jamais – un endroit sans frontières où, pendant quelques heures, la vie est comme elle est censée être: libre.»
Steve Lambert, La Presse Canadienne