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La famille d'une victime enterrée dans une décharge demande des fouilles

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28 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

WINNIPEG — Albert Shingoose n'a jamais hésité à croire que la victime non identifiée d'un tueur en série de Winnipeg, surnommé Mashkode Bizhiki'ikwe, ou Buffalo Woman, était sa fille Ashlee.

Il quittait sa maison familiale de la Nation Anisininew de St. Theresa Point, dans le nord-est du Manitoba, pour se rendre dans la capitale provinciale afin de ratisser les rues dans l'espoir de retrouver sa fille.

Au fil des jours, des semaines et des mois, le père en est arrivé à la terrible conclusion que la jeune fille calme et attentionnée qu'il aimait était probablement une victime du tueur en série Jeremy Skibicki.

«J'ai su à un moment donné qu'Ashlee était Buffalo Woman», a témoigné Albert Shingoose jeudi.

Ses craintes ont été confirmées cette semaine lorsque des policiers de Winnipeg se sont rendus à St. Theresa Point pour annoncer à Albert et Theresa Shingoose que leur fille était bel et bien Buffalo Woman et que ses restes se trouvaient probablement au site d'enfouissement Brady.

La police a annoncé cette nouvelle mercredi lors d'un grand événement auquel ont participé des policiers, des enquêteurs, des dirigeants des Premières Nations et des représentants du gouvernement.

Albert et Theresa Shingoose devaient y assister, mais le mauvais temps les a contraints à rester chez eux. Ils ont plutôt regardé l'annonce en direct au bureau de la bande de la communauté, alors que le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, promettait que des recherches seraient menées dans la décharge pour retrouver sa dépouille.

Albert et Theresa Shingoose espèrent que les recherches commenceront bientôt.

«Nous devons tous travaillé pour la ramener à la maison», a déclaré Albert Shingoose.

«La décharge n'est pas un cimetière (…) Ce n'est le cimetière de personne. Nous ne sommes pas des ordures. Personne n'est un ordure.»

Ashlee Shingoose, 30 ans, a été vue pour la dernière fois près du centre-ville de Winnipeg en mars 2022. Jusqu'à présent, elle était connue sous le nom de Mashkode Bizhiki'ikwe, ou Buffalo Woman, un nom que lui avaient donné les membres de la communauté autochtone.

Elle était l'une des quatre femmes autochtones tuées en 2022 par Skibicki. Il a été condamné à la prison à vie l'année dernière. Le procès a révélé qu'il les avait ciblés dans des refuges pour sans-abri de Winnipeg et avait jeté leurs corps dans des poubelles de son quartier.

Il a admis les quatre meurtres, mais a plaidé non criminellement responsable en raison d'une maladie mentale. Un juge l'a finalement déclaré coupable de meurtre au premier degré.

Les restes de Rebecca Contois ont d'abord été découverts dans une poubelle du quartier de Skibicki et au site d'enfouissement Brady. Les restes de Morgan Harris et de Marcedes Myran ont récemment été retrouvés au site d'enfouissement de Prairie Green, au nord de Winnipeg.

La police pensait que la découverte d'ADN sur une veste qui deviendrait le point central de l'identification de Buffalo Woman finirait par être une impasse.

La veste appartenait à Ashlee Shingoose, selon la police, mais l'ADN provenait d'une autre personne. Cependant, les enquêteurs judiciaires ont trouvé l'ADN de la femme sur plusieurs objets qui se trouvaient au domicile de Skibicki à un moment donné.

Albert Shingoose a déclaré avoir entendu un employé d'un refuge pour sans-abri associer la veste à sa fille. Compte tenu de cela et du fait que sa fille avait disparu à peu près au même moment où la première victime de Skibicki avait été tuée, il a tout de suite pensé que Buffalo Woman était sa fille.

Ashlee a quitté sa maison surpeuplée de St. Theresa Point pour la ville dans l'espoir de trouver un logement pour elle et ses trois enfants, a rapporté Theresa Shingoose.

Elle a fréquenté de mauvaises personnes et les temps étaient durs, mais les enfants d'Ashlee Shingoose sont restés une part importante de sa vie, a ajouté Theresa.

C'est elle qui a été chargée d'annoncer à certains d'entre eux la mort de leur mère.

Elle a déclaré s'être appuyée sur sa foi pour traverser ces trois dernières années. «J'ai prié tout le temps», a-t-elle confié.

Pour la première fois depuis que Buffalo Woman a reçu son nom, les Shingoose ont rencontré l'une des grands-mères qui participaient à la cérémonie d'attribution du nom.

Ils ont offert du tabac à Thelma Morrisseau pour s'assurer que leur fille ne soit pas oubliée.

«Notre communauté l'a adoptée (...) Nous voulions qu'elle ait un nom parce qu'elle le méritait, parce qu'elle était importante», a déclaré Mme Morrisseau.

Brittany Hobson, La Presse Canadienne