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L'accord sur l'hydrogène avec l'Allemagne attend les verdicts d'Ottawa et Bruxelles

durée 17h24
20 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Un accord visant à exporter de l'hydrogène vert canadien vers l'Allemagne attend la décision définitive d'Ottawa sur le financement et le verdict des régulateurs européens quant à la concurrence adéquate.

Le Canada et l'Allemagne ont fait grand bruit en signant un accord sur l'hydrogène en août 2022, et l'ancien premier ministre Justin Trudeau et le chancelier allemand sortant Olaf Scholz se sont rendus sur la côte ouest de Terre-Neuve pour finaliser l'accord.

En juillet dernier, le Canada et l'Allemagne ont conjointement promis 600 millions $ pour le projet. Affaires mondiales Canada a précisé que cet argent visait à «aider les entreprises canadiennes à accéder aux marchés allemands» et à «garantir à l'Allemagne l'accès à des produits énergétiques propres à prix compétitifs» en provenance du Canada.

Un directeur général d'Affaires mondiales Canada a déclaré le mois dernier que le projet pourrait nécessiter davantage de fonds. «Certaines décisions de financement doivent être prises», a expliqué Stéphane Lessard, directeur général par intérim des Affaires européennes d'Affaires mondiales Canada, lors d'un panel sur le commerce germano-canadien le 26 février.

«Le gouvernement demeure engagé dans cette démarche et nous attendons avec impatience les progrès de cette importante initiative.»

Le ministère n'a pas précisé si cela signifie que le projet nécessite des votes de dépenses au Parlement – le Parlement a été bloqué l'automne dernier par une obstruction conservatrice sur les dépenses gouvernementales et a été prorogé par M. Trudeau le 9 janvier.

La Chambre des communes doit reprendre ses séances le 24 mars, mais le déclenchement d'élections est largement attendu la veille. Une campagne électorale retarderait tout vote de la Chambre sur le financement au moins jusqu'en mai.

Le projet pourrait s'appuyer sur des dépenses déjà approuvées. Affaires mondiales Canada a transmis les questions à Ressources naturelles Canada, qui n'a pas répondu à la question de savoir si le projet nécessite des votes de dépenses au Parlement.

Le projet a également besoin d'un processus d'enchères concurrentiel pour permettre aux entreprises canadiennes de soumissionner pour le droit d'approvisionner l'Europe en hydrogène propre. Cet hydrogène serait ensuite vendu aux enchères aux acheteurs, un modèle censé faire baisser son coût.

Les prix actuels de l'hydrogène sont trop élevés pour concurrencer d'autres formes d'énergie. Le Canada et l'Allemagne ont donc convenu d'un processus visant à les faire baisser.

Garantir la concurrence et accélérer la production

Affaires mondiales Canada a annoncé en juillet dernier prévoir que le processus d'enchères serait lancé d'ici la fin de 2024, après un examen par la Commission européenne des paramètres proposés. L'enchère n'a toujours pas eu lieu.

L'ambassadrice d'Allemagne au Canada, Tjorven Bellmann, a déclaré lors de la réunion du 26 février que le projet progressait, mais que les régulateurs européens devaient «s'assurer que le cadre offre une concurrence suffisante, et c'est un point qui doit être clarifié avec la partie canadienne».

La porte-parole de Ressources naturelles Canada, Maria Ladouceur, a assuré qu'Ottawa avait répondu à toutes les questions de l'Europe.

«L'examen par la Commission européenne des paramètres proposés pour les enchères a été lancé en septembre 2024. Le Canada a activement soutenu l'Allemagne pour faire avancer rapidement ce processus et a fourni toutes les informations demandées à ce jour», a-t-elle écrit dans un courriel à La Presse canadienne.

«Ressources naturelles Canada est convaincu, compte tenu des nombreux projets en développement et de leur importante capacité de production, que le guichet bilatéral H2Global générera une concurrence importante de la part des producteurs canadiens.»

Le porte-parole de la Commission européenne pour la concurrence, Luuk de Klein, n'a pas précisé si le Canada avait répondu à toutes les questions, mais a plutôt indiqué que le rôle de la Commission était de vérifier si les projets bénéficiant d'un financement public entraînaient une concurrence déloyale sur le marché de l'Union européenne pour les entreprises non subventionnées.

«Le contrôle des aides d'État garantit que l'argent public, déjà limité, est dépensé judicieusement et que les fonds publics n'entravent pas les dépenses privées», a écrit M. de Klein dans un courriel à La Presse canadienne.

En vertu de l'accord, le Canada est en grande partie responsable de l'accélération de la production d'hydrogène, tandis que l'Allemagne se concentrera principalement sur la création d'un corridor maritime pour le transporter à travers l'Atlantique.

La stratégie allemande pour l'hydrogène prévoit de remplacer ses centrales au charbon par de l'hydrogène au cours des 15 à 20 prochaines années. L'Allemagne doit importer la majeure partie de cet hydrogène.

Ce changement s'inscrit dans le cadre des efforts déployés par Berlin pour se défaire de l'énergie russe en réponse à la guerre de Moscou contre l'Ukraine.

L'hydrogène vert est généralement considéré comme la forme d'hydrogène la plus respectueuse du climat ; il est extrait de l'eau par électrolyse alimentée par de l'électricité renouvelable. Plusieurs projets d'extraction d'hydrogène ont été proposés au Canada atlantique, impliquant la construction de nouveaux parcs éoliens pour produire de l'hydrogène vert.

L'hydrogène peut également être produit à partir de gaz naturel, mais ce procédé produit des gaz à effet de serre. Si ces gaz à effet de serre sont libérés dans l'atmosphère, le produit est appelé hydrogène gris. Si ces gaz à effet de serre sont captés et stockés par capture du carbone, le produit est appelé hydrogène bleu. L'Allemagne ne souhaite généralement que de l'hydrogène vert.

Dylan Robertson, La Presse Canadienne