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L'affaire d'extradition d'un suspect terroriste de New York est devant le tribunal

durée 14h35
17 janvier 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Une audience d'extradition a été fixée en février pour un ressortissant pakistanais arrêté au Québec après avoir prétendument comploté afin de tuer des Juifs à New York pour le compte de l'État islamique.

Muhammad Shahzeb Khan, 20 ans, emprisonné depuis son arrestation le 4 septembre à Ormstown, au Québec, est recherché par les autorités américaines pour être jugé. Les autorités américaines ont accusé M. Khan d'avoir tenté de fournir un soutien matériel et des ressources à une organisation terroriste. Le Canada a accepté de le faire extrader.

Khan a comparu vendredi lors d'une brève audience à Montréal, où la date de sa prochaine audience a été déterminée au 20 février. Il portait un pantalon noir et une doudoune noire, les mains menottées devant lui. On ne lui a pas demandé de parler, mais il a brièvement consulté son avocat.

Les autorités américaines et canadiennes allèguent que Khan était en route pour perpétrer une fusillade de masse dans un centre juif de Brooklyn vers le 7 octobre afin de marquer le premier anniversaire de l'attaque du Hamas contre Israël.

Avant son arrestation, Muhammad Shahzeb Khan vivait à Mississauga, en Ontario, selon des documents judiciaires. Le ministre fédéral de l'Immigration, Marc Miller, a déclaré que l'accusé était arrivé au Canada en juin 2023 muni d'un visa étudiant accordé en mai de la même année.

Selon les documents déposés par le procureur américain résumant l'affaire contre Khan, le FBI a eu connaissance de l'accusé après qu'un informateur rémunéré a observé ses réflexions pro-État islamique sur Facebook en octobre 2023. Le 8 octobre de cette année-là, un message d'un «Shahzeb Jadoon» citait un partisan du djihad saoudien. Plus tard dans le mois, le même utilisateur a publié une photo d'une arme démontée et a appelé à l'unité entre les musulmans.

Après un message publié en novembre 2023, l'informateur a commencé à discuter avec Jadoon, qui a mentionné être un ressortissant pakistanais vivant au Canada. Ils ont déplacé leurs conversations en ligne sur une plateforme cryptée — non nommée dans les documents judiciaires américains — après que Khan a exprimé ses inquiétudes quant à son identification par le FBI. Il aurait envoyé à l'informateur un certain nombre de vidéos de l'État islamique et un livre électronique au format PDF contenant une histoire détaillée du groupe terroriste.

«Ce livre est tellement bénéfique, aurait écrit Khan. Lire ce livre me donne une poussée d'adrénaline.»

Il ignorait que ses discussions avec l'informateur sur le réseau crypté étaient documentées et sous la direction du FBI.

Les autorités ont par la suite identifié la personne qui contrôlait le compte comme étant Muhammad Shahzeb Khan. Le 21 mars 2024, elles ont fourni à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) des adresses IP de l'Ontario, des comptes de médias sociaux et un numéro de téléphone pakistanais, tous prétendument liés à l'accusé. En août, la GRC a indiqué aux autorités américaines qu'elle avait identifié Khan et ouvert une enquête criminelle à son encontre.

Une attaque planifiée

Les autorités américaines ont découvert qu'il avait participé à une discussion de groupe pro-État islamique qui discutait de la manière de mener des attaques coordonnées aux États-Unis, au Pakistan et en Inde, entre autres. Deux agents infiltrés faisaient partie de cet échange, se faisant passer pour des compagnons de voyage.

En juillet 2024, Khan aurait commencé à discuter de la création d'une «véritable cellule hors ligne» de partisans de l'État islamique et aurait mentionné à un agent infiltré qu'il «avait déjà commencé à planifier une attaque» contre des «Juifs sionistes». Au cours des jours suivants, il a commencé à élaborer son plan pour mener une fusillade de masse à l'aide de fusils de type AR.

Après que la GRC a déjoué à Toronto le complot de meurtre d'un père et de son fils, inspiré par l'État islamique, Khan aurait dit aux membres du groupe de discussion qu'ils devaient «se faire discrets, pas de médias sociaux» et que la cellule «devrait être petite et bien armée». Ahmed Fouad Mostafa Eldidi, 62 ans, et son fils, Mostafa Eldidi, 26 ans, ont été arrêtés à Richmond Hill, en Ontario, le 28 juillet 2024, et font face à neuf accusations de terrorisme, dont complot en vue de commettre un meurtre au nom du groupe terroriste État islamique d'Irak et du Levant.

Après les deux arrestations, Khan a toutefois poursuivi son plan et a été enregistré en train d'encourager les gens du groupe de discussion à se procurer des fusils de type AR, des munitions, des chargeurs, des étuis, des bottes et d'autres matériaux nécessaires pour les «kits». À la mi-août, il a expliqué à l'agent qu'il se préparait à quitter son appartement et à commencer son voyage vers les États-Unis, après l'avoir organisé avec un passeur d'êtres humains. Le 21 août, il a décidé que la ville de New York, avec sa grande population juive, serait sa cible.

«Frères (…) nous allons à New York pour les massacrer», aurait-il écrit.

M. Khan est monté dans un véhicule à Toronto vers 5 h 40 le 4 septembre et a changé de voiture à Napanee, en Ontario, puis à nouveau à Montréal avant d'être arrêté vers 14 h 45 à Ormstown.

L'avocat de Khan au Canada, Gaétan Bourassa, a déclaré que l'affaire contre son client équivalait à un piège.

Me Bourassa a avancé vendredi que son client était au courant des preuves contre lui. Les extraditions sont difficiles à contester, a-t-il ajouté, car l'autre partie doit seulement prouver que l'accusé a été correctement identifié et qu'il existe suffisamment de preuves pour porter l'affaire devant le tribunal.

Morgan Lowrie, La Presse Canadienne