La petite-fille de Frank Stronach cherche des documents liés aux allégations

TORONTO — La petite-fille de l’homme d’affaires milliardaire Frank Stronach demande à un tribunal de l’Ontario d’ordonner à l’entreprise familiale de divulguer tout document pouvant exister concernant les plaintes pour inconduite sexuelle portées contre lui et les règlements impliquant les plaignantes.

Dans un récent dossier judiciaire, Selena Stronach affirme que la couverture médiatique des allégations d’agression sexuelle contre son grand-père suggère qu’il est probable que l’inconduite présumée «s’est produite dans l’environnement de l’entreprise et comprenait l’utilisation abusive des actifs de l’entreprise».

Ce dépôt est le dernier d’une bataille juridique en cours concernant la gestion du patrimoine du groupe Stronach et de la famille.

Un procès lancé par Selena Stronach en 2019 allègue que sa tante, Belinda Stronach – la fille de Frank Stronach et présidente, directrice générale ainsi que présidente de l’entreprise – et d’autres personnes ont mal géré les fiducies détenant les actifs de la famille pour leur propre bénéfice.

Un porte-parole du groupe Stronach a envoyé mercredi une déclaration au nom de Belinda Stronach, affirmant qu’elle s’opposerait à la motion et que «les fondements de l’opposition seront présentés au tribunal».

La déclaration aborde également les allégations contre son père, les qualifiant de «profondément troublantes», mais refusant de commenter davantage en raison du procès.

La société a publié le mois dernier une déclaration reconnaissant les accusations portées contre Frank Stronach et notant qu’il «n’a pas occupé de rôle formel ni été impliqué dans les opérations de l’entreprise à quelque titre que ce soit depuis plusieurs années».

Le groupe Stronach avait déclaré à l’époque qu’il ne ferait pas de commentaires supplémentaires sur les allégations criminelles, citant le procès.

Frank Stronach a été inculpé pour la première fois le mois dernier de cinq infractions sexuelles impliquant trois plaignantes, suivi peu après par huit autres accusations impliquant sept plaignantes.

Des documents judiciaires montrent que les accusations comprennent le viol, la tentative de viol, l’attentat à la pudeur, la séquestration et l’agression sexuelle, et concernent des incidents présumés remontant à 1977 et aussi récemment que cette année.

L’avocat de M. Stronach, Brian Greenspan, a déclaré que son client nie toutes les allégations portées contre lui et envisage de défendre «vigoureusement» sa réputation.

L’affaire pénale devrait revenir devant un tribunal de Brampton, en Ontario, début octobre.

Frank Stronach, 91 ans, est devenu l’une des personnes les plus riches du Canada en tant que fondateur du géant des pièces automobiles Magna, une entreprise qu’il a créée dans son garage en 1957. Il a également fondé The Stronach Group, une entreprise spécialisée dans les courses de chevaux, et Stronach International, en 2018, une entreprise axée sur les aliments biologiques et la «mobilité microélectrique».

M. Stronach a démissionné de son poste de président de Magna en 2011 et a fondé son propre parti politique dans son pays natal, l’Autriche, l’année suivante.

Le recours intenté par Selena Stronach indique que Frank Stronach a pris du recul par rapport au groupe Stronach en 2013 afin de se présenter aux élections en Autriche.

En conséquence, sa fille s’est davantage impliquée dans la gestion de l’entreprise et a été nommée fiduciaire de la totalité ou de la plupart des fiducies qui «servent de véhicules principaux» pour détenir les actifs de la famille et distribuer la richesse aux proches, indique la poursuite.

«Pendant des années, les défendeurs ont ignoré et violé à plusieurs reprises leurs obligations fiduciaires et ont géré et distribué des actifs sans aucune considération pour Selena, malgré ses intérêts bénéficiaires dans les fiducies», lit-on dans la requête.

Une déclaration de défense nie que Selena Stronach ait été maltraitée ou tenue dans l’ignorance concernant les finances de la famille.

«Les diverses allégations de Selena concernant la mauvaise gestion de TSG, le détournement de fonds, le manque d’informations et le manquement aux obligations fiduciaires sont sans fondement», indique le communiqué.

L’avis de motion de Selena Stronach indique que la déclaration de l’entreprise après que les allégations d’agression sexuelle contre son grand-père ont été révélées début juin «ne nie pas la connaissance préalable des allégations» portées contre lui.

«Étant donné l’absence de démenti de la part de TSG, il est probable qu’il existe des dossiers révélant un comportement répréhensible de la part de M. Stronach qui inclut des connaissances de l’entreprise et, potentiellement, une facilitation et une dissimulation.»

Les allégations n’ont pas encore été testées devant les tribunaux. Une audience sur la requête en divulgation est prévue au début du mois prochain.

Paola Loriggio, La Presse Canadienne