L'ancien président des droits de la personne Birju Dattani poursuit pour diffamation
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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Un avocat spécialisé dans les droits de la personne, dont le mandat à la tête de la Commission canadienne des droits de la personne a pris fin avant même d'avoir réellement commencé, poursuit une politicienne conservatrice, une personnalité médiatique et le Centre consultatif des relations juives et israéliennes pour diffamation.
Lors d'une conférence de presse jeudi, Birju Dattani a parlé des poursuites qu'il a intentées contre la cheffe adjointe conservatrice Melissa Lantsman, la personnalité médiatique Ezra Levant et le groupe de défense des droits juifs Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) pour des déclarations faites à son sujet sur les médias sociaux l'année dernière.
L'une des accusés a avancé que les allégations de M. Dattani étaient «sans fondement».
Birju Dattani a été nommé président de la Commission par le ministre de la Justice Arif Virani en juin 2024 et devait devenir la première personne musulmane et racialisée à occuper ce poste.
Il a toutefois démissionné juste avant de prendre ses fonctions en août après que le CIJA et d'autres ont déclaré qu'il avait fait des commentaires anti-israéliens, y compris certains sous un nom différent, qui n'avaient pas été signalés lors du processus de vérification.
Le CIJA avait mentionné dans un communiqué du 27 juin sur son site Internet que la nomination de M. Dattani était «très préoccupante». L'organisation avait indiqué que «ses liens avec des individus liés à des groupes terroristes et ses antécédents de déclarations et d'activités antisémites démontrent qu'il n'est pas apte à occuper ce poste critique».
Le ministre Virani avait fait appel à un cabinet d'avocats pour enquêter sur les plaintes et rédiger un rapport, qui indique que l'enquête n'a trouvé aucune indication que M. Dattani avait des croyances antisémites, mais a conclu qu'il avait omis le nom «Mujahid Dattani» de son formulaire de vérification des antécédents.
Dans une lettre adressée à M. Virani, M. Dattani avait nié que son omission de divulguer le nom était intentionnelle et avait déclaré qu'on ne lui avait demandé que son prénom sur la demande.
Après avoir reçu le rapport d'enquête, le ministre avait souligné dans une lettre adressée à M. Dattani que les résultats soulevaient de sérieuses inquiétudes quant à sa franchise pendant le processus de nomination.
Des attaques en ligne
Birju Dattani affirme que les trois accusés ont continué à l'attaquer en ligne après la fin de l'enquête.
En août 2024, Melissa Lantsman s'est saisie de X pour demander une enquête sur la manière dont M. Dattani a été embauché. Dans une autre publication sur les réseaux sociaux, elle l'a qualifié d'«antisémite».
Ezra Levant, le fondateur de Rebel News, a qualifié M. Dattani de «sympathisant du Hamas» et d'«extrémiste islamique» sur les médias sociaux.
Birju Dattani a demandé des dommages et intérêts généraux — 500 000 $ contre Mme Lantsman, 650 000 $ contre M. Levant et 450 000 $ contre la CIJA — des dommages et intérêts aggravés d'un montant de 150 000 $ chacun de la part des accusés, et des dommages et intérêts spéciaux d'un montant à déterminer avant le procès. Il a également demandé des déclarations indiquant que les accusés l'avaient diffamé.
Dans un communiqué de presse, Birju Dattani a expliqué avoir fait l'objet d'une «campagne de diffamation en ligne et dans les médias, qui l'a grossièrement dépeint comme un partisan antisémite du terrorisme» peu après sa nomination. Le communiqué indique que, malgré les conclusions de l'enquête, «les attaques vicieuses en ligne se poursuivent de la part des personnes nommées dans les poursuites».
Le bureau de Mme Lantsman a affirmé dans un communiqué envoyé à La Presse Canadienne que «la controverse entourant la nomination de M. Dattani par le gouvernement libéral est une affaire publique. Mme Lantsman se défendra vigoureusement contre ces allégations sans fondement».
Richard Marceau, vice-président des affaires externes et avocat général au Centre consultatif des relations juives et israéliennes, a avancé dans un communiqué aux médias que «nous avons reçu la déclaration de réclamation et l'examinons. Ce que nous avons dit est fondé et factuel».
Ezra Levant a soutenu dans un communiqué que la poursuite est «une tentative de faire taire les critiques politiques légitimes d'une personne publique sur une question d'intérêt public».
«Les propres paroles et actions de M. Dattani sont ce qui a détruit sa réputation, et c'est pourquoi les libéraux l'ont laissé partir — pas nos critiques à son égard», a-t-il indiqué.
Lors d'une conférence de presse sur la colline du Parlement jeudi, M. Dattani a déclaré que la «campagne» contre lui avait causé des «dommages graves et potentiellement irréparables» à sa réputation.
«Cela a eu un impact sur ma santé mentale et physique. Cela a également affecté ma famille et mes proches, a-t-il déclaré. Je prends cette mesure aujourd'hui pour rétablir ma réputation et demander des comptes pour les dommages qui ont été causés à moi et à mes proches.»
Birju Dattani a mentionné qu'il avait fait appel à la collecte de fonds participative pour aider à payer le processus judiciaire.
Il a souligné qu'il continuerait à lutter contre l'antisémitisme, l'islamophobie, le racisme antipalestinien et toutes les formes de haine et de sectarisme.
L'avocate de M. Dattani, Alexi Wood, a déclaré qu'il n'y avait pas encore eu de réponse officielle des accusés.
Elle a ajouté qu'il ne pouvait pas dire si une action en justice future pourrait être intentée contre le gouvernement fédéral.
— Avec des informations de David Baxter
Catherine Morrison, La Presse Canadienne