La plateforme d'achat et de vente de Facebook ramène les millénariaux dans ses filets
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Par La Presse Canadienne, 2024
HALIFAX — Une ancre historique de 400 kilos qui a été remontée du fond de l'océan au large de Cape St. Mary's, à Terre-Neuve, est appuyée contre un arbre devant la maison de Tyler Stapleton.
L'ancre de deux mètres de haut, qui proviendrait d'une épave centenaire, a été récupérée par un pêcheur dans les années 1980. Mais l'année dernière, M. Stapleton, 31 ans, qui travaille comme officier de navigation sur un cargo, s'en est emparé sur Facebook Marketplace.
Achetée pour 400 $, elle trône désormais fièrement devant sa maison de 142 ans à St. John's, à Terre-Neuve-et-Labrador, non loin des marches composées de trois grandes dalles de marbre qu'il a obtenues gratuitement sur le site.
«On peut y trouver de véritables trésors», s'enthousiasme le trentenaire à propos de la plateforme de vente de Facebook.
Il fait partie des nombreux Canadiens de la génération Y et de la génération Z qui ont le sentiment que la plateforme de médias sociaux dont ils s’étaient largement désengagés les ramène et les maintient accrochés via Facebook Marketplace.
Allie MacIsaac, une fonctionnaire de 29 ans vivant à Ottawa, confie qu’elle parcoure la plateforme d’achat et de vente à la recherche d’offres plusieurs fois par jour.
«Je plaisante en disant que Facebook Marketplace est un passe-temps pour moi», dit-elle en entrevue, ajoutant qu’avec le coût de la vie élevé, elle cherche à trouver des offres et à acheter des choses d’occasion.
Mme MacIsaac l’a utilisé pour acheter un vélo, des vêtements, des meubles et, plus récemment, une grande cage rose pour son chiot qui ne lui a coûté que 20 $.
«J’adore faire défiler les pages et voir ce qui se passe. À cette période de l’année, beaucoup de mes recherches concernent des idées de cadeaux, pour des personnes qui apprécieraient un cadeau spécial de seconde main ou de friperie», explique-t-elle.
Kevin Ouellette, un enseignant de 27 ans vivant à Cole Harbour, en Nouvelle-Écosse, raconte que son partenaire et lui comptaient beaucoup sur Facebook Marketplace pour vivre à moindre coût.
«C’est devenu quelque chose de plutôt amusant, un peu excitant. Par exemple, lequel d’entre nous parvient à trouver la chose la plus bizarre ou la plus cool?», explique l'enseignant.
«Nous aimons vraiment trouver une bonne affaire, nous sommes très économes… alors je passe beaucoup de temps là-bas», ajoute-t-il. Il a acheté des meubles, une souffleuse à neige, une tondeuse à gazon et des guitares sur le site. M. Ouellette a également utilisé la plateforme en tant que vendeur, trouvant des acheteurs pour un congélateur et un certain nombre de tondeuses à gazon qu’il a réparées.
Des bons et des mauvais côtés
Mais vendre peut être une nuisance, note le Néo-Écossais, car vous pouvez être inondé de messages demandant «est-ce disponible?» Et une fois que vous avez conclu une affaire, vous devez ensuite organiser un plan de ramassage ou de livraison, tout en surveillant les arnaqueurs potentiels.
Devon Cole, une étudiante sage-femme de 28 ans qui vit à Toronto, convient que vendre peut être difficile. Lorsqu'elle et sa colocataire ont publié un éventail de meubles à vendre, elles ont reçu plus de 100 messages.
«Il y avait tellement de gens qui envoyaient des messages disant qu'ils voulaient quelque chose, mais qui n'ont jamais donné suite. Mais heureusement, il y avait tellement de gens qui envoyaient des messages avec intérêt que nous avons pu tout vendre», se remémore-t-elle, ajoutant qu'elles ont pu gagner 500 $ grâce à la vente de meubles.
Mme Cole a également eu du succès en vendant des vêtements de marque, comme Lululemon, mais elle préfère utiliser Marketplace comme moyen d'achat. C'est là qu'elle a pu acheter deux stéthoscopes dont elle avait besoin pour ses études de sage-femme pour 100 $ de moins que si elle les avait achetés neufs.
«Je ne m'attendais vraiment pas à pouvoir les trouver, et ça a très bien fonctionné», raconte l'étudiante.
Allie MacIsaac, qui travaille dans les médias sociaux, soutient aussi que l'attrait principal de Facebook est Marketplace, ainsi que les groupes Facebook auxquels elle participe pour son quartier, la recherche d'emploi et les groupes «n'achetez rien» - où les gens publient des articles qu'ils veulent donner gratuitement.
Elle a donné des meubles sur le groupe «n'achetez rien» et, la semaine dernière, elle a trouvé une console d'entrée «parfaite» qui était donnée par un voisin. «C’est exactement ce que je cherchais, et trois heures après la publication sur Facebook, c’était chez moi.»
Elle remarque que ces groupes, surtout en période de crise financière, conduisent à «une résurgence de Facebook».
«Pour les gens de mon âge et peut-être les personnes au début ou au milieu de la vingtaine, il y avait une sorte de sentiment du genre: 'Oh, Facebook c'est pour nos parents'», note-t-elle. Beaucoup de ses collègues gravitaient vers Instagram, Snapchat ou TikTok.
«Mais maintenant, les gens l’utilisent pour trouver des affaires, pour établir des relations et chercher un emploi… Cela ramène tous les millénariaux là-bas.»
Lyndsay Armstrong, La Presse Canadienne