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Le «Défi du mont Washington» est abandonné au profit de la Gaspésie et de l'Estrie

durée 16h36
10 février 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Les organisateurs et randonneurs qui participent au «Défi du mont Washington» ont décidé de parler politique avec leurs jambes: ils prennent leurs bottes de marche et leurs sacs à dos et quittent les États-Unis pour transporter leurs aventures au Québec.

Patrick Auger, le fondateur de Kilomètre, qui offre notamment un programme de formation pour amener les gens qui n’ont pas l’habitude de la randonnée pédestre à s’habituer progressivement à cette activité jusqu’à un défi ultime, a ainsi décidé de changer ce défi et de remplacer le mont Washington par le mont Richardson en Gaspésie.

Un attachement profond

«C'est à cause de ce qui se passe aux États-Unis, les tensions commerciales Canada-États-Unis», reconnaît-il d’emblée, en entrevue avec La Presse Canadienne. La décision, qui pourrait sembler facile à prendre, ne l’a pas été, bien au contraire. L’attachement de Patrick Auger pour les Montagnes Blanches du New Hampshire ne date pas d’hier et est profond. «Je suis bénévole au mont Washington et au mont Lafayette depuis 2019, avec l’Appalachian Mountain Club. J'adore ces organisations, mais là, avec tout ce qui se passe, on dirait que ça me tente moins moi-même d'aller aux États-Unis et de dépenser mon argent.»

Le tiraillement était d’autant plus grand que les organisations pour lesquelles il travaille sont «progressistes et inclusives», selon son expression, et même les États du New Hampshire et du Vermont sont démocrates.

Sauf qu’il s’est rapidement rendu compte qu’il n’était pas le seul à jeter un regard neuf de l’autre côté de la frontière. «J'ai commencé à discuter avec des clientes qui étaient intéressées à participer au défi, mais qui m’ont dit: "Écoute Patrick, ton défi est super intéressant, mais là je n'ai pas le goût d'aller encourager les Américains, alors je vais passer mon tour cette année". Moi j'amène à peu près 10 000 $ dans ce défi aux Américains; l'hébergement, la nourriture et quand on va au Vermont (dans une des quatre randonnées préparatoires au grand défi) on fait du camping dans un parc. Alors je me suis dit que cet argent-là, on va l'amener au Québec et on va faire profiter l'auberge où on va être, à Sainte-Anne-des-Monts. L'idée va être de favoriser l'économie locale plutôt que d'amener cet argent aux États-Unis.»

Destination: Gaspésie

Dans la mire du nouveau défi, qui porte désormais le nom d’Expérience Sommet Québec: le mont Richardson en Gaspésie, un dôme parfait offrant une vue à 360 degrés sur les montagnes environnantes, une randonnée de 11,6 kilomètres abrupte, exigeante, classée difficile ou expert selon les sites spécialisés à laquelle s’ajoutera, pour les plus braves, une boucle vers le mont Joseph-Fortin voisin qui portera le total à un peu plus de 16 km pour les randonneurs qui ajouteront la boucle.

«J'ai des clients qui avaient des réticences et, après l'annonce, ont dit: "ok, j'embarque!" D'autres personnes ont envoyé des commentaires pour dire: "Bravo, j'appuie ton initiative, on comprend".»

Patrick Auger admet qu’il avait des craintes par rapport à cette décision. «Le mont Washington, ça reste mythique (il s’agit du plus haut sommet du nord-est du continent) et ma crainte c'était qu'en étant juste au Québec, les gens soient moins intéressés, mais l'engouement est là. D'ici quelques jours on va être complets.»

«Je pense que je ne retournerai pas»

Y aura-t-il un retour une fois les turbulences terminées chez nos voisins du sud? «Je pense que je ne retournerai pas. Je pense que l'Expérience Sommet Québec va demeurer et le défi mont Washington, ce sera peut-être autre chose. Je le vois par l'intérêt, les commentaires et moi aussi, de valoriser le territoire québécois, de faire découvrir les montagnes d'ici, j'ai ça à cœur.»

Cette nouvelle aventure conservera la même formule que le Défi du mont Washington, c’est-à-dire qu’elle s’amorcera en mars avec plusieurs formations, notamment en orientation avec carte et boussole, en secourisme, en technique de marche et de respiration.

Cinq randonnées au total

Il y aura ensuite quatre randonnées préparatoires, progressives et évolutives, c’est-à-dire que les montagnes attaquées seront de plus en plus hautes et techniquement difficiles. Les trois premières auront lieu dans Lanaudière et les Laurentides et la quatrième, qui avait lieu au Vermont, déménage en Estrie au mont Gosford, le plus haut sommet du sud du Québec, à quelque 50 kilomètres au sud-est du Mont Mégantic.

C’est finalement lors de la longue fin de semaine de la fête du Travail, au début de septembre, que le groupe, qui sera composé d’une douzaine de personnes, s’attaquera à son vrai défi, le mont Richardson au cœur du Parc de la Gaspésie, et la boucle facultative du mont Joseph-Fortin.

Ces randonnées ultimes sont toujours porteuses, raconte Patrick Auger. «Il y a une belle récompense au bout: l'accomplissement. C'est toujours très émotif quand on voit nos gens, nos participants arriver en haut et de réaliser que "wow! je me suis rendu". Si c'est dégagé, on voit toutes les autres montagnes, on voit toute la chaîne. C'est très impressionnant», conclut le randonneur, chez qui l’amour de la montagne demeure bien ancré, malgré la décision de tourner le dos aux Montagnes Blanches du New Hampshire.

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne