Le dernier budget fédéral jugé «bof» par des Canadiens, selon un rapport
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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Vague, médiocre, «poudre aux yeux», voire «bof»: tels sont les mots que des Canadiens ont utilisés pour décrire le dernier budget du gouvernement libéral dans une série de groupes de discussion, résumés dans un rapport compilé pour le ministère des Finances et rendu public récemment.
Présenté en avril dernier, le budget fédéral 2024 a été conçu pour consolider la position politique des libéraux et offrir une bouée de sauvetage aux jeunes générations aux prises avec le coût de la vie élevé partout au pays.
Le rapport du consultant financé par le gouvernement indique toutefois que la réaction du public au plan budgétaire a été mitigée. La plupart des Canadiens interrogés «ont eu du mal à identifier un thème central du budget ou à qui ils pensaient qu'il s'adressait».
«La réaction la plus courante était que le budget semblait dispersé et flou avec un si large éventail de priorités et de mesures», indique le rapport. «Certains ont estimé que c'était "trop peu, trop tard" et qu'il contenait des idées valables qui étaient attendues depuis longtemps et qui auraient dû être abordées il y a des années.»
Les sondages nationaux de l'époque ont montré que le budget n'avait pas fait bouger les choses pour les libéraux, qui continuaient d'accuser un retard d'environ 20 points sur les conservateurs.
Ottawa l'a présenté comme le premier budget visant directement les millénariaux et la génération Z, des cohortes d'âges que la ministre des Finances de l'époque, Chrystia Freeland, a mentionnées à plusieurs reprises dans son discours sur le budget au Parlement. Mais l'étude suggère que les jeunes ne croyaient pas que les mesures les visaient directement, ou qu'elles arriveraient assez tôt pour les aider.
Les libéraux ont dévoilé des éléments budgétaires individuels avant le jour du budget dans une série de fuites et d'annonces conçues pour générer un retentissement positif dans les médias.
Les participants aux groupes de discussion — les plus jeunes que les libéraux ciblaient — ont cependant affirmé qu'ils n'avaient pas eu connaissance des éléments budgétaires divulgués à l'avance.
«Les jeunes participants avaient généralement très peu ou pas de connaissances spontanées du tout sur le budget et les annonces prébudgétaires», précise le rapport.
Certains ont même dit qu'ils reçoivent «peu de nouvelles maintenant que les reportages canadiens ne sont plus diffusés sur certains sites de médias sociaux».
Après que le gouvernement Trudeau a fait adopter sa loi sur les nouvelles en ligne, Meta a répondu en interdisant la diffusion de nouvelles sur ses plateformes de médias sociaux populaires au Canada.
Les réactions des Canadiens au budget n'ont pas été entièrement négatives. Mais de nombreuses politiques ont suscité des réactions sceptiques similaires de la part de personnes qui ont fait valoir qu'elles pourraient ne pas faire de différence avant de nombreuses années ou avoir beaucoup d'importance dans leur vie personnelle.
Lorsque les chercheurs ont interrogé des groupes de discussion sur sept politiques budgétaires, comme les nouveaux accords sur les soins de santé avec les provinces, le rapport a mentionné que «la plupart ont apprécié les objectifs implicites des mesures, même s'ils étaient souvent assez sceptiques quant à savoir si les initiatives décrites conduiraient aux résultats souhaités».
Le ministère des Finances achète généralement des études d'opinion publique chaque année pour évaluer les principales préoccupations des Canadiens et leur perception des mesures de dépenses gouvernementales. Il n'est pas tenu de rendre les rapports publics avant plusieurs mois.
Ce rapport a été préparé par un tiers, Environics Research, et remis au gouvernement libéral en mai de l'année dernière. Il a été publié en ligne ces derniers jours sans fanfare.
Environics a organisé 10 groupes de discussion en ligne du 16 au 22 avril, rejoignant 66 Canadiens via Zoom.
Le contrat a coûté 129 893 $ et comprenait une série précédente de groupes de discussion prébudgétaires qui faisaient partie d'un rapport distinct.
Kyle Duggan, La Presse Canadienne