Intervention efficace pour soulager le stress des aînés
Temps de lecture :
3 minutes
Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Le stress est plus présent qu'on ne pourrait le croire parmi les aînés et le problème peut avoir un impact important sur leur santé, explique une chercheuse qui a mis au point une intervention qui semble en mesure de les aider.
Le programme O’stress aurait notamment permis de faire diminuer le cortisol ― l’hormone du stress ― de façon significative et durable chez les personnes âgées qui l’ont expérimenté.
«En cours de vieillissement, il y a des changements sur le plan physiologique qui affectent la capacité de la personne à gérer son stress et ça va affecter plusieurs autres systèmes dans son corps, a expliqué Marie-Josée Richer, qui est chargée de cours à l’École de psychoéducation de l'Université de Montréal.
«Donc il y a plus de risques de dépression, d'anxiété, de problèmes cardiovasculaires, ça peut affecter la mémoire, donc il y a vraiment une liste de conséquences quand même importantes, puis c'est pour ça que c'est important de casser (le stress).»
L'étude a été menée auprès de 170 sujets âgés, en moyenne, de 76 ans. Les chercheurs ont constaté que ceux qui avaient participé au programme O'stress présentaient, trois semaines plus tard, une «augmentation significative» des stratégies de résolution de problèmes et une diminution de l’anxiété.
De plus, les niveaux de cortisol diurnes, qui sont des indicateurs de stress chronique, ont été réduits de manière notable. Cet écart s’est maintenu entre le groupe expérimental et le groupe de comparaison trois mois après l’intervention.
«C'est quand même plutôt rare qu'on arrive à démontrer qu'une courte intervention comme ça, de seulement quelques semaines, peut avoir des impacts sur le plan physiologique, a dit Mme Richer. Là, on a été capables de démontrer que oui, on arrivait à avoir une réduction de cortisol après l'intervention.»
Le programme O’stress est issu des travaux de doctorat de Marie-Josée Richer. Il trouve ses origines dans le programme «Dé-stresse et Progresse», qui a été créé à l’origine pour aider les adolescents à faire face au stress lié à la transition vers le secondaire.
Mme Richer a adapté le programme aux besoins spécifiques des aînés, en intégrant des éléments liés au vieillissement et aux relations sociales. Elle a accordé une attention particulière à ce qu'on appelle la «contagion émotionnelle», qui consiste essentiellement à se laisser envahir par les émotions de quelqu'un d'autre.
Une étude récente de l'Université de Montréal a récemment démontré que la contagion émotionnelle influence de manière significative la détresse psychologique chez les personnes âgées.
«C'est un élément qui peut être important quand on est dans une relation d'aide, a dit Mme Richer. Par exemple, quand on déménage dans une résidence pour personnes âgées et qu'on a beaucoup de contacts avec les autres.»
Réunis en petit groupe, les participants apprivoisaient les sensations du stress et apprenaient à dépenser cette énergie en bougeant au rythme de la chanson Twist and Shout des Beatles, a-t-on expliqué par voie de communiqué. «On a été étonnés par la réponse, a avoué Mme Richer. Il y avait des centaines de personnes qui se présentaient aux conférences.»
Les participants avaient aussi l’occasion d’analyser leur réseau social afin d'identifier les sources de soutien, de pression ou de contagion de stress.
«On va se l'avouer, on a un peu des idées préconçues par rapport au stress, a dit Mme Richer. On associe beaucoup le stress à la charge, sur le plan professionnel ou sur le plan familial. On a cette idée que lorsqu'on arrive à la retraite, on ne devrait plus nécessairement être stressé, mais ce n'est pas le cas. Les stresseurs changent, ils évoluent avec les différents contextes de vie.»
Et même après l'intervention, s'est réjouie Mme Lupien, des participants ont pris l'initiative de continuer à se rencontrer une fois par mois pour discuter et trouver des stratégies pour gérer leur stress. «C'est une belle réussite», a-t-elle dit.
L’équipe de recherche espère étendre ce programme et évaluer son efficacité dans d’autres contextes et populations. Ces travaux pourraient également inspirer des interventions similaires dans le domaine de la santé mentale et du vieillissement.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical Frontiers in Psychology.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne