L'Europe réitère son soutien à l’Ukraine après une confrontation avec Trump
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Par La Presse Canadienne, 2024
Les dirigeants européens se sont engagés vendredi soir à soutenir l'Ukraine à la suite de la réunion controversée dans le Bureau ovale entre le président américain Donald Trump, le vice-président JD Vance et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, avec leurs déclarations en faveur de leur voisin du continent, ils creusent encore davantage le fossé transatlantique.
Les dirigeants européens ont déjà été ébranlés par le discours de JD Vance à la Conférence de Munich sur la sécurité il y a deux semaines, dans lequel il leur a fait la leçon sur l'état de leur démocratie. Alors que les premiers ministres et les présidents de tout le continent se sont précipités pour réagir, ils ont tenu une série de sommets d'urgence pour discuter de la sécurité.
Un autre sommet majeur est prévu dimanche à Londres, organisé par le premier ministre britannique Keir Starmer. Plus d'une douzaine de dirigeants européens et de l'UE, dont le président Zelensky, se réuniront pour une réunion destinée à faire avancer l'action sur l'Ukraine et la sécurité.
La majorité des commentaires des dirigeants, vendredi, n'ont pas mentionné Donald Trump ou JD Vance, mais ont plutôt cherché à assurer l'Ukraine de leur soutien alors que la guerre avec la Russie entre dans sa quatrième année. Le président Zelensky a republié leurs commentaires sur X, en écrivant «merci pour votre soutien» à chacun — probablement une pique à l’administration Trump.
Au cours de la réunion extraordinaire de vendredi à Washington, Donald Trump a réprimandé le président ukrainien après que JD Vance, l’une des voix les plus sceptiques de l’administration sur l’Ukraine, a déclaré qu’il manquait de respect pour avoir débattu avec le locataire de la Maison-Blanche devant les médias américains dans le Bureau ovale.
«Avez-vous dit 'merci' une fois?» a demandé JD Vance au président Zelensky.
Le président ukrainien prié de partir
Le président ukrainien a déclaré à quatre reprises au cours de leur échange qu’il était reconnaissant ou qu’il avait déjà exprimé ses remerciements.
Donald Trump a ensuite annulé la signature d’un accord sur les minéraux qui, selon lui, aurait rapproché l’Ukraine de la fin de sa guerre avec la Russie. M. Zelensky a quitté la Maison-Blanche peu de temps après que Donald Trump lui a crié dessus, montrant un dédain explicite. La Maison-Blanche a déclaré que la délégation ukrainienne avait été priée de partir.
Un haut responsable ukrainien a déclaré que le président Zelensky s’était entretenu avec le président français Emmanuel Macron, le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, et le président du Conseil européen, António Costa, après avoir quitté la Maison-Blanche, décrivant toutes les conversations comme «favorables» au dirigeant ukrainien. Le responsable, qui connaît bien le sujet, a demandé l’anonymat, car il n’était pas autorisé à commenter publiquement.
La première ministre italienne, Giorgia Meloni, a cependant proposé «un sommet immédiat» entre les États-Unis et les alliés européens «pour parler franchement de la manière dont nous entendons faire face aux grands défis d’aujourd’hui, à commencer par l’Ukraine». Elle a exhorté l’Occident à rester uni.
«Chaque division de l’Occident nous rend tous plus faibles et favorise ceux qui voudraient voir le déclin de notre civilisation, a-t-elle déclaré. Une division ne profiterait à personne.»
Soutien de l'Europe au président ukrainien
Certains messages sur X étaient dirigés vers le président Zelensky. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lui a dit: «Votre dignité honore la bravoure du peuple ukrainien. Soyez fort, soyez courageux, soyez sans peur. Vous n’êtes jamais seul, cher président».
Et Friedrich Merz, le prochain chancelier allemand, a écrit : «Cher Volodymyr Zelensky, nous soutenons l’Ukraine dans les bons comme dans les mauvais moments. Nous ne devons jamais confondre agresseur et victime dans cette terrible guerre.»
La victoire du parti de Friedrich Merz dimanche aux élections nationales allemandes a permis à l’Ukraine de disposer d’un soutien encore plus fort dans le plus grand pays de l’Union européenne. M. Merz a promis pendant la campagne d’unifier l’Europe face aux défis de la Russie et des États-Unis.
Mais Alice Weidel, co-dirigeante du parti d’extrême droite anti-immigrés Alternative pour l’Allemagne (AfD) et l’une des rivales de Friedrich Merz, a écrit «Historique. Trump & Vance !» sur X avec un lien vers une vidéo de la réunion. La plateforme de l’AfD appelle à la levée immédiate des sanctions contre la Russie et s’oppose aux livraisons d’armes à l’Ukraine.
Mme Weidel a également rencontré JD Vance à Munich. Le premier ministre hongrois Viktor Orbán a félicité Donald Trump pour sa conduite dans le Bureau ovale, accusant le président ukrainien de travailler contre la paix dans son propre pays.
«Les hommes forts font la paix, les hommes faibles font la guerre, a écrit le premier ministre Orbán sur X. Aujourd’hui, le président Donald Trump a courageusement défendu la paix. Même si cela a été difficile à digérer pour beaucoup. Merci, Monsieur le Président !»
Viktor Orbán est un soutien constant du Kremlin et s’est montré ouvertement hostile à l’Ukraine voisine. Après avoir remporté les dernières élections hongroises en 2022, moins de six semaines après l’invasion à grande échelle de la Russie, il a cité M. Zelensky comme l’un des adversaires qu’il avait vaincus lors de la campagne.
Pendant ce temps, en Estonie, pays limitrophe de la Russie, le ministre des Affaires étrangères, Margus Tsahkna, a déclaré que le seul obstacle à la paix était la décision du président russe Vladimir Poutine de poursuivre la guerre.
«Il est temps que l’Europe s’engage, a déclaré M. Tsahkna dans un communiqué. Nous n’avons pas besoin d’attendre qu’autre chose se produise ; l’Europe dispose de suffisamment de ressources, y compris les avoirs gelés de la Russie, pour permettre à l’Ukraine de continuer à se battre.»
Le premier ministre suédois, Ulf Kristersson, a rappelé à l'Ukraine les enjeux pour les pays nordiques et baltes, et d'autres, si l'agression russe se propage.
«Vous ne vous battez pas seulement pour votre liberté, mais aussi pour celle de toute l'Europe», a écrit M. Kristersson sur X. Des responsables européens d'Autriche, de République tchèque, du Danemark, de Finlande, de France, de Lettonie, de Lituanie, de Norvège, de Pologne et d'Espagne, entre autres, ont également offert leur soutien à l'Ukraine.
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Blann a fait son reportage depuis Kyiv. Justin Spike, journaliste à l'Associated Press à Kyiv, a contribué au reportage.
Stefanie Dazio et Susie Blann, The Associated Press