L'opposition accuse Doug Ford d'avoir laissé l'Ontario dans l'incertitude
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Par La Presse Canadienne, 2024
La cheffe libérale de l'Ontario, Bonnie Crombie, accuse le chef progressiste-conservateur Doug Ford de ne pas avoir de plan alors que le Canada se prépare à une guerre commerciale avec les États-Unis.
M. Crombie a déclaré qu'elle soutenait la décision de M. Ford de retirer les produits américains des étagères de la LCBO mardi, alors que les tarifs de 25 % promis par le président américain Donald Trump sur les produits canadiens devraient entrer en vigueur.
«Il va retirer les marques américaines des étagères de la LCBO. OK, très bien, super. Je soutiens cela. Où est le reste du plan ? Où est la relance de nos industries ?», a déclaré Mme Crombie lors d'une étape de sa campagne à Ottawa.
«Les gens ont peur. Les gens sont en colère. Ils s'inquiètent de payer leur loyer et de mettre de la nourriture sur leur table aujourd'hui, et maintenant ils s'inquiètent aussi de perdre leur emploi. Il savait que cette menace allait arriver.»
La cheffe libérale a déclaré que le premier ministre Ford n'avait pas fait assez pour diversifier l'économie de l'Ontario et l'a accusé d'avoir abandonné la province pendant une crise majeure en déclenchant le vote anticipé du 27 février et en se concentrant sur sa campagne de réélection.
Elle a toutefois donné peu de détails sur la manière dont elle gérerait différemment la réponse tarifaire.
Comme M. Ford, Mme Crombie a indiqué qu'elle travaillerait en étroite collaboration avec le gouvernement fédéral. Elle a ajouté qu'il était temps d'éliminer les barrières commerciales interprovinciales — quelque chose que le premier ministre sortant a également préconisé.
«Il y a eu tellement d'obstacles, et celui-là est facile, a déclaré Mme Crombie. Je parie que cela va être réglé assez rapidement maintenant que nous sommes dans cette guerre tarifaire avec les États-Unis, mais c'est quelque chose qui se fait attendre depuis longtemps et les premiers ministres doivent vraiment s'asseoir et régler ce problème».
Elle a également fait écho à son appel précédent pour que l'Ontario déchire son accord de 100 millions $ avec Starlink, une entreprise appartenant à Elon Musk, allié de Donald Trump.
La cheffe du NPD, Marit Stiles, qui n’avait aucun événement public à son agenda dimanche, a publié sa propre déclaration critiquant le gouvernement Ford pour avoir signé l’accord, qui ajouterait un accès Internet haute vitesse dans le nord de l’Ontario.
«À un moment où Donald Trump et ses amis milliardaires menacent les moyens de subsistance des Canadiens, Doug Ford a cédé un contrat de plusieurs millions de dollars à Starlink d’Elon Musk, a-t-elle déclaré. Il est temps de trouver une solution canadienne.»
Revirement en pleine campagne électorale
La nouvelle selon laquelle Donald Trump met à exécution sa menace de tarifs a contrecarré les tentatives de l’opposition de mettre d’autres questions — comme l’accès aux médecins de famille, que Mme Crombie a soulevé devant l’hôpital Montfort dimanche — au premier plan de la campagne électorale.
Doug Ford a justifié le déclenchement des élections, qui se déroulent près d’un an et demi plus tôt que prévu, en disant qu’il avait besoin d’un mandat fort des Ontariens pour dépenser des dizaines de milliards de dollars en mesures de relance économique en réponse aux tarifs.
Mmes Crombie et Stiles ont toutes deux déclaré que son gouvernement majoritaire avait déjà le mandat nécessaire pour diriger la province et qu'ils auraient appuyé les mesures de relance. Elles ont exprimé des inquiétudes quant aux mesures qu'il pourrait prendre pendant une campagne électorale.
Le premier ministre ontarien a insisté samedi sur le fait qu'il pouvait toujours agir en tant que premier ministre en exercice pendant sa campagne. Ses deux voyages à Washington, ce mois-ci, seront payés par le Parti conservateur, a-t-il déclaré.
Il a éludé les questions sur la capacité de son gouvernement intérimaire à répondre pleinement aux tarifs. Mais il a déclaré que c'était la décision de l'électorat d'aller de l'avant avec ses mesures proposées, y compris un plan d'infrastructure de 22 milliards $ qui, selon lui, serait mis en œuvre quelle que soit la politique américaine.
Doug Ford n'avait pas d'événements de campagne prévus dimanche, mais a commencé la journée en s'engageant à cesser de vendre environ 1 milliard $ par an de produits américains à la LCBO.
D'autres provinces, dont la Colombie-Britannique, le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador, retirent également des étagères l'alcool du sud de la frontière.
Les produits alcoolisés américains seront assujettis à des droits de douane de 25 % en guise de représailles, qui font partie d'une longue liste publiée dimanche par le gouvernement fédéral.
— Avec des informations de David Baxter à Ottawa.
Maan Alhmidi, La Presse Canadienne